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Notes d'Itinérances
18 novembre 2013

Cuba, deux ou trois choses à propos de l'ïle du "lézard vert" (21/47). Viñales et la production de tabac.

La culture du tabac et sa production - La crise de l'agriculture cubaine

 

 

La vallée de Viñales est composée de massifs karstiques, les mogotes, couverts d’une végétation luxuriante : palmier liège, agaves, chêne caïman. Les flancs des mogotes sont abrupts avec de nombreuses cavités et le sommet formé de dolines et d’effondrements. Sous le massif, existe un système de cavernes, dont « La grande caverne des perdus » qui se développerait sur 36 kilomètres ! Des sites similaires existent au Viêt-Nam (Hoa Lu) ou en Chine mais seraient rares en Amériques. Entre les massifs, s’étale une grande plaine plane, à la terre rouge, aux parcelles rectangulaires bien délimitées de cultures de tabac.

 

Le développement économique de la zone a débuté au XVIIe siècle avec l’exploitation forestière, l’élevage, la culture du fourrage, et des plantes vivrières, avec recours au travail des esclaves importés d'Afrique. Les esclaves en fuite, les « cimarrones », se réfugièrent souvent dans les grottes de la Vallée. C’est vers 1800 que se développa la culture du tabac avec des producteurs venus pour la plupart des Iles Canaries. En 1875 est fondé le village de Viñales sur la route entre Pinar del Río et Puerto Esperanza principal accès à la mer. Une ligne de chemin de fer fut même créée.

 

Deux siècles plus tard, la culture du tabac est majoritaire dans la vallée de Viñales qui produit 661 000 quintaux de feuilles par an, pour la majeure partie dans de petites exploitations familiales. Seules les feuilles de la meilleure qualité sont acheminées à La Havane, où elles sont transformées en cigares. La production de cigares cubains est de 30 000 tonnes et devrait atteindre 50 000 tonnes d'ici à 4 ans, grâce aux investissements en séchoirs et en systèmes d'irrigation. Si le cigare cubain est considéré comme le meilleur au monde, il existe toutefois des périodes de surproduction (1998) mais aussi des ruptures de stocks sur certains produits. Le groupe de tabac « Altadis », résultant d’une fusion entre la « Seita » (française) et « Tabacalera » (espagnol) a acquis 50% de la « Corporacion Habanos S.A », pour créer une nouvelle société « Habanos S.A » qui devrait permettre de consolider la commercialisation en Europe des marques cubaines emblématiques.

 

Le secteur agricole emploie 23% de la population active et contribuerait à 62% du PNB ! Mais la superficie cultivée ne représente que 28% du territoire et la moitié seulement des terres cultivables. Après une phase d’étatisation de la production agricole (à l’exception de la culture du tabac), lorsqu’en 1989 le bloc socialiste implosa, l'économie cubaine s'effondra : l'importation du pétrole diminua de 53%, les réserves d'engrais et pesticides de 80%. Dans cette situation, les faiblesses du modèle de développement agricole provoquèrent une réduction de plus de 40 % de la production, avec une chute de la productivité du travail, la détérioration des moyens mécaniques, l’abattage du bétail et l'augmentation des terres en friche. Cuba connut une terrible pénurie de produits alimentaires, aussi bien de ceux provenant des importations que de ceux issus de la production nationale. La satisfaction des besoins nutritionnels de la population baissa, en 1993, jusqu'à 1 863 calories et 46 grammes de protéines par jour, ce qui représente respectivement 74 et 61 % des rations de base. Pour sortir de la crise, Cuba a recherché des solutions alternatives et s’est notamment converti à l’agriculture biologique et semi-biologique. La mécanisation a fait place à une utilisation accrue de main d’œuvre et de traction animale, l’emploi de matériaux locaux s’est développé, ainsi que l’agriculture urbaine.

 

En 1993, une loi a consacré la décentralisation grâce à la création de coopératives, appelées « Unidades básicas de producción cooperativa » (UBPC). Les terres étatiques ont été en grande partie distribuées aux UBPC. De 80% des terres cultivées appartenant au secteur étatique avant la crise le chiffre est passé à 25%. Quelques 4 000 coopératives et 100 000 petites propriétés privées jouissant d'un droit d'usufruit de la terre assurent 67% de la production (tabac, riz, café).

 

Les récoltes vivrières, riz, pomme de terre et maïs notamment, ne suffisent toujours pas à nourrir la population et Cuba dépense 1,5 milliard de dollars annuellement pour importer des aliments. En 2006, les USA sont d’ailleurs les premiers fournisseurs de produits alimentaires de Cuba !

 

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