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Notes d'Itinérances
7 juin 2023

Campitelli - Le tour du Forum (6/25). Les palais Sénatorial et des Conservateurs.

La mairie de Rome - Une galerie d'œuvres d'art 

 

 

En haut de l’escalier, en face, le Palais du Sénateur, siège de la Mairie de Rome (photo). Construit aux XIIe et XIIIe siècles sur les ruines de l’ancien Tabularium (dépôt des archives d'État au temps de la Rome républicaine), il était le siège du Sénateur, responsable de l’administration et de la justice de la ville de Rome. A la naissance de la commune de Rome par le « Renavio senatus » de 1143 / 1144, son siège s’est installé symboliquement sur le Capitole. Le bâtiment d’origine, de style roman, était composé d’une série de galeries en arcs en plein cintre, sur trois niveaux, dominé par une tour crénelée du XVe siècle. 

 

Michel-Ange proposera la restructuration de la façade, notamment avec l’escalier droit, à double rampe, qui permet tout à la fois d’accéder à la salle principale, de relier la place et le palais, et d’animer la haute façade. Giacomo della Porta, sur les dessins de Michel-Ange,transformera le vieux palais roman en un palais Renaissance, avec la fermeture des arcades, la réalisation de pilastres colossaux de style corinthien supportant une corniche décorée d’une colonnade et de statues. L’ancienne tour, enfin, a été remplacée par un campanile entre 1578 et 1582. 

 

A droite, le Palais des Conservateurs, siège de la magistrature élective qui avait la charge d’administrer la ville. Le Palais d’origine datait de la moitié du XVe siècle, et comportait des arcades au rez-de-chaussée, des fenêtres à meneaux à l’étage noble et une file de petites fenêtres à l’entresol.  Michel-Ange en a redessiné la façade en la scandant de pilastres colossaux réunissant les deux étages du bâtiment, de style corinthien, posés sur de hauts piédestaux. Le rez-de-chaussée est composé d’arcades à entablement droit, reposant sur des colonnes. A l’étage supérieur, une série de hautes fenêtres, encadrées de pilastres et couronnées de frontons arqués. Seule la fenêtre centrale est plus large, couronnée d’un fronton triangulaire. A l’intérieur, le Palais des Conservateurs abrite une remarquable composante des musées capitolins [1], dont les collections ont été initiées, dès 1471, par Sixte IV della Rovere (1471 / 1484) ! Les œuvres qu’il renferme sont nombreuses et des plus riches, le « tireur d’épine », les fresques du Chevalier d’Arpin, la « Louve du Capitole »… Mais, cette fois-ci, je suis surtout venu pour voir deux Caravage : « La bonne aventure » (1595) et « Saint-Jean-Baptiste » (1602).

 

Le premier est une scène de genre dans laquelle une bohémienne lit l’avenir à un jeune élégant et en profite pour lui dérober discrètement sa bague. La scène sera reprise dans un second tableau, en 1597, actuellement au Louvre. Le cadrage de la scène est serré, avec des personnages coupés à mi-corps, et un fond clair, uni et neutre, contrairement à ses compositions ultérieures plus sombres. La toile est « envahie par une luminosité printanière, délavée, venant de face » [2], claire, solaire, qui projette néanmoins une ombre légère sur ce qui pourrait être un mur uni. Malgré le travail important sur les mains (le jeune homme tend une main à la bohémienne qui la saisit de la main gauche et dessine sa ligne de vie de la droite profitant ainsi de la situation pour lui dérober sa bague), nul maniérisme. Il est curieux de comparer les deux tableaux sur le même thème, car dans l’un (celui de Rome) Caravage semble s’être plus attaché à la représentation de la figure de la bohémienne alors que dans l’autre (celui du Louvre), c’est le visage du jeune homme qui parait le plus travaillé, ou le plus mis en lumière. 

 

Le second tableau, « Saint-Jean-Baptiste », est une représentation plutôt curieuse du jeune saint. Les emblèmes traditionnels du saint sont absents de la scène : le vêtement fait d'une peau de bête, l’agneau et la croix sur laquelle est placé un rouleau comportant les mots « Ecce Agnus Dei ». Au contraire, l’érotisme qui se dégage du corps nu du jeune garçon jouant avec un bouc est plutôt troublant. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’on n’imaginait pas ainsi le compagnon du Christ dont on dit qu’il a mené une vie d'ascèse dans le désert, se nourrissant frugalement de « sauterelles et de miel sauvage » ! Il a plutôt l’air d’un très jeune homme ayant envie de s’amuser, en se prêtant notamment à des jeux sensuels ! Mais comment se contenter d’admirer deux peintures seulement dans ce très riche et plus vieux musée du monde ? 

 


[1] Musei Capitolini. Piazza del Campidoglio 1. 

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