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Notes d'Itinérances
15 octobre 2013

En pays maya - Yucatan et Hautes Terres (9/24). La vallée de l’Usumacinta et la région du Petén.

Une vallée autrefois sauvage - Une zone de colonisation agricole accélérée

 

 

Le Río Usumacinta est un fleuve long de 560 km. Il prend sa source sur les hauteurs du Guatemala, sert de frontière entre le Guatemala et l’État mexicain du Chiapas, puis continue sa course au Nord-ouest, à travers l'État mexicain de Tabasco pour se jeter dans le golfe du Mexique. Le fleuve et ses affluents étaient un axe de circulation majeur de la civilisation maya, assurant le commerce Nord-ouest / Sud-est. Yaxchilán et Piedras Negras, deux des villes les plus puissantes de la période maya, se trouvent le long de ses rives, Palenque et Bonampak à proximité. Ensuite une série de cités étaient situées sur ses affluents d’amont faisant le lien avec la côte des Caraïbes.

 

Avant la route frontalière construite par le Mexique jusqu’à Frontera Echeverria, dans les années 1990, la rivière était encore le seul moyen de déplacement dans cette région. La correspondance n’est d’ailleurs toujours pas assurée avec le Guatemala, puisqu’a Frontera Echeverria il faut remonter le fleuve en pirogue sur une dizaine de kilomètres pour trouver le poste frontière guatémaltèque et une piste qui permet de rejoindre Las Flores par Las Cruces.

 

Les Basses-Terres du Sud sont un plateau calcaire, à 200 / 300 mètres d’altitude, venant buter sur les premiers contreforts des Hautes-Terres mayas. De climat tropical, la présence de l'eau est importante, avec de nombreuses rivières provenant des Hautes-Terres qui jouent le rôle de château d’eau. Les sols sont pauvres mais couverts par une forêt tropicale pouvant atteindre quarante mètres de haut. Cette zone héberge une riche faune avec près de trois cent espèces d’oiseaux dont les toucans et les dindes sauvages, mais aussi les singes hurleurs et les singes araignées, les renards, cerfs, pumas et jaguars, sans oublier les reptiles.

 

Longtemps isolée, avec une population faible, la zone est actuellement soumise à une forte croissance démographique, évaluée entre 7 et 10% par an, par suite d’une très forte colonisation agricole. Le mode de culture de base est, comme au temps des Mayas, celui de la « milpa » avec cultures de maïs, de haricots noirs et de courges à pépites sur brûlis. La « milpa »permet de couvrir les besoins vivriers des nouveaux colons puis, dès la production d’excédents, ceux-ci sont commercialisés sur le marché lequel est contrôlé par des transporteurs intermédiaires. La « milpa » est suivie d’une jachère pluriannuelle arborée (« guamil »), de 2-3 ans en moyenne. Après une dizaine d’années, le « guamil » domine le paysage. Petit à petit, la formation arborée est convertie en pâturages semé (« pasto ») pour des bovins allaitants, les migrants souhaitant devenir « vaquero » offrant, outre un prestige social, une possibilité de capitalisation. Ceux qui ne peuvent le faire, louent leurs pâturages à de riches fermiers, ou vont conquérir de nouvelles terres. De fait, le système « rejette les « marginaux» à l’assaut de nouvelles franges forestières, situées à présent à l’intérieur des aires protégées » [1].

 

La déforestation s’élèverait à 80 000 ha par an. En conséquence, la colonisation agricole menace les écosystèmes du bassin du Río Usumacinta et de ses affluents : forêt, fleuves, lagunes, zones humides, faune et flore. La route qui va de Palenque à Las Florès permet de constater le mitage de la forêt avec l’aménagement de gravières au long du fleuve, des installations pionnières d’agriculteurs, mais aussi de traverser de vastes zones planes de pâturages pour des bovins, voire même de production de papayes.

 

A partir de 1989, suite au constat d’une importante dégradation des milieux forestiers, une politique de conservation de l’environnement est instituée au Guatemala avec la création d’aires protégées, dont la Réserve de Biosphère Maya (1990). Conjointement, sont prescrites des « bonnes pratiques environnementales » : haies vives, jardins-vergers, engrais verts dans la rotation de la « milpa ». Ces pratiques, qui seraient issues des savoirs de la civilisation des Basses-Terres mayas, devraient permettre de passer d’une logique d’expansion des surfaces à une logique d’intensification des cultures et de gestion durable.

 


[1] Rachel Effantin, Bernard Hubert. « Politique de stabilisation foncière et conservation de la biodiversité : le cas de la réserve de biosphère maya, Petén (Guatemala) ». Presses de Sciences Po / Autrepart. 2004.

 

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