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Notes d'Itinérances
9 juin 2013

Trastevere - Promenade sur le Janicule (6/10). Le Tempietto de Bramante.

Une commande des Rois d'Espagne - Un monument aux proportions harmonieuses - Mais mal mis en valeur !

 

Rome Trastevere Janicule Tempietto « Au sommet est bâtie l’église de S. Pietro in Montorio, habitée par de pauvres moines ; derrière l’église est un joli petit temple rond, à colonnes, au centre duquel on conserve le trou dans lequel on a planté la croix où a été crucifié St Pierre. Le trou peut avoir 15 pouces de circonférence. C’est une sorte de puits, garni de marbre et au-dessus duquel brûle une lampe » [1].

En 1502, Donato Bramante construit le Tempietto à côté de l'église Saint-Pierre-sur-le-Mont-Doré (San Pietro in Montorio), à l'emplacement attribué au martyre du saint, sur une commande des Rois d’Espagne, Aragon et Castille (l’unification de la royauté en Espagne n’étant faite qu’avec Charles 1er en 1516, lequel est plus connu sous le nom de Charles Quint). L’objectif était de protéger et mettre en valeur la cavité creusée sur le Janicule pour y placer la croix sur laquelle Saint-Pierre aurait été crucifié et d’élever au-dessus un petit temple. Pour la forme, Bramante s’inspire du temple de la Sibylle à Tivoli, un temple rond entouré d’un péristyle de colonnes corinthiennes [2].

L’édifice est de taille modeste, composé d’un péristyle circulaire, aux colonnes d’ordre dorique, entourant un sanctuaire central dont la cella ne mesure que 4,5 mètres de diamètre. Il est coiffé d’un dôme hémisphérique, porté par un haut tambour et surmonté d’un lanternon. Le monument serait également une image symbolique de l’Eglise : la crypte représenterait les débuts de la Chrétienté dans les catacombes, la cella (le corps central) évoquerait l’église militante et la coupole serait l’église triomphante du Christ dominant le monde.

Les proportions de l'édifice sont simples : la hauteur de la cella est égale à la largeur du péristyle, mais Bramante empile des formes cylindriques dans une progression savamment dosée, en retrait les unes par rapport aux autres. D’abord un soubassement circulaire, composé de trois marches, puis la colonnade surmontée d’une frise, d’une corniche et d’une balustrade, enfin le tambour de la coupole en fort retrait. La hauteur du tambour et de la coupole est proportionnée à celle du diamètre du péristyle afin de donner une apparence de hauteur et de pyramide à l’ensemble du bâtiment. Il s’agit d’articuler les différents éléments entre eux pour que la finalité du bâtiment apparaisse comme étant la coupole, image du ciel, avec la croix qui la surmonte.

Sous le Tempietto, il y a une chapelle souterraine dont les dimensions correspondent à celle de l’église extérieure. Un orifice central les fait communiquer et éclaire la chapelle. Au sol, au centre, une cavité, celle dans laquelle aurait été placée la croix de Pierre. L’ensemble de l’édifice est ainsi traversé par un axe vertical qui va du trou de la croix à la croix placée au sommet du dôme, en passant par l’orifice qui relie les deux chapelles.

Les architectes de la Renaissance étaient très attirés par la forme circulaire, voyant en elle l'image de la perfection divine, sans commencement ni fin. Le rythme régulier des colonnes du péristyle, des pilastres, fenêtres et niches de la cella, des colonnettes de la balustrade, dans une forme circulaire, définit une figure de la perfection d’une part parce qu’elle est en tous points similaire, mais aussi d’autre part parce qu’elle se suffit totalement à elle-même. Il n’est donc pas étonnant que Bramante avait envisagé que l'édifice soit isolé au centre d'un cloître lui-même circulaire faisant du Tempietto un point focal, parfait, unique.

Le Tempietto est considéré comme un des chefs-d’œuvre de la Renaissance par la simplicité et la rigueur de ses proportions, mais aussi par sa clarté fonctionnelle avec la superposition des trois composantes de sa structure.

Malheureusement le Tempietto est manifestement à l’étroit dans une cour carrée entourée de hauts bâtiments [3]. Son architecture audacieuse est ainsi peu mise en valeur, pour ne pas dire étouffée.


[1] Jules Cloquet. « Voyage en Italie ». 1837.

[2] Emmanuel Noussis. « Le modèle antique dans l’architecture de la Renaissance ». Histoire des Arts en khâgne. Sd.

[3] Ouverture du mardi au dimanche de 10h00 à 18h00 selon le site de la commune de Rome.

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