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Notes d'Itinérances
18 octobre 2013

En pays maya - Yucatan et Hautes Terres (15/24). Les Mayas, ces grecs des Amériques ?

Des cités d'une haute culture, toujours en guerre entre elles - Des rites sanguinaires

 

 

Les Mayas sont porteurs d’une civilisation ayant acquis des connaissances élevées, en architecture, en écriture, en astronomie, mais aussi en mathématiques car ils connaissaient et utilisaient le nombre zéro [1]. Le fait que la civilisation Maya n’ait pas constitué progressivement un empire centralisé, contrairement aux Aztèques ou aux Incas, et que les grandes cités mayas soient restées indépendantes les unes des autres et aient été entre elles en conflit fréquent, permet de faire le rapprochement avec la civilisation hellénistique, composée de cités-Etats en guerre constante entre elles, mais qui fut aussi une grande bâtisseuse, à l’origine de la philosophie ou du théâtre occidental, comme des mathématiques, de l’astronomie ou de la médecine.

 

Néanmoins cette comparaison apparaît un peu gênante car nous nous considérons, à juste titre, comme les descendants de cette prestigieuse civilisation hellène laquelle imprègne encore largement notre langue, notre philosophie, notre manière de penser. En effet, les Mayas étaient un peuple sanguinaire même s’ils l’étaient peut-être « moins » [2] que les Aztèques. Sanguinaires vis-à-vis d’eux-mêmes, le rite de la saignée étant une manifestation nécessaire pour se concilier les dieux. Le roi se servait d’un couteau d’obsidienne ou d’un aiguillon pour s’entailler le pénis, ses épouses tiraient une corde hérissée d’épines à travers leur langue pour faire couler leur sang comme le montre les dessins des temples à Bonampak ! Bien sûr, cela n’était rien encore en regard des sacrifices imposés aux prisonniers faits lors des guerres incessantes entre citées : doigts coupés (également représentés à Bonampak), cœurs arrachés de la poitrine, enfants noyés, têtes coupées et empalées sur des pieux comme représentées sur la frise du « Tzompantli » de Chichen-Itza.

 

Certes, les historiens pourront rétorquer que les victimes pouvaient être consentantes, voire même volontaires, considérant qu’elles allaient, par leur sacrifice, participer à la course du soleil et à réanimer les dieux. Dans tous les cas, la mort n’était pas réputée comme une fin mais comme un commencement. Cela froisse néanmoins notre sentimentalité !

 

Evidemment, les Grecs n’étaient pas non plus des petits saints ! Les guerres incessantes entre cités s’accompagnaient « naturellement » de tueries, de massacres, de déportations, de pillages et de tout son cortège d’horreurs. Dans les premiers temps de Sparte, l’on sacrifiait les prisonniers à Arès, dieu de la guerre. Agamemnon aurait sacrifié sa propre fille Iphigénie pour que les vents lui soient favorables, mais on ne sait plus si l’on est dans le mythe ou dans une résurgence de pratiques anciennes des Grecs. Il semble toutefois qu’il existait généralement une espèce de « code d'honneur » de la guerre, non écrit, interdisant notamment de mettre à mort de sang-froid un prisonnier, même s’il n’était pas nécessairement toujours respecté. Enfin, il convient de ne pas oublier que la Grèce « démocratique » ne concernait qu’un petit nombre d’individus, l’esclavage était une composante essentielle de la cité grecque, considérée comme tout à fait « naturelle » par la petite minorité des citoyens. Néanmoins, la civilisation hellénistique, même si les dieux y sont encore très présents, participe à un basculement des valeurs en mettant l’homme au cœur de sa réflexion, en annonçant l’investigation scientifique et fondant les bases de la philosophie matérialiste.

 

La référence sur les Mayas comme étant « les Grecs des Amériques » semble apparaître au XIXe siècle. Roland Pécout la reprend en faisant référence aux Aztèques et Mayas qu’il nomme respectivement « les Romains et les Grecs de l'Amérique » [3]. C’est plutôt une image pour comparer Aztèques et Mayas. Les Aztèques comme les Romains ont créé un vaste empire, les premiers ont abondamment pillé la culture maya, comme les seconds la culture hellène !

 

Fort heureusement chacun sait que nous autres, peuples européens, dignes descendants de la culture hellène, sommes parfaitement incapables des horreurs sanguinaires auxquels se livraient les Mayas et qu’aucune comparaison n’est donc possible !

 


[1] Par exemple, pour le calcul du temps dans les comptes longs, le temps 9.9.16.0.0 est égal à 9 bak’tun, 9 k’atun, 16 tun, 0 winal, 0 kin, c'est-à-dire la durée de 9 x 400 tun (année de compte de 360 jours) + 9 x 20 tun + 16 tun + 0 winal (mois de 20 jours) + 0 kin (jour).

[2] Peut-on être « plus » ou « moins » sanguinaires ?

[3] Roland Pécout. « Amériques éclatées I, II, III ». Dolines. N°18. 1985.

 

Liste des articles sur les Mayas

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