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Notes d'Itinérances
18 juillet 2022

Esquilino et Monti sud - Sur le chemin des processions (9/14). Le jardin des simples et Santa Croce in Gerusalemme.

Le jardin des Simples dans l'amphithéâtre romain - Une église du palais impérial 

 

Rome Esquilino Monti Sud Santa Croce in Gerusaleme 1

L’église Sainte-Croix-de-Jérusalem est située à quelques centaines de mètres de Sainte-Marie-Majeure en longeant vers l’Est l’enceinte d’Aurélien. A droite de sa façade, une grille en fer forgé, de Yannis Kounellis [1], installée en 2007, ferme le jardin. 

« … la grille semble s’être liquéfiée puis solidifiée en volutes serpentines, une dentelle spiralée, un écheveau, des tours et des détours métalliques, et, dans ce lacis, des dizaines de pierres et de gros cristaux vivement colorés pendent rouges, jaunes, verts, turquoise, on dirait des météorites tombées d’une planète allègre et capturées par ce treillage » [2].

La grille fermait un délicieux jardin, qui ne se visitait malheureusement pas, mais dont on pouvait avoir une idée de la structure grâce à un reportage télévisé et aux photos satellites. Le jardin est situé dans une arène elliptique, l’ancien amphithéâtre romain Castrense, lieu de spectacle pour la cour de l’empereur, et qui sert également de mur d’enceinte à la ville. Il était devenu un jardin des Simples, découpé en parterres rayonnants autour d’un bassin central. Quatre allées, orientées selon les points cardinaux, ombragées d’une tonnelle, dessinaient une croix. Ce remarquable petit jardin était entretenu par les moines cisterciens qui vendaient leur récolte de fruits et légumes biologiques dans une boutique voisine. Le jardin donnait une impression d’équilibre, de paix et de sérénité. Patatras, suite à un décret du préfet de la « Congrégation pour les instituts de vie consacrée », l’abbaye cistercienne de Sainte-Croix de Jérusalem a été fermée en 2011 et le petit jardin a été abandonné [3]

À l'époque de l'empereur Auguste, l'Esquilin était une zone périphérique et résidentielle. Elle a été choisie par les empereurs, au troisième siècle, pour construire une résidence impériale qui comprenait un palais, le cirque Variano et l'amphithéâtre de Castrense. Elle fut incluse dans les murs d'Aurélien construit entre 271 et 275. Le palais fut restauré par l'empereur Constantin et reçut le nom de « Sessorium ». En 324, quand Constantin transféra la capitale de l'empire à Constantinople, la résidence demeura la propriété de sa mère Flavia Giulia Elena (248 / 329), future sainte Hélène. Le palais subit alors de nombreux changements, dont le plus important fut la transformation d'une partie de l'ensemble en chapelle pour contenir les reliques ramenées de terre sainte par Hélène. 

Le pèlerinage à Rome s’effectue en faisant le tour de sept églises. Entrepris au début des années 1540 par saint Philippe Néri, il devint une pratique instituée à partir de 1559 en faisant le tour des quatre basiliques majeures, Saint-Jean-de-Latran, Saint-Pierre, Saint-Paul-hors-les-murs, Sainte-Marie-Majeure, et des trois basiliques mineures, Sainte-Croix-de-Jérusalem, Saint-Laurent-hors-les-murs, Saint-Sébastien-hors-les-Murs. Le parcours peut s’effectuer en une journée, et Sainte-Croix-de-Jérusalem constitue la quatrième station après Saint-Jean-de-Latran.

Si le clocher roman est gracieux, l’église, fortement remaniée au XVIIIe et largement baroquisée, est de moindre intérêt. Certes, à l’image des grands maîtres du baroque, Le Bernin et Borromini, les architectes ont multiplié les formes ondulantes, les structures ovales, les pilastres et oculi, balustrades et statues d’anges participant à l’apothéose de la Croix, mais l’ensemble n’est que grandiose et froid. Au mieux, c’est un devoir d’élève honorable. A l'intérieur, l'église Sainte-Croix présente un plan à trois nefs, séparées par des colonnes de granite qui sont celles de la basilique primitive. Une partie en a été muré. Le pavement cosmatesque est magnifique de finesse et de couleur. Dans l’abside, une fresque d’un peintre romain, Antoniazzo Romano (vers 1492), illustre la découverte de la vraie croix par sainte Hélène, sous une forme narrative proche de celle d’une bande dessinée. Les personnages sont représentés, comme cela était habituellement le cas à la Renaissance, dans des costumes de cette époque et non dans ceux de l’époque romaine ; ce qui ajoute de l’intérêt à la fresque ! 


[1] Jannis Kounellis (1936 / 2017) est un peintre, sculpteur et professeur d'université, grec puis italien, et l'un des artistes représentant de l'Arte povera.

[2] Marco Lodoli. « Nouvelles Îles – Guide vagabond de Rome ». 2014.

[3] Selon les médias romains, la décision serait motivée par des « abus liturgiques, et des problèmes inhérents à l’animation de la communauté ».Les moines cisterciens ont été dispersés dans les abbayes de l’Ordre.

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