Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Notes d'Itinérances
16 novembre 2013

Cuba, deux ou trois choses à propos de l'ïle du "lézard vert" (14/47). Vedado, Calle 17, l'ICAP.

Un Institut Cubain d'Amitié avec les Peuples qui laisse perplexe

 

Cuba ICAP

 

Membres d’une association d’Amitié avec le Peuple Cubain, un détour s’impose pour aller rencontrer les responsables de l’Institut d’Amitié avec les Peuples, l’ICAP.

 

Sur le chapitre de l’amitié avec les peuples, du moins dans sa représentation symbolique, on ne lésine pas à Cuba ! L’ICAP est en effet située calle 17 dans une magnifique demeure bourgeoise, début de siècle, entourée d’un grand jardin ombragé. Après un vaste hall de marbre et de stucs, nous sommes invités à nous asseoir dans des fauteuils de rotin sous la galerie largement ouverte sur le jardin et ses majestueuses frondaisons. Le haut plafond est soutenu par des colonnes ioniques et le sol couvert de dalles de marbres blanc et noir. Des stores entre les colonnes permettent d’atténuer l’agression des rayons du soleil et les ventilateurs en plafond nous envoient un frais courant d’air dans la moiteur de la matinée. Dans le jardin, l’inévitable buste en plâtre blanc de celui que les Cubains appellent « l'Apostole », José Marti, patriote et poète, héros de l'indépendance à la fin du XIXe siècle.

 

L’Institut a été créé pour encourager la solidarité du peuple cubain avec les autres peuples du monde et faciliter l’accueil des personnes intéressées par les idées de la révolution cubaine. Chaque année, Cuba reçoit ainsi des étrangers dans le cadre de « brigades internationales ». Ces « brigadistes » participent à des travaux d’utilité sociale : activités agricoles, restauration de bâtiments scolaires ou d’hôpitaux. Ils sont accueillis pour dix nuits au Centre International « Julio Antonio Mella » (CIJAM), situé à 45 Km de La Havane. Au cours du séjour sont également organisées des activités culturelles et sociales : visites de sites historiques et culturels, conférences sur des sujets d’actualité et d’histoire cubaine. La plus ancienne brigade est la « Brigade Venceremos » qui vient des Etats-Unis depuis 35 ans. D’après nos interlocuteurs, il y aurait en son sein un éventail très large d'idéologies, de façons de penser, des membres de différentes organisations politiques mais, tous auraient néanmoins un point en commun : leur admiration de ce qu'a réalisé la Révolution cubaine.

 

Mille cinq cent personnes auraient été accueillies en 2007 dans les brigades internationales et l’ICAP développerait des relations suivies avec près de deux mille associations d'amitié et de solidarité dans plus de cent trente pays. L’ICAP possède également des délégations dans chacune des provinces du pays qui sont chargées de suivre les relations avec les collectivités territoriales et associations locales, mais aussi d’accueillir les étudiants étrangers dans des Maisons de l'Amitié.

 

Si l’accueil est agréable et sympathique, la vision de la solidarité qui est développée par les représentants de l’ICAP est essentiellement axée sur l’appui à la révolution cubaine et à la politique du gouvernement cubain. Quand le responsable parle des objectifs d’activités de l’ICAP pour 2008, il nous dresse une litanie d’anniversaires, de la naissance de José Marti et du Che, aux cinquante ans de la révolution cubaine, comme si l’appui à Cuba devait toujours passer par des manifestations solennelles. Mais où sont donc, dans ce galimatias, les objectifs économiques, sociaux ou culturels ? Pas un mot sur le rayonnement de la culture cubaine ou du mode de vie, et les termes « d’amitié entre les peuples » apparaissent comme une recherche d’appui politique, à sens unique, de Cuba contre le blocus américain.

 

Bref tout cela donne plutôt l’impression d’une instrumentalisation de la solidarité internationale et renvoie à des situations similaires vécues du temps de feu la République Démocratique Allemande. Les apparatchiks qui nous recevaient, comme ceux de l’ICAP aujourd’hui, voulaient surtout nous faire passer des messages politiques. Ils ne comprenaient manifestement pas pourquoi nous nous intéressions au sort de Wolf Bierman, persuadés que nous étions formatés par la « propagande bourgeoise ». Alors que notre solidarité avec l’Allemagne démocratique passait justement par une défense pointilleuse de la liberté d’expression dans ce pays.

 

Liste des articles sur Cuba Ouest

Télécharger le document intégral

Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 989 314