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Notes d'Itinérances
21 septembre 2013

Yémen - Aden Arabie (27/33). Pier Paolo Pasolini et les intégrismes.

Une ville fantôme qui connut son heure de gloire - Erotisme et intégrisme

 

 

Déclinante faute de ressources, Zabid est à l’abandon et en très mauvais état de conservation. La ville est détruite à la fois par le départ de ses habitants mais aussi par les aménagements de ceux qui restent. 35% de l’habitat est effondré ou remplacé par des constructions à étage, en béton ou en parpaings. Le cinquième des habitations est abandonné par suite de l’exode et Zabid perd en moyenne 20 à 30 habitations historiques par an.

 

Le reste de la ville est dans un état préoccupant de conservation. Le souk (313 boutiques) est à 40% effondré ou délabré. 80 boutiques y fonctionnent encore, de ci de là, mais avec peu de produits et une activité réduite. Les monuments souffrent du manque d’entretien. De nombreux empiétements sur l’espace public rétrécissent la voirie, les rues ne sont pas pavées et il n’existe pas de réseau d’assainissement. La ville n’offre plus aucun service urbain.

 

La visite de Zabid relève presque d’une promenade dans une ville fantôme, personnes dans les rues si ce n’est quelques rares groupes d’enfants rieurs, des mosquées désertées, des ruelles ensablées aux maisons en ruine jonchées de détritus. Dans le souk, les très rares commerces ouverts ont de pauvres étalages très loin du faste habituel des bazars orientaux.

 

En 1973, Zabid a connu un dernier moment de gloire avec le tournage de quelques scènes du film « Les mille et une nuits » de Pier Paolo Pasolini, film qui devait recevoir le prix spécial du jury au 27e festival international du film de Cannes en 1974.

 

Dans sa « trilogie de la vie » (Le Décaméron, Les Contes de Canterbury et Les Mille et Une Nuits), Pasolini dénonce tout à la fois la morale et l’hypocrisie de la bourgeoisie occidentale concernant la sexualité, mais aussi le consumérisme auquel elle peut donner lieu.

 

Ces trois films sont mis en scène dans des contextes historiques, sociétaux et géographiques très différents du notre afin de faire de ces historiettes des contes ou des rêves éveillés. L’objectif est de libérer les rapports sexuels des contingences économiques, religieuses ou morales, et donc des rapports de possession et de domination liés à notre société contemporaine. Les personnages apparaissent libres de toutes inhibitions et de toutes morales coercitives.

 

Toutefois, cette liberté sexuelle ne débouche pas sur la consommation de sexe mais, au contraire, sur des rapports riches de sentiments, d’innocence et de douceur. Le sexe n’est plus triste, morbide ou obscène, mais tendre, drôle et sensuel.

 

A Zabid, si des jeunes gens se proposent, contre une petite rémunération bien entendu, de vous faire visiter la maison dans laquelle certaines des scènes du film auraient été tournées, je suppose qu’aucun d’entre eux ne l’a visionné, ni même aucun de leurs parents ou des habitants de la ville. Les corps dénudés des acteurs, l’érotisme des scénettes, voire leur franche et gaillarde paillardise, suffiraient à vouer aux gémonies le metteur en scène par les imams du cru lesquels déclencheraient pour le moins une guerre sainte ! Il est alors d’autant plus amusant de constater l’air recueilli et admiratif que prennent les habitants de Zabid quand ils parlent du film… Ils en font leur gloire, bien qu’ils n’en connaissent pas le contenu !

 

Il reste beaucoup à faire du côté de tous les intégrismes quels qu’ils soient !

 

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