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Notes d'Itinérances
7 mars 2024

Sant'Angelo - Autour du ghetto (16/18). Santa Catarina dei Funari et Santa Maria in Campitelli.

Comparaison de styles architecturaux à quelques années d’écart

 

 

Au débouché de la via Caetani, sur la placette, la façade de l’église Santa Caterina dei Funari présente une façade gracieuse. Sur l’emplacement d’une église plus ancienne, elle a été reconstruite par l’architecte Guidetto Guidetti entre 1560 et 1564. La façade se compose de deux sections, séparées par une corniche rectiligne, de hauteurs inégales et surmontées d’un fronton triangulaire (photo). La section inférieure, plus haute, est rythmée par six pilastres de style corinthien encadrant des niches semi-circulaires. Au-dessous et au-dessus de chaque niche un panneau rectangulaire encadré vient enrichir la décoration. Les chapiteaux sont reliés par un feston de cormes d’abondances. Les deux pilastres centraux contiennent une porte ornée de deux colonnes engagées corinthiennes supportant une architrave et un fronton triangulaire. La section supérieure est composée de quatre pilastres dans la continuité de ceux de l’étage bas, encadrant des niches semi-circulaires surmontées d’un panneau rectangulaire encadré, et un oculus central. Il est surmonté des armes de la famille Cesi. Sur le fronton, quatre acrotères viennent compléter la décoration. L’intérieur, sur un plan basilical à nef unique, comprend deux retables d’Annibal Carrache, l’un dans la chapelle de Santa Margherita représente la sainte, l’autre dans la première chapelle, sur la droite, représentant sainte Barbe. La troisième chapelle droite présente un retable conçu par Vignola. Federico Zuccari a peint les décorations du presbytère.

 

Il est intéressant de comparer cette façade à celles de deux églises romaines légèrement postérieures (de 10 à 30 ans seulement), le Gesù de Vignola (Rione de Pigna - 1568 / 1584) et Santa Susana de Carlo Maderno (Rione de Trevi - 1597 / 1603). La comparaison permet de montrer comment, tout en gardant une même composition globale (deux sections en hauteur avec cinq parties dans la section basse et trois dans la section haute), les architectes vont passer progressivement à des compositions beaucoup plus riches, avec des pilastres gémellés, des corniches à ressauts, des volutes latérales de la section haute plus marquées, puis des colonnes engagées, des frontons droits, curvilignes ou brisés, donnant aux façades de la profondeur et les « dynamisant » par les jeux des volumes, des lumières et des ombres. 

 

Une autre comparaison intéressante peut être faite facilement avec l’église voisine de Santa Maria in Campitelli. C’est une église plus tardive d’une cinquantaine d’année, commandée par le pape Alexandre VII Chiggi (1655 / 1667) et construite par l'architecte Carlo Rainaldi entre 1659 et 1667. Il est extraordinaire de constater les évolutions du langage architectural en un demi-siècle. D’une façade élégante mais relativement plane, aux reliefs peu accentués, on passe à une façade dynamique toute en décrochements, avec une multiplication des colonnes, plusieurs corniches à ressauts. Le double étage de colonnes souligne l’élévation de la façade, mais la profondeur des redents, les portes très enfoncées dans la façade, donnent à celle-ci un air un peu exagéré et hautain.

 

Lors de la peste de 1656, on attribua la fin de l’épidémie à une icône miraculeuse de la Vierge Marie, Santa Maria in Portico, qui avait été portée en procession dans les rues de la ville. Après l’événement, le pape Alexandre VII Chiggi confia à Carlo Rainaldi la construction de l'église de Santa Maria in Campitelli afin d’accueillir dignement l’icône miraculeuse autrefois conservée dans une modeste église, Santa Galla Antiqua. L'icône, d'environ 25 cm, est en feuilles d’argent dorées et émail. La tradition prétend qu’une lumière intense serait apparue, en 524, pendant une épidémie de peste [1]. Le pape Jean Ier (523 / 526) ayant demandé à Dieu la signification de ce miracle, deux anges auraient placé dans ses mains l'icône avec laquelle il aurait béni la ville, arrêtant ainsi immédiatement l'épidémie. L’icône aurait été portée en procession depuis 590 mais elle daterait peut-être du XIe siècle, de sorte que la tradition est pour le moins incertaine [2]. Le cadre en bronze est daté de 1596.

 


[1] Certaines correspondances sont curieuses… en 1560, une image de la Vierge, découverte enfermée dans une boite jetée dans le Tibre, irradie une lumière intense traversant la boite (Santa Maria del Sole) ; en 1577, la flamme de la lanterne de la madonelle de San Giovanni Calabita continue d’éclairer même immergée sous la crue du Tibre !

[2] Site Roman Churches. « Santa Maria in Campitelli ». Rome est manifestement une ville très aimée de la Vierge Marie compte-tenu du nombre impressionnant d’icônes miraculeuses de la Madone dans la cité. J’ai pu en identifier une quarantaine, ce qui n’est pas rien, dont vingt-six se seraient animées le 12 juillet 1796 !

 

Liste des promenades dans Rome et liste des articles sur Sant'Angelo et le ghetto

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