Petit abécédaire de la RDA (2/34). A comme architecture et reconstruction.

Un grave problème de logement - Un programme tardif de reconstruction

« Un immense programme a été mis en chantier au début des années soixante-dix, dont le but est de résoudre le problème social du logement d’ici 1990. On prévoit de construire et de moderniser trois millions de logements entre 1975 et 1990. (...)

Ces dix dernières années, la production du secteur de la construction a doublé, celle de la modernisation a même triplé. Conséquence ; une amélioration  de l’habitat du tiers de la population. Le taux des logements dotés d’une douche est passé de 40 à 70% pendant les dix dernières années » [1] .

A la fin de la guerre, la ville de Berlin était détruite aux deux tiers après avoir subie trois cent soixante trois bombardements aériens en vingt huit mois, quasiment un tous les deux jours pendant plus de deux ans !

« Fin 1947, Berlin ressemblait encore à une acropole en ruine, ou à quelque énorme mégalithe témoignant des ravages de la guerre et des dégâts causés par 75000 tonnes d’explosifs de forte puissance. Les destructions infligées à la capitale de Hitler étaient sans précédents : une dévastation à l’échelle wagnérienne, le Ring réduit en poussière – les derniers feux du crépuscule des dieux » [2].

Dans les années soixante et soixante dix, la ville en porte encore les stigmates, à l’Est comme à l’Ouest.

A l’Ouest, en République Fédérale, j’avais pu observer, en 1966, que de nombreux immeubles étaient encore dans un état pitoyable, notamment les « Mietskasernen », ces immeubles ouvriers en briques construits au début du siècle. Même dans les quartiers plus bourgeois, les façades des immeubles restés debout étaient encore grêlées par les balles ou les éclats d’obus.

A l’Est, en République Démocratique, au début des années 70, se sont parfois des quartiers entiers qui sont encore à l’abandon comme celui situé autour de la Nicolai Kirche. La cathédrale commence seulement à être rebâtie et n’a pas encore retrouvé tous ses clochetons, quant au château de Berlin ses ruines ont tout simplement été dynamitées et, à la place, se construit le nouveau Palais de la République.

En RDA, les premiers efforts de reconstruction furent effectués à partir de 1952, grâce à « l’indestructible alliance fraternelle » de l’Union Soviétique, dans le quartier de Friedrichshain et avec la création de la « Stalin Allee ». Avec la volonté de permettre à la classe ouvrière de se loger, elle aussi, dans des palais – ou du moins dans de « beaux » bâtiments - il a été érigé un vaste ensemble à caractère monumental et prétentieux, composé de bâtiments alignés comme à la parade, de chaque côté d’un immense boulevard. Pour en accentuer le côté grandiose, les bâtiments sont affublés de frises, de corniches, de colonnes, voire de tours et de dômes. Outre l’amélioration des conditions d’habitat, très difficiles après la guerre, ce nouveau quartier présentait l’avantage de comprendre aussi de nombreux services publics (crèches, écoles…) et commerces en rez-de-chaussée des immeubles.

La rénovation de Berlin-Est s’est ensuite accélérée à l’occasion de la préparation du 750e anniversaire de la création de Berlin, en 1987. Le quartier qui entoure l’église Saint Nicolas, dont il ne reste que les murs extérieurs, devrait être reconstruit en rénovant les maisons anciennes qui peuvent encore être sauvées. Déjà, débute la construction de barres d’immeubles en panneaux préfabriqués, appelés ici « boîte aux ouvriers ».

Berlin-Est, avec vingt ans de retard sur les capitales occidentales, entre dans sa période de « Sarcellite » aiguë !

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[1] Panorama DDR. « La RDA se présente ». 1984.

[2] Philip Kerr. « Un requiem allemand ». 1991.

Liste des articles sur la RDA.

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