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Notes d'Itinérances
18 octobre 2013

En pays maya - Yucatan et Hautes Terres (16/24). L'organisation sociale.

Les différents groupes sociaux - Avec des relations étanches ou complexes ?

 

 

« Avant que les Espagnols ne conquissent cette contrée, la population autochtone vivait regroupée dans des villes de façon très civilisée [...]. Le lieu où ils résidaient se présentait de la manière suivante : au centre de la ville il y avait leurs temples avec de belles places. Tout autour des temples s’élevaient les maisons des seigneurs et des prêtres et des personnages les plus importants. Près de ces dernières, on trouvait les résidences des personnes les plus riches et de celles pour qui ils avaient le plus d’estime. En bordure de la ville se tenaient les maisons des gens de rang inférieur » [1].

 

Cette description, qui n’est peut-être pas avérée pour toutes les villes mayas, a néanmoins l’intérêt de souligner la structuration de la société et de la cité. Au centre, près des grands temples, le roi et sa famille, entourés par la noblesse, puis autour d’eux le peuple dans une configuration plus ou moins diffuse compte-tenu de l’existence des jardins et espaces cultivés nécessaires à l’alimentation de la cité. Elle apparait à Palenque, en s’éloignant de la place centrale du site, avec la découverte de fondations de pierres de quelques maisons attribuées à des familles nobles. Si les fondations et le bas des murs étaient de pierre, la structure de l’habitation était en bois permettant des surfaces intérieures plus importantes qu’en pierre, superstructure qui était vraisemblablement recouverte de stuc.

 

Chaque cité était gouvernée par un « roi », le « seigneur sacré », divinisé, dont la charge était vraisemblablement héréditaire par voie patrilinéaire. Il concentrait les pouvoirs religieux, militaires et civils. Il nommait des gouverneurs dans les villes secondaires, certainement choisis dans sa famille.

 

Autour, ou à côté du roi, il y avait un corps de prêtres chargés vraisemblablement d’étudier les astres, d’analyser les textes anciens, de faire des prophéties sur la base de l’étude de ces textes et du calendrier, d’écrire de nouveaux textes, d’être des médiums entre les dieux et les hommes, de faire des sacrifices… Mais constituaient-ils une caste ou une classe spécifique, ou étaient-ils issus de la famille royale et de la noblesse ?

 

Les peintures et représentations montrent qu’il existait aussi une classe noble, certainement intermédiaire dans l’organisation sociale entre le roi et le peuple, plus ou moins proche de la famille royale, jouant un rôle d’encadrement dans la conduite des opérations de guerre. Compte-tenu de l’ampleur des constructions, il y avait nécessairement aussi des artisans, maçons, sculpteurs, stucateurs, peintres, potiers. Si des ateliers ont pu être retrouvés, aucun bas-relief ou peinture ne représente des artisans au travail, pas plus que des agriculteurs ! Enfin, il y avait aussi des commerçants compte-tenu de l’importance des échanges de produits précieux, des artistes (danseurs et musiciens qui sont représentés à Bonampak), des agriculteurs et des esclaves.

 

Ces différentes fonctions étaient-elles exercées de manière très séparée entre des groupes sociaux distincts ? Au contraire, existait-il des pluriactivités du type « agriculture + artisanat », ou « commerce + artisanat », ou encore « artistes + prêtres », et pourquoi pas « noble + prêtre + artiste » ? Les textes consultés ne me permettent pas de le dire. De plus, dans quelle mesure ne sommes-nous pas influencés par notre propre civilisation et son histoire et ne projetons-nous pas nos représentations des sociétés européennes esclavagiste ou féodale sur la société maya ? Il serait possible, par exemple, que les membres de la famille royale remplissent plusieurs fonctions concomitamment : gouvernement, chefs religieux, responsables économiques, mais aussi artistes voire producteurs ! N’a-t-on pas l’exemple des gentilshommes-verriers qui appartenaient à la noblesse alors que celle-ci se caractérisait, à priori, par sa situation extérieure à la production et au travail manuel ?

 

Pour répondre à ces différentes questions, il faudra certainement bénéficier des résultats de nouvelles fouilles et recherches archéologiques, plus éloignées des centres monumentaux, comme il semble s’en faire depuis quelques temps.

 


[1] Diego de Landa Calderón. « Relación de las Cosas de Yucatán ». 1556. In Marie-Charlotte Arnauld, Dominique Michelet. « Nature et dynamique des cités mayas ». Annales - Histoire, Sciences Sociales. 2004/1 (59e année).

 

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