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Notes d'Itinérances
11 septembre 2023

Ostiense - Révolution au sud de Rome (8/12). Marbres antiques et centrale à vapeur !

La centrale électrique Montemartini - Des statues antiques parmi les chaudières et alternateurs

 

 

Le nouveau pôle d’exposition des Musei Capitolini est situé dans l’ancienne centrale thermoélectrique « Giovanni Montemartini ». En 1997, pour libérer de l’espace dans les musées capitolins (Musée du Palais des Conservateurs et Palais Neuf) concernés par des travaux de restructuration, la plupart des sculptures avait été temporairement déplacée dans l’espace d’exposition dégagé dans la centrale électrique Montemartini.

 

Ces sculptures antiques ont été exposées dans le hall des machines, entre turbines à vapeur, moteurs diesels et alternateurs, dans le cadre d’une exposition intitulée « Les machines et les dieux » ! A la conclusion des travaux de réaménagement, au moment de faire revenir les sculptures au Capitole en 2005 et, suite au très bon accueil réservé par le public à l’exposition, les responsables du musée ont décidé de transformer cet espace, imaginé primitivement comme une solution temporaire, en un siège permanent des acquisitions récentes des musées capitolins [1].

 

Il est depuis lors possible d’admirer ces sculptures antiques dans un cadre qui n’est pas moins intéressant (photo) [2] ! Il s’agit de la première centrale électrique de Rome laquelle, à l’origine, en 1912, était propriété de la ville. Le maire de l’époque, Ernesto Nathan, élu du Blocco Popolare (bloc populaire), voulait que les services municipaux soient propriété publique et non privée (voilà qui n’est pas sans résonnance actuelle avec la question des délégations de services publics…). La centrale avait été construite au bord du Tibre pour assurer son alimentation en eau et en charbon par un quai sur le fleuve, mais aussi pour être située avant la barrière d'octroi afin de n’avoir pas à payer les impôts de la ville sur le combustible ! La centrale fonctionnait alors au charbon et à la vapeur pour faire tourner ses turbines. Une des trois chaudières à vapeur est d’ailleurs conservée dans le musée ainsi que, dans le sous-sol, les trémies qui recevaient les scories du charbon utilisé pour alimenter les chaudières. Au début des années 30, il devenait nécessaire de moderniser la centrale en utilisant des moteurs diesels pour produire de l’électricité. La centrale fut alors nationalisée par le gouvernement fasciste et inaugurée une nouvelle fois en 1933 par Mussolini à l’occasion de l’installation des deux moteurs diesels. D’une puissance totale de 15 000 chevaux, chaque arbre moteur mesurait plus de vingt mètres et pesait chacun 81 tonnes. Ce sont ces moteurs, restaurés, que l’on peut voir dans la salle des machines. Une modernisation eut lieu en 1952 pour améliorer la production, mais les équipements devenaient obsolètes et l'installation a été abandonnée dans les années 1960.

 

Les statues antiques sont donc présentées devant ces monstres modernes, chaudière, moteurs, mais aussi tableaux de commande, tuyauteries, trémies. De marbre blanc, elles n’apparaissent pas perdues malgré l’immensité de la halle au milieu de ces énormes machines mais, au contraire, s’en détachent par contraste sur le fond sombre des appareils, d’autant que le grand hall est très lumineux avec ses grandes et hautes verrières. La vision d’un torse de femme devant un tableau de commande crée un effet de contraste saisissant : une infinie douceur dans le monde brutal de la production. A ceux qui pourraient trouver agressive cette confrontation entre le « monde de l’art » et « le monde du labeur », rappelons que les Romains n’étaient pas les plus grands artistes dans le domaine de la sculpture, mais généralement de fameux copistes des statues hellènes ! Les Romains de l’antiquité étaient surtout des ingénieurs et des organisateurs hors pairs et la centrale électrique Montemartini s’inscrit parfaitement dans cette lignée. 

 

Le musée présente également le train du pape Pie IX Ferretti (1846 / 1878). Après son élection, le pape ordonna la construction de trois lignes de chemins de fer, en concession, qui reliaient Rome à quelques villes de l'État Pontifical. Le train a été réalisé par des entreprises françaises, en 1858, pour les sociétés ferroviaires pontificales. Il comprend une loggia pour les bénédictions, une salle du trône, une chapelle, mais il a très peu servi, le territoire pontifical se rétrécissant comme peau de chagrin par suite du Risorgimento.

 


[1] Géraud Buffa. « La reconversion de la centrale Montemartini dans le quartier d’Ostiense à Rome ». In Situ, revue des patrimoines. 26/2015.

Archeologia industriale. « La Centrale Montemartini a Roma Ostiense ». Sd.

[2] Centrale Montemartini. Via Ostiense, 106. 

 

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