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Notes d'Itinérances
26 juin 2013

Inde du Sud (16/31). Minaskshi, Shiva, Pârvati, Vishnou, Lakshmi et tutti quanti...

Minakshi, la déesse aux yeux en forme de poisson - Vishnou et ses avatars

 

 

« Des nefs s’ouvrent là dans toutes les directions pour se perdre dans l’ombre. On y est environné de gigantesques dieux monolithes, qui brandissent des lances, des glaives, des crânes, et qui sont noirs, luisants, graisseux, longuement frottés par des mains, imbibés par des sueurs » [1].

 

Dans son temple, à Madurai, chaque soir Minakshi, « la déesse aux yeux en forme de poisson », reçoit dans son sanctuaire, son époux, Sundareshwara, autre nom de Shiva. Minakshi est un avatar [2] de Pârvati, l’épouse de Shiva.

 

Comme Shiva, elle est à la fois pouvoir de procréation et de destruction. Fille de la montagne polaire, l’axe du monde, elle est une aimable déesse d’où jaillit la puissance de jouissance. Mais elle est aussi le temps, pouvoir de désintégration. Elle est alors représentée sous une forme effrayante, ivre de vin, de luxure et de sang. Mais Pârvati est aussi sœur de Vishnou qui la donna en mariage à Shiva comme le représente un groupe statuaire d’un petit pavillon proche du sanctuaire de Sundareshwara.

 

Vishnou représente la tendance centripète, qui tient assemblé les éléments de l’univers, cause de concentration, de lumière, de vie, de continuité. Vishnou est identifié à l’état de rêve dans lequel les mondes sont conçus ; Vishnou a pensé et créé le monde. C’est le dieu qui me semble être le plus proche des croyances occidentales dans la mesure où il est créateur de vie, de continuité, de permanence. Il est représenté avec quatre bras qui signifient la domination sur toutes les directions de l’espace, donc le pouvoir absolu, mais aussi les quatre stades de développement humain (éducation, maître de maison et père de famille, retraite, libération spirituelle) et les quatre buts de la vie (le plaisir, le succès, la perfection, la libération finale). Dans chacune de ses mains, Vishnou tient l’un de ses attributs : la conque symbole des cinq éléments, le disque ou lotus à six pétales symbole du mental, l’arc symbole du pouvoir et la massue symbole de la puissance de connaître. Sur le sein gauche, Visnou possède une touffe de poils dorés, « Cher à la fortune », symbolisant la source du monde naturel, la conscience du monde perceptible.

 

Vishnou est toujours de couleur sombre (noire ou le plus souvent bleu), couleur de l’éther. Il a pour monture un oiseau, mi-vautour, mi-homme : Garuda qui symbolise les paroles des Védas, les mots magiques sur les ailes desquels l’homme peut être transporté d’un monde dans l’autre à une vitesse égale à celle de l’éclair. Garuda est invincible ; il est le courage transformé en oiseau, il est immensément grand et fort, il brille et ses yeux sont luisants comme l’éclair. Quand il dort, Vishnou repose sur un gigantesque serpent, Ananta, qui symbolise la nature non évoluée, le vestige des mondes détruits. L’univers se dissout alors dans son état informel, l’océan causal.

 

Vishnou est partout présent, il est « l’immanent ». A tous les moments cruciaux de l’histoire, Vishnou se manifeste sous une forme personnifiée (avatar) pour guider les différentes formes de vie, rétablir l’ordre cosmique troublé par les démons. Les incarnations de Vishnou s’effectuent de façon cyclique : poisson, tortue, sanglier, l’Homme-lion, Râma-à-la-hache, Râma, Krishna, Buddha et Kalki.

 

Krisna, « l’attirant », est l’incarnation de l’amour qui efface la douleur, il détruit le mal. Fils de la sœur d’un roi, il fut échangé à sa naissance contre une fille de bouvier car un sage avait prédis que le roi serait tué par son neveu. Elevé dans une famille de bouviers, son histoire est partiellement racontée dans le Mâhâbarata. Buddha est également un avatar de Vishnou qui est descendu sur terre pour apprendre aux hommes des valeurs morales basées sur les vertus et mérites. Râma, « le charmant », est l’incarnation de la perfection et du devoir. Son histoire est racontée dans le Râmâyana, une saga épique de plus de 2 000 ans qui comprend 645 chants et 24 000 versets.

 

Lakshmi, « la millionnaire » est l’épouse de Vishnou. Elle est la déesse de la fortune et de la beauté. Lorsque les dieux baratèrent la mer de lait, elle sortit des eaux un lotus à la main et on la représente assise sur un lotus flottant sur la mer de lait. Comme épouse de Vishnou, elle l’accompagne dans chacune de ses descentes, ou avatars. Ainsi elle est aussi Sîta, « la charmante », épouse de Râma.

 


[1] Pierre Loti. « L’Inde (sans les Anglais) ». 1903.

[2] Incarnation d’un dieu hindou dans un personnage venu sur terre pour lutter contre le désordre.

 

 
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