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Notes d'Itinérances
5 janvier 2024

Ripa - Jours tranquilles sur l'Aventin (9/18). Le monument à Giuseppe Mazzini et le cirque Maxime.

Une bien longue attente - Du rapt des Sabines aux manifestations anti-Berlusconi

 

 

La Via di Valle Murcia débouche sur le cirque Maxime sur la place Ugo La Malfa où trône l'imposant monument à Giuseppe Mazzini (1805 / 1872). La proposition d'ériger un monument à Mazzini, l'un des principaux architectes de l'unification de l'Italie, ne fut présentée au Parlement qu'en 1890. Il faut rappeler qu’il était un fervent républicain dans une Italie certes unifiée, mais sous une royauté. Douze ans plus tard, le sculpteur Ettore Ferrari se voit confier l'œuvre dont l'esquisse est achevée en 1905. En 1914, son emplacement est décidé sur l'Aventin et la pose de la première pierre a lieu en 1922. Mais Ettore Ferrari décède en 1929, alors que le monument n’est pas monté. La zone est remodelée en 1934 avec la suppression du cimetière de la communauté juive et la création de l’actuelle Via di Valle Muria. En 1948, dans une Italie désormais républicaine, le lieu d'implantation du monument est confirmé, il est monté avec la collaboration du fils de l’artiste et du sculpteur Ettore Guastalla. Le 2 juin 1949, il est enfin inauguré ! Toutefois, ce n’est pas à cause de cette longue attente que Mazzini, assis en haut du monument, semble être un héros soucieux. Ettore Ferrari avait proposé que Mazzini soit représenté assis, dans une attitude réfléchie, sur une haute base où figurent, en haut-relief, « l'aspiration à la liberté qui se matérialise dans la jeune Italie, le sacrifice pour le rachat des opprimés par la tyrannie, la lutte contre le despotisme, le tourbillon triomphant de la révolution et la recomposition des restes des martyrs » [1].

 

Situé dans une vallée naturelle entre les monts du Palatin et de l'Aventin, le cirque Maxime est le plus grand cirque de Rome. Agrandi, plusieurs fois reconstruit, il pouvait contenir plus de 250 000 spectateurs. La piste sur laquelle couraient les chevaux avait plus d'un kilomètre de long. Datant de l'ère de Tarquinius, il n’en reste que très peu de choses : une vaste prairie en cuvette oblongue ! Portiques, murets, gradins ont servi de carrière pour les palais de la papauté et les monuments de la Rome baroque quand ils n’ont pas été broyés pour faire de la chaux. 

 

« Nous sommes descendus dans la vallée appelée autrefois Murcia, entre les monts Palatin et Aventin. Romulus choisit cette vallée pour y célébrer des jeux magnifiques en l’honneur de Neptune Consus. Le lieu où nous sommes fut le théâtre de l’enlèvement des Sabines » [2].

 

« A la descente du mont Aventin, ne cherchez plus dans la place où était le grand cirque qu’un grand mauvais marais barlong, à qui les restes des fondations des gradins servent de clôture » [3].

 

Sic transit gloria Mundi ! A Rome, il faut constamment faire des efforts d’imagination pour se représenter la ville antique. C’est le cas du cirque Maxime qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Ce que nous appelons « Rome » est à la fois le produit de ses ruines, mais aussi de la ville que chacun de nous « rêve », imagine, que nous nous sommes construit sur la base de lectures et d’images. Cette Rome rêvée, toute personnelle, intègre ce qui n’est plus [4]. Aujourd’hui lieu de promenade familiale, de pique-nique, dans un état de semi-abandon, le cirque Maxime retrouve de temps-en-temps les foules de sa gloire passée : pour un concert des Rolling-Stone ou une grande manifestation politique ou syndicale. Plusieurs manifestations gigantesques (plus de deux millions de personnes) à la politique du gouvernement de Silvio Berlusconi s’y sont tenues avec pour mots d’ordre le refus des restrictions budgétaires, des paradis fiscaux, des politiques anticrises. A chaque fois, la vaste pelouse du cirque était pleine, la foule grimpant sur ses gradins et envahissant les rues adjacentes.

 

En arrivant sur le Lungotevere Aventino, sur la gauche, dans un petit square, on peut observer la dernière fontaine-abreuvoir pour les animaux à Rome (1717). Placée autrefois à côté du temple d’Hercule Olivarius, elle a été déplacée d’une centaine de mètres plus au sud.

 


[1] Sovrintendenza capitolina ai Beni Culturali. « Monumento a Giuseppe Mazzini ».

[2] Stendhal. « Promenades dans Rome ». 1829.

[3] Président De Brosses. « Lettres d’Italie ». 1740.

[4] En 1937, le cirque Maxime accueille des pavillons en vue de l’exposition universelle de 1942. Après une grande exposition sur les minerais, puis sur le textile (1938), l’ensemble est transformé en complexe balnéaire avec trois piscines, cours de tennis, terrains de sport, patinoire, restaurants, cinéma et même une maison coloniale entourée d’un paysage africain. Archivio Luce. « Apertura del villaggio balneare al circo Massimo ». 1939.

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