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Notes d'Itinérances
22 septembre 2013

Yémen - Aden Arabie (29/33). Al Hodeidah et l'Institut agricole de Sardoud.

"L'incident d'Al Hodeidah" - Quand les portes des hôtels font du prosélytisme - Un institut agricole avec un taux d'encadrement record

 

 

Al Hodeidah est l’un des principaux ports du Yémen. Moderne et disposant d’une activité industrielle importante, il concurrence même le port d’Aden. Si sa fondation remonte au XVIe siècle, il ne s’est développé qu’à partir du XIXe, sous l’occupation ottomane. Les Turcs l’utilisèrent alors comme bastion pour envahir le nord du Yémen.

 

« A Hodeidah, port de Sana, de Manacha, du haut Yémen, dans les entrepôts, à l’extrémité de longs couloirs, derrière des vantaux travaillé, sont effondrées les collines verdoyantes de café, où, comme dans un bain froid, les membres perdraient leur sueur » [1].

 

La ville a donné son nom à un épisode de la première guerre mondiale : « l’incident d’Hodeidah ». La ville était sous occupation de l’Empire ottoman qui est entré en guerre aux côtés de l’Allemagne en novembre 1914. En décembre, les policiers turcs poursuivent le consul anglais et l’arrêtent alors qu’il s’est réfugié dans le consulat italien, violant ainsi son immunité territoriale. En représailles, l’Italie, qui n’entrera en guerre qu’en 1915, envoie des croiseurs au large d’Al Hodeidah, où ils rejoindront des forces navales britanniques, en exigeant (vainement) la remise du diplomate anglais. Ce déploiement au large de la ville n’empêchera pas un navire pirate allemand, qui avait coulé plusieurs cargos anglais et alliés, de venir se réfugier dans le port d’Al Hodeidah en décembre alors qu’il était poursuivi par la marine anglaise !

 

Après la visite de Zabid, dont les remarquables richesses architecturales s’effritent pour tomber en poussière, Al Hodeidah surprend par sa modernité et son dynamisme. De grandes avenues, à la circulation dense, sont bordées d’immeubles modernes. La ville bénéficie d’un tissu d’entreprises, notamment agroalimentaires, avec des unités modernes et exportatrices (jus de fruits, conserves, cigarettes). C’est donc sans difficultés que nous trouvons un hôtel de standard international. Quoi que… Il présente en effet une particularité : la porte du hall est sonorisée et répète inlassablement la même phrase à chaque passage de client. Peut-être : « Soyez les bienvenus » ? Renseignement pris et traduction assurée par notre accompagnateur, la bande sonore vous intime l’ordre suivant : « Vous qui ouvrez cette porte, avez-vous pensé à louer Dieu ? » ! Quand je vous disais qu’il restait encore beaucoup à faire du côté de tous les intégrismes !

 

L’institut agricole est situé dans le wadi Sardoud, l’une des plus importantes vallées transversales de la plaine de la Tihama, à proximité de deux autres structures agricoles publiques, d’une part le centre de recherche agronomique de la Tihama, l’un des mieux dotés du Yémen et qui effectue des expérimentations sur les céréales, légumineuses, fourrages, fruits tropicaux, légumes, coton, sésame, tabac… D’autre part, une ferme d’Etat produisant mangues, bananes, goyaves en culture irriguée, et maïs, coton et céréales en régime pluvial. L’institut, ouvert en 1982, dispose de salles de classes, bureaux, laboratoires ainsi qu’un restaurant, un internat pour les élèves, des logements pour des professeurs et une ferme d’application. Les locaux sont en assez mauvais état. Certains bâtiments, construits en 1986, n’ont même jamais été réceptionnés et utilisés par suite de malfaçons et de litiges avec les entreprises. Les équipements pédagogiques sont généralement hors d’usage comme les 3 tracteurs et les deux bus. L’exploitation agricole, d’une superficie de 25 hectares, est entièrement irrigable mais ne l’est que très partiellement. Les installations pour les ateliers de production animale sont totalement obsolètes ce qui explique que les productions animales soient limitées à 10 vaches, 30 moutons, 10 chèvres, 120 ruches et une centaine de poules ! L’établissement accueille un nombre ridicule d’élèves (73), avec un corps enseignant de 24 personnes, dans les spécialités production végétale et production animale, l’option agroalimentaire n’étant plus assurée faute d’équipements en état. Cela fait un ratio d’un professeur pour 3 élèves !

 

L’Institut se trouve dans une situation assez paradoxale. Situé au cœur d’une région agricole ayant de très fortes potentialités de développement, entouré de structures susceptibles de lui apporter des appuis, avec un recrutement local régulier, mais n’ayant aucune autonomie vis-à-vis du ministère sa direction ne prend aucune responsabilité dans l’attente des décisions de l’Etat, préférant laisser les choses traîner en l’état plutôt que de prendre des initiatives avec des partenaires locaux, collectivités locales, professionnels, recherche.

 

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