Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Notes d'Itinérances
26 décembre 2013

URSS 1988 (9/28). Roubles, change, jeans et caviar.

L'inconvertibilité du rouble et les multiples taux de change - Un billet d'une valeur 3 ! - Petit commerce de jeans et de caviar

 

 

« Les seuls organismes officiels habilités à faire des opérations de change de devises en roubles sont la Banque d’Etat de l’U.R.S.S. et la Banque pour le Commerce Extérieur de l’U.R.S.S.

Il est interdit de vendre des devises étrangères à des particuliers.

L’achat de devises étrangères ainsi que toute opération qui lui est liée se font au cours officiel établi par la Banque d’Etat de l’U.R.S.S. »[1].

 

Le rouble étant inconvertible, il convient, à l’entrée dans le pays, de déclarer toutes les devises étrangères en sa possession sur un formulaire. Une fois visé au passage de la douane, ce formulaire doit être présenté à chaque opération de change pour que le service de la banque en précise le montant. A la sortie du territoire, le formulaire est récupéré par la douane et vous devez être en mesure de présenter les devises non utilisées : « la somme d’argent que vous sortez d’U.R.S.S. qui, bien entendu, ne peut-être qu’inférieure ou égale à celle que vous aurez déclaré à l’arrivée, sous peine de confiscation... ».

 

Bon, ça c’est la théorie. En réalité, aucun de nous n’a déclaré la totalité de ses devises en sa possession.

 

La première opération de change, effectuée dans une banque dûment accréditée, nous permet de prendre connaissance avec la monnaie soviétique. Les billets sont plutôt de petite taille, peu colorés : jaune vert pour le 1 rouble, vert pour le 3, bleu pour le 5, saumon pour le 10 et bleu-vert pour le 50. Ils présentent généralement sur une face des vues du Kremlin, l’autre face étant seulement composée du chiffre de la valeur, des armes de l’Union et du profil de Lénine dans un médaillon ovale. Les pièces sont très simples, de taille grandissante avec leur valeur, en deux séries, une jaune (1, 3 et 5) et une blanche (15 et 20). La plus petite valeur, le kopeck est une pièce minuscule. La valeur faciale est portée d’un côté et les armes de l’Union de l’autre. Elles se déclinent donc bizarrement en 1, 3, 5, 15 et 20 kopecks ! Le plus étonnant dans les séries monétaires, c’est l’existence de pièces de 3 et 15 kopecks et de billets de trois roubles ! Je ne connais pas d’équivalent [2]. En Europe de l’Ouest, les monnaies fonctionnent sur une base de rapport 1/2 et 1/5 déterminant des pièces et des billets de 1, 2, 5 et 10 et de leurs multiples de 10.

 

Dès notre première sortie sans guide et hors groupe constitué de touristes, nous sommes abordés par de jeunes hommes qui nous proposent de changer des dollars, des livres sterlings - et même des francs français ! - à un taux beaucoup plus intéressant que le cours officiel. Le taux de change officiel est à peu près d’un rouble pour un dollar, soit environ 6 francs pour un rouble.

 

Au cours officieux, c’est beaucoup mieux, bien sûr. Le fils de nos amis arrive même négocier à 2 francs pour un rouble : trois fois mieux que le cours officiel ! La proposition est évidemment très alléchante, mais je n’ose pas effectuer la transaction. Peur du gendarme ? Respect de la loi ? Certainement un peu des deux, ce qui me vaut les moqueries de tous. Finalement l’appât du gain me détermine à changer aussi « au noir » !

 

Mais nous ne sommes pas abordés par des jeunes gens uniquement pour changer des devises, ils cherchent également à acheter des Jeans, des véritables bien sûrs, estampillés « capitalistes », des Levis ou des Lévi-Strauss, ou encore à vendre des boites de caviar. Evidemment, les boites de caviar sont également à un prix défiant toute concurrence et nous nous laissons tenter aussi. Ce n’est pas si souvent que l’on peut se payer à bas prix des produits de luxe !

 

Bref, le régime du « socialisme réel » donne lieu à toute une série de petits trafics qui n’apparaissent pas très « socialistes » même s’ils sont bien réels. Certes, cela ne semble pas bien méchant, d’importance négligeable au niveau macro-économique, mais si l’on peut constater leur existence au niveau le plus élémentaire, ils pourraient tout aussi bien exister à des niveaux beaucoup plus importants.

 


[1] Léonide Zadvorny. « L’URSS en voiture ». 1980.

Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 988 537