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Notes d'Itinérances
6 janvier 2023

Architectures modernes à Flaminio (5/12). La bataille du Ponte Milvius - Le Palazetto dello sport.

Santa Croce et la victoire de Constantin contre Maxence - Une coupole pour les sportifs

 

 

En sortant du MAXXI, la via Guido Reni, permet de rejoindre, à gauche, le petit Palais des sports et le Parc de la musique. C’est aussi l’occasion de passer devant l’église Santa-Croce a via Flaminia dont l’architecture 1900, imitant une basilique romaine, n’offre aucun intérêt. Mais, elle marque un lieu historique important : selon la tradition, l’empereur Constantin y aurait fait sonner les trompettes pour annoncer la fin des persécutions contre les Chrétiens. Car, au Nord de cette boucle du Tibre, s’est livrée une bataille décisive, le 28 octobre 312, entre les armées de Constantin et de Maxence dans une de ces nombreuses guerres de succession pour l’accès au trône des Césars. 

 

La tradition chrétienne affirme que, la veille de la bataille, en plein jour, une croix serait apparue dans le ciel avec une inscription « Par ce signe, tu vaincras » et que Constantin aurait fait un songe, dans la nuit du 27, lui enjoignant de faire apposer une croix sur les boucliers de ses légionnaires. Constantin obéit, et engage la bataille. Alors que Maxence se replie vers Rome en traversant un pont mobile de bateaux, ses ingénieurs pris de panique sectionnent les attaches de celui-ci. Maxence et plusieurs centaines de ses soldats se noient. Les récits fondateurs des révélations divines, l’apparition en plein jour de la croix puis le songe de Constantin, ont été rédigés par des proches de Constantin quelques années après les évènements. Les témoins païens de la bataille ne font pas état de ces manifestations divines chrétiennes sinon pour, à contrario, diviniser Constantin lui-même selon une tradition romaine [1] ! Rien ne semble manifester une conversion brutale de Constantin au christianisme lors de la bataille du Ponte Milvio, alors que son adhésion à la nouvelle religion semble progressive.

 

« Tolérer la religion nouvelle, puis lui faire une juste place parmi les autres cultes de l'Empire, puis la favoriser mais sans exclure le paganisme, enfin, par une préférence affichée, tenter de l'imposer au détriment de celui-ci, tel a été, semble-t-il, le cheminement d'une conscience, religieuse mais aussi politique » [2].

 

L’attribution des XVIIe Jeux Olympiques d’été, en 1960, à la ville de Rome fut l’occasion de nouvelles transformations urbaines pour le quartier où s’édifièrent le village olympique, pour loger les athlètes, et des infrastructures sportives comme le Petit Palais des Sports pour accueillir les disciplines du basket et de la boxe, le stade Flaminio pour le foot et, de l’autre côté du Tibre, le stade olympique pour l’athlétisme. Le bâtiment à l’architecture la plus spectaculaire est celle du palazetto dello sport (1956 / 57) de Pier Luigi Nervi, assisté de l'architecte Annibale Vitellozzi (coupable de la façade de la gare de Termini !). Nervi n’est pas inconnu des Parisiens puisqu’il est un des trois architectes, avec Zehrfuss et Breuer, du Palais de l’UNESCO. 

 

Le petit palais des sports (photo) est conçu pour des compétitions sportives en salle, de moyenne ampleur, avec une capacité de 4 000 places assises qui peut être portée à 5 000 pour les matchs de boxe ou de catch. C’est un bâtiment circulaire, coiffé d’un dôme aplati, en voûte mince (25 mm), composé de 1 620 éléments préfabriqués en béton armé et supporté par 36 poutres en forme de Y disposées tout autour du dôme et inclinées de façon tangentielle pour supporter les poussées axiales. Pour éviter les déformations, elles traversent une seule et unique poutre circulaire en béton armé qui ceint la base du dôme. Avec ce dispositif, le dôme central est surbaissé, trois fois plus large (60 mètres) que haut. Mais cela permet aussi d’avoir un ruban continu de fenêtres sous le dôme puisqu’elles ne sont pas situées dans un mur porteur. La finesse des poutres en Y et l’éclairage naturel circulaire permettent à la lumière d’entrer largement mais aussi de donner l’impression, à l’intérieur, que le dôme flotte au-dessus des baies vitrées. A l’intérieur (qui ne se visite pas, sauf pour être spectateur ou acteur d’une compétition sportive), le dôme est composé de losanges, formant de longues nervures diagonales jouant avec la lumière naturelle. Le dôme surbaissé, sa surface interne en relief, le tout complété par un oculus central (bien que couvert), renvoient bien évidemment à la référence du Panthéon soulignant ainsi la continuité des références culturelles et artistiques. 

 


[1] Gérard Nauroy. « Constantin au pont Milvius ou la naissance d’un mythe ». Académie nationale de Metz. 2008.

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