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Notes d'Itinérances
14 septembre 2013

Yémen - Aden Arabie (6/33). Une situation, économique, sociale et politique problématique.

Une très forte expansion démographique - Une absence d'emplois - Le renvoi des travailleurs yéménites émigrés

 

 

Compte tenu d’un taux d’expansion démographique exceptionnel (3,46% par an, ce qui correspond à un doublement de la population tous les 24 ans !), de l’insuffisance des terres arables, de l’absence de développement industriel, dans les années 70 et 80, la main d’œuvre non qualifiée constituait pour les deux Yémen, Nord et Sud, le principal bien d’exportation avec le qat.

 

Le boom pétrolier du début des années 70 en Arabie Saoudite et dans les pays du golfe persique entraîna une très forte demande de main-d’œuvre internationale en provenance notamment des pays arabes. En 1978, année où l’immigration de la main-d’œuvre yéménite culmina, les transferts effectués par les travailleurs expatriés vers la République Arabe du Yémen représentaient entre 900 millions et 1,5 milliard de dollars !

 

En 1990, lors de la première guerre du Golfe, la république du Yémen refusa de soutenir les résolutions des Nations Unies contre l’Irak. En conséquence, les relations du Yémen avec ses puissants voisins se détériorèrent. Les aides financières provenant des fonds arabes se tarirent et près d’un million de travailleurs yéménites furent expulsés d’Arabie Saoudite créant, parallèlement aux bouleversements induits par l’unification du pays, de graves problèmes économiques et sociaux. Cette expulsion massive de travailleurs expatriés a non seulement privé le Yémen des transferts de devises dont le pays a le plus grand besoin mais elle a aussi notablement grossi la masse des chômeurs dans les villes.

 

Les liens du Yémen avec ses voisins se sont améliorés avec la reprise, en 1999, des relations diplomatiques avec le Koweït puis, en 2000, avec la conclusion du traité de Djeddah réglant le litige frontalier avec l’Arabie saoudite. S'agissant de la frontière orientale entre les deux pays, à l’emplacement du saillant en forme de triangle qui caractérise la carte du Yémen, ce dernier bénéficierait de gains territoriaux substantiels d’autant plus intéressants que cette région recèlerait des ressources pétrolières. Si un accord de coopération sécuritaire a été conclu en juin 2003 entre l’Arabie saoudite et le Yémen, les travailleurs yéménites n’ont généralement pas pu regagner l’Arabie saoudite celle-ci ayant trouvé, ailleurs, les travailleurs émigrés dont elle avait besoin.

 

Sans rompre toutefois ses relations diplomatiques avec l’Irak, le Yémen a adopté une position neutre, plus prudente, lors de la seconde guerre du Golfe de 2003, sans toutefois soutenir l’intervention américaine.

 

Dans les ministères, on croise essentiellement des hommes, même si l’on y remarque quelques très rares femmes employées le plus souvent comme secrétaires. Toutes les personnes qui circulent dans les couloirs, ou qui attendent dans les antichambres, ne sont pas nécessairement des employés. De nombreux solliciteurs viennent rencontrer les responsables et attendent que ceux-ci veuillent bien les recevoir en espérant quelques avantages. Un grand nombre de ces solliciteurs arbore la Jambia, ce poignard courbe porté à la ceinture, sur le ventre. Mais les délégations étrangères ne manquent pas non plus, allemande, française, chinoise, lesquelles attendent aussi d’être reçues par un ministre.

 

« Il est vrai que les montagnes font l’agrément, l’abondance et toutes les richesses du royaume d’Yémen car, comme je l’ai déjà dit, tout ce qui s’étend le long de la mer Rouge n’est qu’une mauvaise plage sèche et presque stérile qui, en quelques endroit, à jusqu’à dix ou douze lieux de largeur, mais qui est bordée en revanche par ces mêmes montagnes, lesquelles outre le café portent beaucoup d’arbres, des fruits en quantité et où se trouve de l’eau fort saine, une agréable fraîcheur et un printemps presque continuel » [1].

 


[1] Jean de La Roque. « Voyage de l’Arabie Heureuse par l’Océan Oriental et le Détroit de la Mer Rouge, Fait par les François pour la première fois, dans les années 1708, 1709 & 1710. Avec la relation particulière d’un Voyage Fait du Oort de Moka à la Cour du Roy d’Yémen, dans la féconde Expédition des années 1711, 1712 & 1713 ». 1716.

 

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