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Notes d'Itinérances
22 juin 2013

Inde du Sud (12/31). La structure des temples indiens.

Un temple ancien, de l'époque Chola, Gangaikonda Cholapuram - Une reproduction de la cosmologie indienne de l'univers

 

 

« …on se sent perdu dans l’énormité, dans la profusion, en même temps que troublé par l’exotisme ; l’inconcevable abus du détail inquiète autant que la masse ; tout ce que l’on avait lu sur l’Inde, tout ce que l’on croyait savoir, tout ce que des fééries, des spectacles avaient cru reproduire est étonnamment surpassé » [1].

 

Le temple de Gangaikonda Cholapuram, aujourd’hui isolé au milieu de la campagne, permet de comprendre l’architecture des temples de l’Inde du Sud.

 

Construit entre 1025 et 1035 par Rajendra Chola Ier, dans la nouvelle capitale de la dynastie Chola qui contrôlait alors toute l’Inde du Sud, ce temple, devait accueillir les eaux du Gange que les souverains du Nord devaient payer comme tribut à Rajendra 1er.

 

La destruction de la capitale, au XIIIe siècle, par les Pandya de Madurai et l’abandon de la ville ont ensuite évité la multiplication des constructions postérieures dans l’enceinte du temple. Considéré comme un patrimoine de l’époque Cholas, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO [2], il a été restauré avec soin permettant ainsi une lecture simplifiée de la composition des temples hindous.

 

Le temple reproduit la cosmologie indienne de l’univers. Dans l’univers védique, le Mont Méru, la montagne mythique, est l’axe du monde, entouré de sept chaînes de montagnes annulaires, décroissantes, ceintes d’océans. Au sommet du Mont Méru résident les trente trois dieux, ayant Indra pour chef. Le temple s’organise donc autour du sanctuaire qui abrite l’image de la divinité dans le secret d’une chambre sombre, ici Shiva sous la forme d’un linga de 4 mètres de haut. Le sanctuaire est surmonté d’une tour élevée, pyramidale, le vimana, image elle-même du Mont Mérou. A Gangaikonda Cholapuram, le vimana, haut de 55 mètres, est caractérisé par des angles en retrait ainsi que par un sommet traité en dôme arrondi qui en adoucissent la ligne,

 

Devant la tour-sanctuaire se développe une vaste salle hypostyle, ou mandapa, réservée aux fidèles, souvent dénommée par le nombre de ses piliers (cent cinquante piliers à Gangaikonda Cholapuram mais dite aux « mille piliers » au temple de Minakshi Sundareshwara à Madurai). Cette salle constitue la première adjonction dans le développement historique du temple hindou. Elle est considérée comme une salle de méditation où le fidèle se recueille avant d’aller adorer le dieu par l’intermédiaire de son image (pûjâ) située dans le sanctuaire central.

 

L’ensemble, vimana et mandapa, est édifié dans une enceinte rectangulaire laquelle comprend généralement des sanctuaires annexes. A Gangaikonda Cholapuram, le vimana est flanqué de chaque côté par de petits temples annexes, construits pour les deux épouses du roi Rajendra. Au Nord il abrite la Déesse Parvati, épouse de Shiva, et est très bien conservé. Entre le vimana et le sanctuaire secondaire au Sud, un puits est censé contenir une eau en provenance du Gange ; Gangaikonda Cholapuram signifiant « la ville des Cholas qui rapporta l’eau du Gange ». Enfin, dans l’axe de la porte de l’enceinte, le mandapa et le vimana, est située une statue imposante de Nandi, la monture de Shiva.

 

L’enceinte s’ouvre, à l’Est, par une porte surmontée d’une tour monumentale, ou gopura. A Gangaikonda Cholapuram le gopura est en ruine. Dans les autres temples, un gopura peut-être situé au milieu de chacun des quatre côtés de l'enceinte, orienté vers un point cardinal ; l’entrée principale étant généralement située à l’Est. Le gopura présente une structure en pyramide rectangulaire, à étages de plus en plus petits (une dizaine d’étages en nombre impair), surchargés de sculptures et de représentations de dieux, le dernier étage étant en forme de berceau.

 

A partir du XIIIe siècle, les temples comprendront une triple enceinte, évoquant les chaînes de montagnes annulaires autour du Mont Mérou, les gopuras étant construits de plus en plus hauts, toujours plus hauts dans les enceintes extérieures qu’intérieures.

 

De plus en plus gigantesques, les enceintes concentriques des temples seront progressivement occupées par des sanctuaires annexes, des salles de mariage où les images du dieu et de la déesse seront unies symboliquement, des bassins sacrés bordés de portiques, des salles hypostyles toujours plus vastes, voire des bâtiments annexes comme des échoppes, des greniers, des magasins ou des réserves. Le temple de Minakshi Sundareshwara à Madurai offre un exemple impressionnant de cette complexité des temples-villes.

 

Inde du Sud schéma d'un temple

 Auteur : Tangopaso. http://fr.wikipedia.org/wiki/Architecture_des_temples_hindouistes

 


[1] Pierre Loti. « L’Inde (sans les Anglais) ». 1903.

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