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Notes d'Itinérances
22 novembre 2013

Cuba, deux ou trois choses à propos de l'ïle du "lézard vert" (37/47). Une petite ville tranquille, Remedios.

Un autel baroque... tout neuf ! - Le musicien Alejandro Garcia Caturla

 

 

Fondée en 1514, c’est une des villes les plus anciennes de la région. C’est aussi une petite ville assez ignorée des touristes, aux activités essentiellement agricoles et qui semble vivre bien tranquillement autour de sa vaste place centrale ombragée, décorée d’un adorable kiosque à musique un peu démodé, avec une circulation automobile quasi inexistante et quelques rares vélos-taxis qui pédalent nonchalamment. Mais derrière cette apparente indolence caribéenne, Remedios offre quelques surprises de taille : une église du plus pur baroque, un compositeur cubain célèbre, et un festival de rue particulièrement imaginatif !

 

Outre que la place centrale offre la curiosité de posséder deux églises, l’une d’elle, l’églisia mayor de San Juan Bautista, sur le côté Est de la place, serait la plus ancienne de Cuba. L'église actuelle fut construite en 1692, mais sur les bases d'une église édifiée en 1570.

 

Le clocher est composé de trois étages superposés, décorés de demi-colonnes et de pilastres jumeaux, en alternance, hésitant manifestement entre styles baroque et classique, à moins que ce ne soit entre baroque et faute de moyens ! Et pourtant, des moyens, il y en avait puisque le plafond de l’église, en acajou, était entièrement recouvert de feuilles d’or ! La légende veut d’ailleurs que, menacés par une incursion de pirates, les habitants aient recouvert le plafond d’une couche de peinture blanche sous laquelle les feuilles d’or ont été oubliées jusqu’à la rénovation de l’église entre 1944 et 1954 ! A la même époque, un milliardaire américain, ayant constaté que sa famille était issue de Remedios, a offert l’érection d’un immense autel de cèdre doré du plus pur style baroque à la mode des Tallas doradas espagnols !

 

L’église offre d’autres curiosités, plusieurs autels anciens, très chargés et décorés, ainsi que la statue d’une Immaculée Conception enceinte dont les habitants de Remedios se plaisent à penser qu’elle est unique au monde.

 

L’autre trésor de la ville est constitué par le musée consacré au musicien cubain Alejandro Garcia Caturla (1906 / 1940).

 

Après des études à l'Université de La Havane et de musique (violon et orchestre) avec le chef d'orchestre et compositeur espagnol Pedro Sanjuan (1887 / 1976), Caturla étudie la composition à Paris avec Nadia Boulanger entre 1925 et 1927.

 

L’œuvre de Cartula, influencée par les tendances musicales européennes des années 20 et 30, est néanmoins fortement imprégnée de la culture et de la musique cubaines, tant par les instruments utilisés que par les formes de sa musique : chansons, fox trots, danses, danzones. Ainsi, en 1925, il compose un « Septuor de saxophones », une « Ouverture cubaine », un mouvement symphonique intitulé « La rumba », une « Suite cubaine » pour huit instruments à vent et piano.

 

L'éditeur français Maurice Sénart publie à Paris, en 1928, « Deux danses cubaines », en 1929 « Danza del tambor » pour violon et piano, « Deux poèmes afro-cubains » ainsi que « Danses pour violoncelle et piano ». En 1931 est représentée une de ses œuvres les plus connues « Bembé », pour piano et orchestre (flûte, hautbois, clarinette en la, clarinette basse en si bémol, basson, 2 cors en fa, trompette en ut, trombone, grosse caisse, cymbales et tam-tam). En 1931 est publié, toujours à Paris, « Bito Manné » pour chant et piano, inspiré des vers du poète Nicolás Guillén. Il a aussi composé un opéra de chambre, « Manita en el Suelo », avec un livret de son ami Alejo Carpentier.

 

Il meurt assassiné de deux coups de feu, le 12 novembre 1940, Place de l’Indépendance à Remedios.

 

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