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Notes d'Itinérances
21 février 2014

Laos de Vientiane à Luang-Prabang (5/17). La Commission du Fleuve Mékong (Mekong River Commission, MRC).

La coopération économique entre pays riverains du Mékong

 

 

Vientiane est située rive gauche, dans un coude du Mékong. En basses-eaux, le Mékong coule assez loin, côté frontière thaïlandaise, laissant à nu de vastes espaces de terre emprisonnant quelques mares. Une magnifique digue n’en est pas moins construite côté lao afin de conforter la berge, non loin du bâtiment moderne de la Commission internationale du fleuve Mékong.

 

Depuis 1992, les six pays riverains du fleuve ont lancé le programme de coopération économique de la sous-région du Grand Mékong. Pour améliorer la gestion des eaux du fleuve de manière équitable, les quatre pays du cours inférieur, Laos, Thaïlande, Cambodge et Vietnam ont créé, en 1995, la Commission du Fleuve Mékong. La Chine et la Birmanie, qui n’ont pas souhaité y adhérer, bénéficient d’un statut de partenaire depuis 1996.

 

Le bassin du Mékong abrite 70 millions de personnes réparties dans les six pays. Pour la majeure partie des habitants du bassin du Mékong, le fleuve constitue le principal, voire souvent le seul, moyen de développement économique grâce à l’extension de l’agriculture irriguée, l’amélioration de la pêche, des transports et, plus récemment, du tourisme.

 

Long de 4 800 km, dont près de la moitié sont situés en Chine, le bassin versant du Mékong couvre 800 000 km2 (près de deux fois la superficie de la France). Le débit moyen du Mékong, à l’embouchure, peut varier dans des proportions de 1 à 10 au cours de l’année, l’essentiel de la variation étant dû aux moussons d’été sur le bas Mékong. Toutefois, plus haut, au Nord du Laos, le débit du fleuve est tributaire des eaux provenant de la Chine en saison sèche, or la Chine a construit des grands barrages ce qui diminuerait considérablement le débit du fleuve en saison sèche.

 

Mais les barrages chinois sont-ils seuls responsables ? Les effets à long terme de la guerre du Viêt-Nam ne doivent pas être sous-estimés. Au cours de celle-ci, les Américains ont déversé abondamment des désherbants et défoliants sur le Laos, détruisant la forêt tropicale sur d’énormes surfaces. Conséquence : les sols sont conquis par une végétation herbacée réduisant l’évapotranspiration et accélérant les ruissèlements. L’eau, moins bien retenue par les sols et la végétation, s’écoule plus rapidement vers le fleuve en saison humide, réduisant d’autant l’écoulement en saison sèche.

 

Le Mékong est un lien puissant entre les six pays, mais un lien qui n’est pas sans problème. En effet, le fleuve n’est pas partout navigable contrairement aux espoirs des explorateurs français qui pensaient avoir trouvé la grande voie d’accès à la Chine du Sud.

 

« La mission Doudart de Lagrée avait justement pour but de rectifier les cartes anciennes et d'apprécier la navigabilité du fleuve, par lequel on espérait relier la Cochinchine française aux provinces occidentales de la Chine. Il s'agissait surtout de savoir si les rapides connus à cette époque étaient un obstacle absolu, et si les îles de Khône, notamment, constituaient une infranchissable barrière »[1].

 

Dans un premier temps, les six pays partenaires de la Commission du fleuve Mékong semblent s’être concentrés sur les infrastructures : réhabilitation et extension du réseau routier notamment pour désenclaver certaines régions, production et transport d'électricité, amélioration des télécommunications. Les orientations du plan stratégique 2011 / 2015 apparaissent plus sensibles aux questions de gestion durable de la ressource en eau et de partage équitable de l’eau, des conséquences du changement climatique sur la ressource, du développement de la pêche et de l’agriculture irriguée.

 

Il est vrai que le Laos était jusqu’alors situé dans une zone peu favorisée : pays enclavé, sans ligne de chemin de fer ni grande route internationale, sans pont sur le Mékong ! Là encore, les choses changent, et vite, avec le pont de Vientiane vers la Thaïlande, l’arrivée d’une première ligne de chemin de fer (10 kilomètres, en provenance de Thaïlande) et désormais la construction d’une ligne de chemin de fer à grande vitesse de 420 kilomètres vers la Chine !

 


[1] Paul Combes. « Le Tour du Monde ». n°7 - 12 février 1898.

 

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