Semaine sainte à Grenade (5/10). Les statues des pasos.

31 août 2013

Semaine sainte à Grenade (5/10). Les statues des pasos.

Des statues parfois très anciennes - Des pasos généralement par deux - Le premierr est une scène de la passion, le second une madone

Tu n’avais qu’un an de moins que moi mais au grand jamais tu demeureras ce jeune homme

Eternellement ce jeune homme et nul ne verra tes cheveux blanchir ton front ridé

Dis à tes bourreaux merci de t’épargner ce déclin dont tu ne te fais pas idée

Federico Garcia Lorca puisque à la fin des fins il faut que ma bouche te nomme [1]

Les statues des pasos sont toutes à taille humaine et certaines peuvent être très anciennes. Les plus vieilles datent de 1513 et 1520, cinq du XVIe, huit du XVIIe, dix du XVIIIe, une seule du XIXe (1896), deux du début du siècle précédent (1917 / 1926), sept seulement de la période franquiste, mais vingt huit ont été sculptées depuis 1980 ! Mais alors, faut-il parler d’un renouveau de la foi en Espagne alors que tout indique le contraire, la désaffection des églises, la laïcisation de la vie publique ?

Ces groupes statuaires, pour les pasos dédiés au Christ, représentent généralement des scènes de la Passion : l’entrée de Jésus dans Jérusalem, la Cène, Jésus dépouillé de ses vêtements, Jésus captif, l’oraison au mont des Oliviers, le Christ à la lance, Jésus portant la croix, Jésus tombant, la résurrection, le triomphe… Ces scènes peuvent comporter plusieurs personnages. Il semble d’ailleurs qu’à des statues plus anciennes ont été ajoutées récemment d’autres personnages pour composer une scène particulière de la passion : par exemple un Christ du XVIIIe à qui on a accolé d’autres personnages dans les années 1960 : un soldat romain et un des deux larrons.

Le plateau du paso est entièrement recouvert de fleurs : des œillets et glaïeuls rouges ou, parfois, des iris mauves pour le Christ, des œillets blancs et des iris bleus pour la Vierge. Mais le plus souvent le paso du Christ est recouvert d’un tapis d’œillets rouges, celui de la Vierge d’œillets blancs. Ce sont les membres des confréries qui préparent les pasos et il n’est pas rare de voir, pendant la Semaine-Sainte, dans les églises, des hommes grimpés sur des échelles qui arrangent le dais ou disposent avec soin la traîne de la Vierge ou encore, sur une placette, des hommes couper les tiges de bouquets d’œillets placés en brassées dans des seaux d’eau puis piquer chaque fleur sur la surface du paso en un tapis serré.

« Les Espagnols mettent toute leur gloire à se dépouiller de leurs richesses pour en parer les objets de leur culte ; et l’image du Dieu vivant placée au milieu des voiles de dentelles, des couronnes de perle et des gerbes de rubis, est adorée par un peuple à demi nu » [2].

Chaque confrérie prépare en général deux pasos toujours disposés dans le même ordre dans la procession, le Christ en premier, la Vierge en second. Si la très grande majorité des confréries, 28 sur 34, présente deux pasos, quelques-uns unes n’en ont qu’un, mais une en présente quatre : « Jesús de la Meditación » (Jésus en méditation), une confrérie de l’Université, créée en 1979, et qui porte notamment deux statues du Christs du XVIIe siècle, « Jesús de la Meditación » et « Jesús del Encuentro ».

Labrad, amigos,
de piedra y sueño en el Alhambra,
un túmulo al poeta,
sobre una fuente donde llore el agua,
y eternamente diga:
el crimen fue en Granada ¡en su Granada!

Elevez, mes amis,
dans l’Alhambra, de pierre et de songe,
un tombeau au poète,
sur une fontaine où l’eau gémira
et dira éternellement :
le crime a bien eu lieu à Grenada, sa Grenade ! [3]