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Notes d'Itinérances
1 juin 2023

Campitelli - Le tour du Forum (3/25). La place Aracoeli et l'escalier de Santa Maria in Aracoeli.

La fontaine de della Porta - La Scalinata - Cola di Rienzo 

 

 

Fuyons le tas de pierres prétentieux du Vittoriano devant lequel quelques légionnaires romains en cuirasse dorée battent le pavé [1]. La discipline se relâche dans la légion, car les uniformes laissent à désirer : celui-là arbore un collant dont je ne savais pas qu’il constituait l’habillement des légionnaires, cet autre porte des galigae non réglementaires décorées de trois bandes blanches. Ce relâchement s’expliquerait-il par l’origine des nouveaux conscrits lesquels semblent issus des frontières extrêmes de l’est de l'Empire, quelque part du côté de l’Indus ?

 

Au pied de la colline du Capitole, l’escalier de gauche, la Scalinata, monte vers l’église Santa Maria in Aracoeli (photo). Il aurait été construit pour remercier la Vierge d'avoir épargné la ville d’une épidémie de peste. Cola di Rienzo (1313 / 1354), devenu tribun de la ville, aurait inauguré l’escalier. Une statue le représentant est située sur son côté droit, à l’emplacement où il aurait été assassiné ensuite par le peuple romain dont le mécontentement avait été attisé par la famille noble des Colonna [2]. L’érection de cette statue, en 1877, n’est pas sans lien avec celle de Giordano Bruno sur la Piazza du Campo dei Fiori (1889). Comme Giordano Bruno, Di Rienzo est représenté la tête couverte d’un capuchon, l’air sombre. Au XIXe siècle, Cola di Rienzo était considéré comme un précurseur du Risorgimento et de l’unité italienne en ayant lutté contre la puissance des grandes familles nobles, notamment les Colonna et les Orsini, en ayant participé à rétablir la sécurité dans Rome, mais aussi en s’étant efforcé de restaurer l'autorité de Rome sur les villes et les provinces italiennes. Il symbolise tout à la fois le tribun au service du peuple, l’unité italienne et une Rome mythique et idéalisée. Sur l’escalier du Capitole, Cola di Rienzo aurait fait élever un petit obélisque égyptien, découvert dans les ruines antiques, comme symbole de la liberté romaine retrouvée face aux familles nobles. L’obélisque aurait été déposé, en 1542, non loin du petit cimetière de l'Aracoeli afin de faire place au grandiose projet du pape Paul III Farnèse (1534 / 1549) du majestueux escalier (cordonata capitolina) d’accès au Capitole, confié et imaginé par Michel-Ange. Récupéré par le prince Ciriaco Mattei, l'obélisque (désormais dénommé Matteiano) a ensuite été érigé, en 1582, dans la villa du prince Mattei.

 

On prétend que, si vous montez toutes ses marches à genoux, vos péchés seront pardonnés. Mais, ce matin, ce sont des bandes de lycéens qui organisent des courses de montée d’escalier lesquelles donnent lieu à force encouragements et éclats de rire. Après cette excitation, le professeur qui les accompagne doit bien se demander comment il va pouvoir ensuite introduire son petit laïus sur l’histoire du Capitole ! Au XVIIe siècle, pour se débarrasser des paysans qui venaient vendre leurs produits en ville et dormaient sur les marches de l’escalier, le prince Caffarelli que ce bruit importunait, aurait fait descendre l’escalier par des tonneaux remplis de pierres, faisant des morts et des blessés.

 

En haut de la Scalinata, l’église Santa Maria in Aracoeli (Sainte-Marie-de-l‘autel-du-ciel !) serait érigée à l'emplacement où la Sibylle [3] aurait prédit l'avènement prochain du « premier-né de Dieu ». Dans l'empire romain circulaient des livres consultés par les Romains et connus sous le nom d'« Oracles sibyllins ». Certains de ces livres sont parvenus jusqu’à nous grâce à des copies des XIVe et XVIe siècles. Ils comprennent des recueils d’oracles antiques, mais aussi d’origines juives ou chrétiennes. Se fondant sur certains passages de ces livres, des écrivains paléochrétiens, dont saint Augustin, pensèrent que les Sibylles avaient ainsi annoncé la naissance de Jésus et l'avènement du christianisme. Pour d’autres, l’église aurait été construite à l’endroit où la sainte Vierge, avec l’enfant Jésus dans ses bras, sur un autel (l’autel du ciel), serait apparue à l’empereur Auguste pour lui annoncer la victoire de la religion chrétienne. Bref, dans un cas comme dans l’autre, une intervention divine venait prédire le triomphe d’une nouvelle religion bien avant sa réalisation : il faudra encore attendre 300 ans avant que Constantin ne dicte un édit de tolérance de la religion chrétienne.

 

C'est aussi à l’emplacement de l’église Santa Maria in Aracoeli que vivaient les fameuses oies sacrées du Capitole qui sauvèrent Rome des Gaulois, en -390, en donnant l’alerte par leurs cris ! 

 


[1] Les légionnaires de pacotille ont depuis disparu, remplacés par des vendeurs à la sauvette.

[2] Anna Imelde Galletti. « Cola di Rienzo et Rome ou du voyage des héros ». In « La fabrique des héros ». 1999.

[3] Sibylle : Prophétesse, devineresse, qui rendait des oracles dans la Rome antique.

 

Liste des promenades dans Rome et liste des promenades autour du Forum

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