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Notes d'Itinérances
14 septembre 2013

Yémen - Aden Arabie (4/33). Sanaa.

La vieille ville de Sanaa - Ses activités - Ses bruits

 

 

« A cinq jours de marche forcée de la mer Rouge et à trois mille mètres environ d’altitude, s’étale, au sud-ouest de la presqu’île arabique, un cirque vaste et rocailleux qui porte Sanaa, antique capitale du Yémen qu’on appelait jadis Arabie Heureuse » [1].

 

Édifiée dans une vallée de montagne à 2 200 mètres d'altitude, Sanaa est habitée depuis plus de 2 500 ans. Aux VIIe et VIIIe siècles, la ville était un centre important de propagation de l'islam ce qui se constate encore au travers du patrimoine architectural de la vieille ville avec ses 106 mosquées, 12 hammams et 6 500 maisons tours qui datent souvent d'avant le XIe siècle.

 

« Des montagnes aiguës gardent de toutes parts le plateau immense. Chaque pic est couronné d’un village fortifié, et ce sont autant de sentinelles de la cité de l’Imam » [2].

 

La vieille ville de Sanaa est composée de voies étroites, pas très rectilignes, à l’image des villes du monde arabe. Par contre, la verticalité des maisons tours et l’ouverture de ces maisons vers l’extérieur, donnent un tout autre aspect aux rues, paradoxalement plus aérées car les façades sont plus éloignées. Les rues soigneusement recouvertes de grandes dalles pavées sont régulièrement nettoyées et particulièrement propres.

 

S’il existe des activités commerciales et artisanales dans les rues de la vieille ville (cafés, restaurants, marchands de souvenirs, menuisiers, mécaniciens), l’essentiel des commerces est concentré dans les souks, en regroupant les mêmes types de produits. Il existe une trentaine de souks spécialisés tels que le souk des tissus, des céréales, des forgerons, des épices, des bijoutiers, de l’artisanat, des légumes, des raisins secs. L’après-midi, les activités dans les rues et les souks sont assez calmes, voire langoureuses, pour cause de consommation intensive et généralisée du qat, elles reprennent en soirée et la nuit. Les commerces restent ouverts fort tard et il n’est pas rare que les artisans travaillent jusqu’à une heure très avancée de la nuit. Ce qui donne bien évidemment l’occasion de discussions, interpellations et bruits de machines diverses. Ajoutez à ce bruit de fond déjà assez important, le klaxon des automobiles qui ont du mal à se frayer un passage, les aboiements de bandes de chiens errants dans les rues et les jardins abandonnés, les appels à la prière au coucher et au lever du soleil. Résultat : les nuits ne sont pas toujours de tout repos ! Pour peu, qu’à l’aurore, un enterrement passe sous vos fenêtres et s’en est fini de la grasse matinée compensatrice. Le cercueil est porté à dos d’hommes, précédé d’enfants et suivi par les adultes, tous masculins bien entendus. Un vieil homme - un imam ? – accompagne le cortège en lançant des psalmodies, récitant à forte voix des psaumes, invitant les enfants et les hommes à les répéter.

 

Plusieurs cours d'eau traversent Sanaa, alimentés par les pluies qui tombent sur les montagnes entourant la ville de toutes parts. Ces cours d'eau ont été canalisés progressivement pour éviter les inondations répétées, mais comme ce canal ne voit couler de l’eau que quelques jours par an, il est aussi utilisé comme route pour la circulation quotidienne ! Une large voie dallée, bordée de hauts murs, traverse ainsi la vieille ville. Des rampes d’accès permettent aux véhicules de remonter sur les quais et de circuler dans les différents quartiers.

 

La vieille ville est entourée par une Sanaa moderne, semblable à toutes les villes du Maghreb, avec des immeubles en forme de boites, mal équarries, souvent non terminées avec des ferraillages en béton qui dépassent. Les rues sont encombrées de voitures, de charrettes et d’étalages. De temps en temps, l’immeuble d’une institution internationale ou d’une ambassade se fait remarquer, à la fois par sa finition, façade lisse et peinte à neuf, mais aussi par ses hauts murs surmontés de barbelés, ses portails métalliques et les guérites de ses gardiens. Chacun d’eux semble être un bunker, un camp retranché, avec ses gardes armés, ses portiques, la fouille des véhicules et le contrôle du dessous des châssis.

 


[1] Joseph Kessel. « Fortune carrée ». 1930.

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