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Notes d'Itinérances
1 juillet 2013

Inde du Sud (21/31). Des génies invisibles peuplent l'espace.

Gnomes, monstres, fantômes, esprits, serpents et dragons sont invisibles à vos yeux mais toujours présents

 

 

L’Européen qui traverse l’Inde du Sud est certes interloqué par la richesse des temples et la ferveur religieuse des foules qu’il a souvent bien du mal à comprendre. Mais il ignore le plus souvent la masse, invisible à ses yeux, des génies, esprits, divinités locales, monstres, démons et diables qui peuplent aussi ces contrées. Tout au plus s’étonnera-t-il d’observer sur les façades des maisons ou la poupe des bateaux, la tête peinte d’un affreux gnome, cornu et chevelu, tirant la langue et montrant des dents pointues. Ce sont aussi parfois d’affreuses têtes de diables en terre cuite qui sont posées sur les balcons et les immeubles en construction.

 

Bien sûr, il comprend vite que ces représentations de monstres cornus ont pour signification d’éloigner le « mauvais-œil » de la maison, de protéger le chantier de construction ou les marins partis en mer, comme les croix ou crucifix pouvaient le faire autrefois en Europe. Ce qui ne présage d’ailleurs pas de la disparition de ces croyances obscurantistes en Europe ! Il n’est qu’à surfer sur internet pour se rendre compte que notre espace occidental et « moderne » est lui-même très encombré de génies, démons et croyances dans le « mauvais-œil », les sorts et autres ésotérismes !

 

En Inde, les génies se rapportent aux trois tendances, cohésive, orbitante et, les plus affreux bien entendus, à la tendance désintégrante.

 

Il semble qu’ils soient très nombreux même si les étrangers ne peuvent en déceler la présence. Il y a les compagnons de Shiva, dont les esprits mauvais, les Ames-errantes (les âmes des personnes décédées de mort violente), les Monstres (hideux et assoiffés de sang), les Fantômes (esprit qui ont quitté le monde des vivants mais n’ont pu entrer dans le monde céleste ou se réincarner), les Vampires (ils animent les cadavres), les Ogresses, les Esprits-végétaux, les Esprits-terribles… Mais, il y a aussi les Satisfaits (fils du Principe-de-la-Connaissance), les Rayonnants (Le Savant, le Contrôle-de-soi, la Patience, le Savoir…), les Artisans (des hommes ayant atteint l’immortalité grâce à l’observance de rites propitiatoires), les Porteurs-de-sagesse (ils ressemblent à des hommes mais possèdent des pouvoirs magiques), les Parfums (des êtres scintillants qui résident dans le ciel), les Hommes-célestes (avec des têtes d’hommes et des corps de chevaux). Bref, l’imagination des hommes est sans limite.

 

A cette cosmogonie déjà assez riche, il faut encore ajouter les Apsaras (ou Essence-des-Eaux), des nymphes éternellement jeunes, courtisanes et danseuses célestes. Elles sont d’une étonnante beauté, avec des yeux de lotus, des tailles étroites et des hanches opulentes. Elles sont nées du barattage de la mer de lait originelle et seraient au nombre de trente cinq millions. Elles dispensent volontiers leurs faveurs, notamment aux soldats tombés au champ de bataille, elles séduisent les sages et leur dérobent leur sagesse. Il est aussi possible de les conquérir en leur volant leurs vêtements pendant qu’elles se baignent. On comprend alors que l’imagination de l’homme n’est pas si illimitée que cela puisque ces croyances se retrouvent aussi chez les peuples européens.

 

Autres génies, les serpents ou dragons, les Nâgas. Ils vivent dans le monde souterrain, plein de palais, de tours de jardins. Le roi des serpents est un serpent géant, enroulé sous la terre pour la soutenir. Bien qu’ennemis des dieux, les Nâgas sont favorables à l’homme.

 

Enfin, n’oublions pas les Râksasas, ou Errants-de-la-nuit. Certains sont des titans, d’autres des ogres ou d’affreux démons. Ils peuvent prendre toutes les formes qu’ils désirent, mais ils ont toujours un air effrayant, des yeux fulminants, des dents pointues qui sortent de la bouche et une langue d’une longueur démesurée. Ils dévorent les humains, animent les corps des morts. Ils sont fils de l’obscurité et errent la nuit. Râvana, roi du Sri Lanka, qui enlève la belle Sita dans le poème du Râmâyana, est lui-même le roi des Râksasas.

 

Etonnez-vous après que Marx ai traité la religion « d’opium du peuple » [1] !

 


[1] Karl Marx, Friedrich Engels. « La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans cœur, comme elle est l'esprit des conditions sociales d'où l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple ». « Critique de la philosophie du droit de Hegel ». 1844.

 

 
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