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Notes d'Itinérances
29 juin 2013

Inde du Sud (19/31). Le règne de la publicité envahissante.

Une publicité omniprésente et envahissante - En enseignes, en murs peints, en affiches et sur toiles  gigantesques

 

 

Autre type de pollution, la pollution visuelle. La publicité est partout en Inde, omniprésente jusqu’à la saturation, voire l’écœurement !

 

Elle prend bien sûr la forme des enseignes de magasin qui finissent par recouvrir les façades des maisons et des immeubles d’une multitude de pancartes, écriteaux, panneaux, placards, bannières, banderoles... masquant tout, aussi bien fenêtres que balcons.

 

Mais cette débauche d’enseignes ne suffit pas, chacune est bien trop modeste, insignifiante, c’est pourquoi une des formes de la publicité ce sont les murs peints [1], aux couleurs vives, qui permettent ainsi d’avoir une façade flambant neuve bleue, jaune, vert, pour Pepsi-Cola, des fabricants de sous-vêtements ou des producteurs de volailles. Les murs peints sont généralement consacrés à la publicité de biens de consommation courante ainsi qu’aux symboles des partis politiques, faucille et marteaux, mais aussi éléphant, lotus ou bicyclette et avion !

 

Aux enseignes et murs peints, il faut ajouter les affiches murales, collées sur tous supports, et sur lesquelles sont généralement représentées des visages. En impression noire, c’est un avis de décès. En impression colorée ce sont des avis de mariage mais aussi des remerciements des amis des mariés pour leur invitation à leur mariage. Les mariés sont alors représentés en buste, au centre ou en haut de l’affiche, entourés, en plus petit, des bustes de leurs amis… quasiment toujours des hommes, rarement des femmes ! Seul le marié à des amis reconnaissants, les amies de la mariée sont-elles inexistantes ou ingrates ? Enfin, il y a aussi les affiches des partis politiques qui se différencient peu des affiches de mariés ! L’homme politique, et son éventuel adjoint, sont représentés en buste, en premier plan, ses éventuels collaborateurs, assistants ou soutiens en bustes plus petits. Là encore, beaucoup d’hommes, très peu de femmes.

 

Enfin, il y a de monumentales publicités sur toiles qui peuvent être de la taille d’un immeuble, tendues sur des échafaudages en bambous, bois ou tubes métalliques, posés au sol ou sur les toits des maisons et bâtiments. Les thèmes sont réduits : avis de mariage avec époux en pieds, publicités pour des bijoux, joyaux, montres ou saris avec commerçants ou mannequins en pied, partis politiques enfin, avec leader en pied et membres de son équipe ou de sa liste en bustes.

 

Dans les très grandes villes, Bangalore, Madras, Cochin ou Bombay, il y a même des publicités absolument gigantesques, sur toile, de la taille d’une façade d’immeuble de quatre à six étages, généralement pour vendre des appartements dans des nouveaux quartiers de tours.

 

Dans ces publicités sur toiles, les visages sont multipliés, comme si les personnes représentées cherchaient à se distinguer, à sortir de l’anonymat des grandes foules indiennes, à affirmer leur identité, à se faire reconnaître comme individu.

 

 « Les Indiens sont, du reste, innombrables et leur population ne cesse de croître : ils sont, pour ainsi dire, impossibles à dénombrer ; il n’existe pas, en effet, d’état civil. L’unique différenciation entre un individu et un autre est, en pratique, son crédo et son rite religieux : ce à quoi, précisément, les individus se raccrochent avec une folle ténacité, en se spécialisant avec un particularisme qui ne sert à rien, c’est la pure et maniaque extériorité rituelle » [2].

 

Autre sujet d’étonnement : les personnes représentées, mariés, mannequins, commerçants ou personnages politiques, ont tous le teint clair alors même que la foule qui se presse au pied des affiches est généralement de teint sombre ! Les affiches ne s’adressent-elles qu’aux classes privilégiées indiennes, de teint plus clair ? Ou les Indiens se rêvent-ils possédant chacun un teint clair ce qui leur permet ainsi de s’identifier facilement aux personnages peints sur les affiches ?

 


[1] Voir le site archologue overblog.

[2] Pier Paolo Pasolini. « L’odeur de l’Inde ». 1962.

 

 
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