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Notes d'Itinérances
19 octobre 2013

En pays maya - Yucatan et Hautes Terres (17/24). Quelles étaient les sources de la richesse de la civilisation maya ?

La "milpa" une agriculture sur brûlis - Un système plus extensif qu'intensif - D'autres formes de production ?

 

 

Comme les autres peuples amérindiens, les Mayas ignoraient la métallurgie, donc les outils et armes en métal, ils ignoraient l'élevage et ne possédaient donc pas d'animaux de trait, et n’utilisaient pas de charrettes pour porter les charges. Leur technologie, comme leur économie, reposait sur la pierre taillée et l’agriculture, comme au néolithique. Ils n’en ont pas moins été capables de dégager des surplus importants leur permettant de construire de vastes ensembles architecturaux [1]. Une des questions les plus curieuses est justement celle de l’origine de ces importants surplus susceptibles de nourrir les tailleurs de pierre, les maçons, les stucateurs, les sculpteurs, les peintres, etc.

 

L'agriculture alors généralement pratiquée est une culture sur brûlis. Le paysan défriche un champ et brûle les arbustes et la végétation, seuls demeurent les grands arbres que les techniques de l’époque ne permettent pas d’abattre ni d’enlever leurs souches. La cendre assure la fertilisation du sol. Le champ est ensemencé au début de la saison des pluies avec un bâton à fouir et la récolte se fait à l'automne. Faute de matière organique dans le sol celui-ci est très vite épuisé et ne peut donner que deux à trois cultures successives. Après deux ou trois ans, il faut donc défricher de nouveaux terrains pour que les terrains abandonnés reconstituent leur couvert végétal. Pour éviter la stérilisation des sols, la rotation (succession des cultures sur une même parcelle) doit être au moins d’une dizaine d’années, voire d’une vingtaine d’années dans les Basses-Terres du Nord du Yucatan.

 

Dans tous les cas, cette technique exige de très vastes surfaces et induit une très grande dispersion de la population, ce qui apparait contradictoire avec la nécessité d’avoir une main d’œuvre disponible très nombreuse pour construire les monuments. Ne connaissant pas l’animal de trait, ni même l’animal de bât, et n’utilisant pas la roue, il est également impossible d’imaginer des transferts de produits alimentaires sur de longues distances de régions agricoles riches vers les lieux d’édification des monuments. Il semblerait toutefois que les Mayas aient su intensifier leur système de production avec une rotation de cultures (maïs / haricot), l’irrigation (existence de canaux de récupération des eaux de pluie et de réservoirs à Tikal notamment), le bêchage des sols et non plus seulement le bâton à fouir. Dans certaines régions humides, l’utilisation des boues des canaux, en constituant progressivement des champs surélevés, aurait permis de cultiver, tous les ans, maïs, haricots, courges, piments… Si ces techniques pouvaient être utilisées dans les sols présentant une structure favorable comme dans les vallées des Hautes-Terres du Guatemala, les Basses-Terres centrales (Chiapas, Nord du Guatemala et Belize, voire les zones alluviales du Sud du Yucatan), elles semblent peu probables dans les Basses-Terres du Nord constituées d’un vaste plateau calcaire de faible altitude, au sol très peu fertile et ne retenant pas l’eau. Or, de nombreuses cités mayas sont implantées dans cette zone dont certaines des plus riches comme Chichén-Itzà ou Uxmal !

 

Le commerce semble avoir été également une activité importante des Mayas, par portage et par navigation, donc sur des quantités modestes. En conséquence, ces échanges concernaient des produits « de luxe » mais ils pouvaient être réalisés sur des distances non négligeables. Le sel, les coquillages, les escargots et les épines de la raie Manta provenaient du Yucatan, de l’océan pacifique ou des Caraïbes, l'obsidienne, le jade, les plumes de quetzal ou les pierres de meulage provenaient des Hautes-Terres du Guatemala. Si l’existence d’un commerce important permet d’expliquer une certaine richesse, il ne permet pas d’expliquer toutefois l’origine des surplus alimentaires indispensables à la mobilisation de la main d’œuvre nécessaire à la construction des monuments sur le plateau du Yucatan. La complémentarité entre des parcelles de culture intensive autour, ou à proximité, de l’habitation et la mise en culture extensive de parcelles lointaines, était-elle suffisante pour assurer la production de ces surplus alimentaires indispensables ?

 

L’archéologie étrangère et mexicaine s’est manifestement donnée comme priorité la conservation des principaux monuments. De très nombreuses études restent donc à effectuer pour comprendre le fonctionnement du système de production et de reproduction maya, ce qui passe notamment par des analyses longues, difficiles et peu spectaculaires, des zones périphériques des pyramides et des palais.

 


[1] Marie-Charlotte Arnauld, Dominique Michelet. « Nature et dynamique des cités mayas ». Annales - Histoire, Sciences Sociales. 2004/1 (59e année).

 

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