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Notes d'Itinérances
20 octobre 2013

En pays maya - Yucatan et Hautes Terres (20/24). Marchés des Hautes-Terres.

Des marchés vivants et actifs - Un relatif silence... si ce n'était les évangélisateurs de tous poils !

 

 

Les Hautes-Terres, au peuplement dense, connaissent des marchés locaux, nombreux, animés et populaires : le mardi à Solalá, le jeudi à Chichicastenango et Totonicapán, le vendredi à Santiago Atitlán, San Francisco el Alto et Solalá, le dimanche à Chichicastenango et Momostenango, etc.

 

L’importance et l’apparente vigueur de ces marchés soulignent que l’économie locale n’est pas orientée vers la seule autoconsommation, mais qu’il existe bien un réel besoin d’échanges de produits, dans le cadre d’une économie marchande, pour satisfaire les besoins des familles.

 

On y trouve de tout (à l’exception peut-être des sous-vêtements !) et l’on pourrait distinguer trois niveaux de produits d’achat, même si, dans les allées, tout s’entremêle généralement en un magnifique mélange coloré. Un premier niveau concerne l’achat de produits alimentaires de consommation courante et de première nécessité pour les familles (maïs, haricots, légumes, fruits, œufs, tortillas), un second niveau d’achat est lié à une spécialisation des villages du fait des différenciations géographique (tomates, oignons dans les villages autour du lac Atitlan, animaux) ou culturelle (tissus), enfin une demande d’achat pour des produits industriels non fabriqués localement (outils, vêtements de l’industrie textile, chaussures et chapeaux, mais aussi aiguilles à coudre, montres abondamment chromées ou dorées, jouets en plastiques aux couleurs criardes).

 

En conséquence, selon les types de produits, les vendeurs peuvent être des producteurs de la zone proche ou de villages plus ou moins éloignés, mais aussi des commerçants professionnels qui vont de marchés en marchés. « Commerçants professionnels » ne veut d’ailleurs pas dire nécessairement qu’ils se déplacent avec un camion ou une voiture ! Il peut s’agir de colporteurs comme ce vendeur d’aiguilles à coudre qui portait tout son stock dans ses mains et ses poches. C’était aussi certainement le cas de cet « homme-pharmacie » dont le gilet était entièrement recouvert de plaques de pilules en feuilles d’aluminium !

 

La tenue de ces marchés entraîne des déplacements de populations importants. Les vendeurs ayant des stands plus conséquents (quelques tréteaux, des perches et une bâche pour protéger les articles) s’installent généralement dès la veille au soir en apportant leur matériel. Manifestement, d’autres doivent aussi louer, ou emprunter, ce matériel à des habitants de la ville car, à l’issue du marché, certains habitants le ramènent chez eux ! Les petits producteurs arrivent tôt le matin, avec leurs produits emballés dans des ballots de tissus, dans une ronde étourdissante d’autocars colorés. Les uns et les autres occupent alors les trottoirs et le milieu des rues avec des centaines, voire des milliers d’étals, bouleversant complètement la physionomie de la ville. Une fois passé le milieu de la journée, en à peine plus d’une heure, les bâches sont pliées, les marchandises et les étals disparaissent, le ballet des camionnettes et des autocars reprend, embouteillant les rues et emportant vendeurs, acheteurs, aliments et marchandises vers d’autres cieux !

 

Bien que la foule se presse dans le marché, il n’y a ni appel, ni exhortation, ni réclame, les vendeurs ne « font pas l’article » mais semblent attendre le client avec résignation ! Dans les marchés très touristiques, toutefois, quelques jeunes vendeurs ambulants vous sollicitent avec insistance. Dans cette ambiance plutôt silencieuse, bien que la bousculade soit grande, les prêcheurs évangélistes se distinguent en parlant fort, voire en utilisant micros et hauts parleurs ! La religion prédominante reste le catholicisme mais le Guatemala est marqué par une montée spectaculaire des baptistes, évangélistes et autres pentecôtistes (je ne sais pas faire la différence !) lesquels font bruyamment du prosélytisme à de nombreux coins de rue. Suite à l’affaiblissement des liens familiaux et communautaires, aux difficultés matérielles, « les « communautés de fraternité » formées par les pentecôtistes offrent une structure à partir de laquelle se recrée un dispositif d’entraide et de soutien. Dans le même temps, ces communautés permettent aux convertis de rompre avec leur passé, avec leurs anciennes appartenances, d’entrer dans le monde moderne en s’affirmant une identité nouvelle qui dépasse tout héritage culturel » [1]. Effet de la crise qui n’en est pas moins inquiétant.

 


[1] Sylvie Pédron-Colombani. « Pentecôtisme et diversification religieuse au Guatemala ». Socio-Anthropologie. 2011.

 

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