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Notes d'Itinérances
11 octobre 2013

En pays maya - Yucatan et Hautes Terres (2/24). Les Basses-Terres du Nord.

Des conditions géo-climatiques difficiles - Les cultures itinérantes - Cancun et ses verrues de béton

 

 

Air France désservant désormais Cancun, l’objectif était de visiter les principales cités mayas en effectuant un voyage décrivant assez exactement un S : en allant tout d’abord vers l’Ouest (Chichen Itza, Uxmal et Campeche) puis vers le Sud en longeant le golfe du Mexique, en retraversant vers l’Est par la vallée de l’Usumacinta et dans la région du Peten (Palenque, Bonampak puis Tikal et Yaxha au Guatemala) avant de redescendre au Sud (Guatemala Ciudad) et finir dans les Hautes-Terres du lac Atitlàn à l’Ouest.

 

Au Nord, les Basses-Terres du Yucatan sont constituées d’un plateau calcaire de faible altitude, 50 mètres, s’élevant doucement vers le Sud (moins de 200 mètres à Tikal). Malgré des pluies assez abondantes (700 mm), il existe peu de rivières de surface, l’eau s’écoulant par des fleuves souterrains. La surface du plateau est ainsi trouée par des avens à ciel ouverts, les « cénotes », au fond desquels affleure la nappe d’eau naturelle. Le sol végétal est mince et dérive des substances calcaires de la roche mère, contenant très peu de matières organiques. Cultivé, il s’épuise vite et exige une douzaine d’années pour se régénérer naturellement. Avec une température moyenne élevée, 26°, les épisodes de sécheresse sont fréquents. Le plateau est couvert d’une végétation xérophile [1], clairsemée, où domine l’hématine (Havematoxylon campechianum ou Campeche), un arbre de 10 à 15 mètres avec un tronc rouge et des branches épineuses, duquel on extrait un colorant (indigo).

 

La culture itinérante, qui était une pratique traditionnelle des Mayas, est encore largement utilisée aujourd’hui dans cette zone faute de matériel et d’intrants. Deux phases se succèdent, une de culture (« milpa »), après défrichage et brûlis, dans laquelle maïs, haricots et courges sont cultivés simultanément, et la phase suivante où les buissons sauvages et les arbres repoussent et envahissent le sol. La culture dure traditionnellement deux à trois ans et la jachère de cinq à vingt ans, selon le sol, la végétation et la disponibilité en terre. En outre il s’est développé, au XIXe siècle, dans de grandes haciendas, la culture de l’agave sisalana (ou henequén), une plante très peu exigeante, dont on tire une fibre, le sisal. La concurrence des fibres synthétiques a entraîné un effondrement de la production entre les deux Guerres Mondiales et la quasi-disparition des grandes haciendas dont une partie d’entre elles a été reconvertie en hôtels. L’agriculture irriguée est peu développée en raison des sols médiocres, retenant mal l’eau, mais aussi parce que les investissements nécessaires dépassent les capacités financières des petits producteurs. Au Yucatan, il n’y avait que 47 000 ha irrigués en 1995, soit moins de 5 pour cent de la surface cultivée. Ces dernières décennies, avec l’augmentation de la pression démographique, la durée de rotation des terres « milpa » est devenue trop courte pour permettre la reconstitution de la fertilité des sols après les périodes de culture. Les rendements et la capacité de résistance à la sécheresse ont ainsi été réduits, abaissant les niveaux de sécurité alimentaire des communautés rurales [2].

 

Les routes, parfaitement rectilignes, traversent une végétation arbustive, épineuse, assez désolée. Des trouées dans la couverture végétale laissent apparaître des chemins de terre qui s’enfoncent dans cette maigre forêt et conduisent à des fermes isolées. Le survol de la zone, comme les photographies satellitaires, permettent de repérer ces exploitations au milieu de petites zones défrichées. Parfois, autour de zones basses, humides, ou de vastes cénotes, les cultures se font plus denses, la population plus nombreuse. C’est peu dire que le paysage n’est pas très attrayantsite, après un départ dans un site, Cancun, qui ne l’était pas plus mais pour d’autres raisons ! 

 

A Cancun, le cordon littoral de la mer des Caraïbes est totalement défiguré par une suite régulière d’hôtels monstrueux, établissant un mur continu le long de la plage, mur au pied duquel poussent toutes sortes de verrues de béton et de métal servant de bar, de restaurant, de centres commerciaux, de boutiques de souvenir : 30 000 chambres d’hôtels au long d’une autoroute embouteillée, à quatre voies et de vingt-deux kilomètres de long. Tel est le « paradis touristique » de Cancun !

 


[1] Supportant la sécheresse.

[2] FAO, département de l’agriculture. « Système d’exploitation agricole et pauvreté ». 2001.

 

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