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Notes d'Itinérances
21 décembre 2013

URSS 1988 (4/28). Premiers contacts.

Au premier abord, rien que de très banal - Différences entre délégations des pays socialistes et capitalistes

 

 

A la sortie de l’aéroport de Leningrad-Poulkovo, notre guide nous attend. Déception, si elle est blonde, elle ne s’appelle pas Nathalie[1] ! L’autocar qui nous conduit à l’hôtel présente les mêmes caractéristiques que notre avion : un design un peu rétro et l’utilisation de  matériaux de qualité quelconque. Que voulez-vous ? Tout y passe ! Tout sera observé, disséqué, expérimenté, comparé. Cela fait tant d’années que les mérites, ou les tares, respectifs du capitalisme et du socialisme sont vantés, ou décriés, par les uns et par les autres, qu’il nous faut maintenant, comme Saint-Thomas, le voir pour le croire et juger par nous-même.

 

Sans aller jusqu’à observer les caractéristiques des écrous fixant les fauteuils du bus, comme les touristes des « Bidochon », nous regardons avidement la patrie du « socialisme réel », recherchant les indices propres à identifier avantages et inconvénients du système. Bof ! Ce premier contact ne nous offre rien que de très banal : de larges avenues rectilignes, des immeubles de type HLM en barres et en tours, entourés d’espaces verts maigrelets où survivent des arbres chétifs. Cette banlieue ressemble à celle de n’importe quelle grande ville française, avec seulement un peu moins d’automobiles et un peu plus de camions.

 

Notre hôtel est situé sur la « Srednij Prospekt », dans un quartier du Nord-ouest. C’est un vaste bâtiment des années 60, à l’architecture caractéristique de cette période : cube, lignes droites et couleurs un peu criardes. Il a l’ambition d’être de classe internationale : immense hall d’accueil avec marbre et métal, imposant escalier hélicoïdal, spacieuses salles de restaurant aux longues tablées couvertes de nappes blanches, immaculées, et aux larges baies vitrées garnies de voilages, vastes paliers à chaque étage où trônent une télévision et une surveillante derrière un bureau.

 

L’hôtel accueille des délégations des différentes républiques socialistes de l’Union. Visiblement, il s’agit d’ouvriers ou de kolkhoziens qui viennent visiter Leningrad, en groupes, avec leurs entreprises. Peu de jeunes mais plutôt des quadra ou des quinquagénaires, les hommes sont petits et râblés, les femmes fortes et rondes, les uns comme les autres sont habillés de manière  simple et commode, sans manifester de recherche vestimentaire ou d’effet de mode. Ils paraissent apprécier la sollicitude de l’Etat soviétique à l’égard de ses travailleurs lequel leur offre un séjour dans un grand hôtel.

 

La chambre, sans être très grande, présente tous les éléments du confort moderne. Le lit est recouvert d’une sorte de petit édredon enveloppé d’une housse blanche comportant une ouverture oblique en carré. Mais sous le petit « édredon »,  ni drap, ni couverture !

 

« Couverture : c’est une petite chose simplement posée sur le lit, à l’intérieur d’un petit drap boutonné sur elle. Cela ne tient à rien. Les Français habitués aux lits bordés en éprouvent d’abord quelque inquiétude. A l’usage, ils s’aperçoivent que cela ne tombe pas forcément par terre pendant leur sommeil »[2].

 

C’est étrange cette petite chose juste de la taille du lit. A l’usage, si cela ne tombe pas à terre, c’est parce que nous nous battrons toute la nuit pour en récupérer un morceau ! Heureusement, les chambres sont très bien chauffées rendant finalement la lutte assez vaine.

 

Nos affaires à peine déballées, les femmes de chambre frappent à notre porte et nous demandent, l’air un peu gêné, si nous n’avons pas des parfums, des bas ou d’autres produits à leur donner. Du moins, c’est ce que nous comprenons en utilisant, les uns et les autres, nos rudiments d’anglais. Ayant été prévenu de cette pratique et ayant acheté de petits cadeaux en conséquence, nous ne sommes pas étonnés de leur démarche. Nous offrons donc des échantillons de parfum français sans que cela semble tout à fait répondre à leur attente. Elles n’insistent pas et repartent en vérifiant que la surveillante d’étage n’est pas présente. La scène nous laisse un certain malaise. Cette manière de mendier des produits occidentaux ne nous satisfait pas. Outre qu’elle ne correspond pas à un service particulier, elle devient une quasi-obligation de la part des ressortissants de pays supposés riches et induit de petits trafics de produits occidentaux en U.R.S.S.

 


[1] Gilbert Bécaud. « Nathalie ». 1964.

[2] Georges Bortoli. « Voir Moscou et Leningrad ». 1974.

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