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Notes d'Itinérances
23 décembre 2013

URSS 1988 (6/28). « Perspective Nevski », grands magasins et cabas.

Dimanche Rouge - Les Grands magasins - Le chalandage à la soviétique

 

 

La Perspective Nevski est une immense artère de plus de quatre kilomètres de long. Si les immeubles les plus proches la Neva ont été construits au XVIIIe, en s’éloignant du centre, vers la gare de Moscou, il s’agit plutôt d’immeubles de la fin du XIXe et du début du XXe. Ceux-ci, comme dans tous les pays d’Europe, sont d’une architecture lourde et prétentieuse, mariant le tape-à-l’œil néoclassique avec le style local dénommé « boyard » !

 

Si la circulation est modérée, elle est suffisamment importante pour rendre délicate la traversée de l’avenue car, aux automobiles, se mêlent de nombreux bus, trolleybus et camions.

 

Au long de l’avenue, les monuments principaux sont bien entretenus, église Sainte Catherine, cathédrale Notre-Dame de Kazan, théâtre Pouchkine et grands magasins ; les immeubles d’habitation, eux, le sont moins, bien que les Léningradois prétendent que la Nevski rivalise avec les Champs-Elysées. Il y a encore un peu de chemin à faire dans l’amélioration des façades !

 

La Perspective Nevski est connue, de sinistre mémoire, pour avoir été le théâtre du « Dimanche rouge ». Le dimanche 9 janvier 1905, plus de cent mille ouvriers remontèrent pacifiquement l’avenue afin de remettre une pétition au Tsar. Rassemblés derrière le pope Grapone, ils portaient bannières et icônes et souhaitaient alerter le Tsar sur leur misère, car leur « Petit père » ne pouvait méconnaître leurs conditions de vie et de travail. Sur ordre du « Petit père » Nicolas II, ils furent décimés par les cosaques. Résultat : de 100 à 4 000 morts selon les sources.

 

Toujours à la recherche d’indices nous permettant de juger du fonctionnement du système et de son évolution, nous rentrons dans les différents magasins de la Nevski pour observer quelles sont les marchandises en vente et en apprécier la qualité. A croire les adversaires du socialisme, les soviétiques devraient faire la queue partout pour obtenir des produits de consommation !

 

Premier grand magasin, le « Gostinyj Dvor », du nom de son ancien propriétaire privé. Construit par un architecte français au début du siècle, Jean Vallin de La Motte. C’est un vaste bâtiment, à la croisée de deux avenues, qui comporte une magnifique façade classique peinte en jaune canari, à deux niveaux, avec colonnes et galeries couvertes qui reliaient autrefois plus de deux cent petites boutiques indépendantes. Bien sûr, l’ensemble est devenu aujourd’hui un seul et même magasin d’Etat et s’appelle « Univermag ». Il n’y a pas besoin de se promener très longtemps entre les rayons pour se rendre compte que les étalages sont maigres, les marchandises mal présentées, empilées sur des tables ou alignées sans soin sur des étagères, et de qualité médiocre. Manifestement, ici, il n’est nul besoin de chercher à mettre en valeur les produits pour vous donner envie de les acheter : il suffit que les produits existent ! On achète ce que l’on trouve et non pas ce que l’on cherche.

 

Nous allons ensuite de l’autre côté de la Perspective Nevski visiter le « Magasin Elisseiev », une sorte de « Galeries La Fayette » des années 30. Le constat est identique.

 

Nous passons ainsi de boutiques en magasins et finissons par remarquer que nous ne sommes pas les seuls à procéder ainsi, les Léningradois font de même ! Du même coup, nous découvrons que tous se promènent avec des sacs : sacs en plastiques le plus souvent, mais aussi sacs à provisions et cabas pour les babas, cartables pour les employés ou attaché-case pour les militaires. Ils sont tous à la recherche de quelque chose à acheter et font le tour systématique des commerces pour voir ce qui est disponible. Dès que des produits intéressants sont proposés, il se forme quasi instantanément une queue de vingt à trente personnes lesquelles attendent sagement leur tour en discutant entre elles.

 

Au début de la Perspective Nevski, sur le trottoir nord, une vieille peinture faite au pochoir sur le mur d’un immeuble attire notre attention. Située à deux mètres du sol, les lettres blanches se détachent sur un fond bleu et avertissent les passants.

 

« Citoyens. Ce côté de la rue est particulièrement dangereux pendant les tirs d’artillerie ».

 

L’annonce avait été peinte pendant le siège de Leningrad qui a duré neuf cent jours et fait 470 000 victimes. Non loin de là, le café Pouchkine aux horaires d’ouverture tellement courts que nous n’aurons jamais l’occasion d’y entrer prendre un café !

 

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