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Notes d'Itinérances
16 novembre 2013

Cuba, deux ou trois choses à propos de l'ïle du "lézard vert" (16/47). Du classicisme monumental au muralisme « naïf ».

L'Université de la Havane et son célèbre escalier - Le Callejon de Hamel

 

 

A l'extrémité de la calle L, après avoir dépassé le « Habana Libre », on se heurte aux escaliers majestueux de l'université. Fondée en 1728 par les moines dominicains, l'Université de La Havane est la plus ancienne école de Cuba. Elle n'accueillait à l’origine ni les noirs, ni les juifs, ni les mulâtres ! Actuellement, elle compte 60 000 étudiants répartis en 32 cours. Un de ses titres de gloire est d’avoir formé plus de 1 500 étudiants du tiers-monde, venant de 65 pays. L’entrée de l’Université est inspirée des Propylées d’Athènes : une entrée monumentale composée d'un bâtiment central - un vestibule à colonnes surmonté d’un fronton - et de deux ailes latérales, le tout couronnait le chemin escarpé menant au sommet de l’acropole et ouvrant sur le complexe de temples. Ici, ce sont les différents bâtiments de l’Université qui sont les modernes temples du savoir ! Cet escalier est, bien évidemment, le lieu traditionnel de rencontre des étudiants. Mais plus que cela, cet escalier est également célèbre pour avoir été le théâtre de nombreuses manifestations étudiantes pendant les dictatures de Gerardo Machado et de Fulgencio Batista.

 

L’escalier de l’université joue également un rôle dans un film, « Soy Cuba », de 1964, mais présenté au festival de cannes de 2003, du réalisateur soviétique Mikhail Kalatozov, l’auteur de « Quand passent les cigognes ». Dans une des scènes, une foule d'étudiants, en colère mais heureuse de marcher ensemble, dévale l'escalier de l'université de la Havane pour défier la police de Batista. C’est le renversement en « positif » de la célèbre scène des escaliers d’Odessa d’Eisenstein : ce ne sont plus les militaires qui descendent les escaliers, écrasant tout sur leur passage pour rétablir « l’ordre », mais la jeunesse révolutionnaire castriste qui dégringole l’escalier avec enthousiasme pour changer le régime !

 

Non loin de l’université, dans le quartier de Key West, le calleron de Hamel est une allée piétonne qui tire son nom d'un trafiquant franco-allemand. Fernando B.Hamel serait arrivé par hasard à Cuba en fuyant les troupes nord-américaines à la fin du XIXe siècle. Il s'est établi à La Havane où il a implanté une petite fonderie, et est devenu un homme d’affaires respecté et prospère. Suite à la crise de 1929, Hamel a perdu tous ses biens et a disparu sans laisser de traces !

 

En 1990, un artiste muraliste, Salvador González Escalona, né en 1948 à Camagüey, a peint l’ensemble des murs, pignons et façades des immeubles anciens et fatigués qui entourent la ruelle de larges bandes ou de tâches de couleurs les plus vives, bleu, jaune, rose, ainsi que les réservoirs d’eau perchés sur les toits. L’ensemble est agrémenté de dessins végétaux, géométriques ou symboliques, de représentations naïves inspirées du mysticisme de la culture afro-cubaine, mais aussi de décors composés d’objets de récupération : mâts totems, colonnes, bancs composés de demi-baignoires peintes. Cela tient tout à la fois de l’art naïf, de l’art brut, des jardins ouvriers et de la brocante !

 

Le Callejon de Hamel est aussi un lieu de représentations théâtrales, de concerts et de danses.

 

Salvador González Escalona a réalisé d’autres murs peints en Norvège, au Danemark, Mexique, Venezuela, ainsi que dans le quartier de Harlem. Il a reçu de nombreux prix et distinctions des autorités cubaine, alors même que son œuvre est totalement étrangère à un quelconque réalisme socialiste ! De plus la réalisation du Callejon de Hamel ne s’est aucunement faite en catimini mais bien dans le cadre très formel des « Projets et Programmes pour le développement culturel » !

 

On est donc très loin des représentations journalistiques qui voudraient que Cuba soit un pays où règne l’uniformité, la grisaille, l’absence d’audace. Je ne suis pas sûr qu’une telle réalisation aurait été possible dans notre cher pays pourtant si « démocratique ». On peut certes faire référence au facteur Cheval, mais c’était il y a bien longtemps et au fin fond de la campagne !

 

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Commentaires
T
Le "vrai" truc à la facteur cheval n'est dans aucun guide touristique, c'est à Jaimanitas (quartier de Siboney) ça s'appelle la casa de Fuster. Un endroit totalement surprenant... et il est en train de coloniser tout le quartier avec ses décos hallucinantes. Un aperçu ici http://www.ugo.cn/photo/CU/es/2943.htm
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