Cuba, oriente (2/34). Santiago de Cuba, le royaume de la musique !

Campey Segundo - Buena Vista Social Club - Nouveau succès international pour la musique cubaine

Bien entendu, à Santiago, il y a des musiciens à tous les coins de rue, dans les cafés, les restaurants, les placettes, et même dans les musées !

Mais après tout, pourquoi pas ? La musique cubaine, notamment celle de Santiago, est d’origine ancienne. Elle est à la fois issue d’Afrique par la traite des Noirs, et des colons français ayant fui la première république noire et la seconde république du continent américain, Haïti. Elle est aussi fille du menuet et des contredanses françaises, revus et adaptés par les esclaves.

Mais, Santiago, c’est aussi la patrie du plus internationalement célèbre de ses musiciens, Campey Segundo. De son vrai nom Máximo Francisco Repilado Muñoz, né à Siboney au bord de la mer, à une quinzaine de kilomètres de Santiago de Cuba. Son père était employé par la compagnie des mines comme conducteur de locomotive. Très jeune il apprend à jouer du « tres » [1] et de la guitare avec ses frères. À l'âge de 14 ans, il reçoit des leçons de solfège avant de devenir clarinettiste dans la fanfare municipale de Santiago de Cuba. Il joue également des bongos.

À quinze ans, il compose sa première chanson « Yo vengo aquí ». En 1934, Nino Saquito, célèbre musicien de l'époque, le remarque et lui demande de se joindre à son Cuarteto, avec lequel il part pour La Havane. Dans les années 1950, il était connu comme deuxième voix et joueur de tres de « Los Compadres », un duo qu'il formait avec Lorenzo Hierrezuelo. Compay Segundo, se produisait encore, début 1996, dans le restaurant de l'Hôtel Kohly, à la Havane, jouant pour des touristes.

En 1996, Ry Cooder réunit des anciens de l'histoire de la musique cubaine, des années 30 à 50, et compose avec tous ces papys (Ibrahim Ferrer, Campey Segundo, Eliades Ochoa, Ruben Gonzalez) et une mamy (Omara Portuando), l’album « Buena Vista Social Club ». Celui-ci a connu un succès international et est devenu une des meilleures ventes. Ry Cooder est guitariste et a composé la musique de deux films de Wim Wenders, « Paris Texas » (1984) et de « The End of Violence » (1997). Au cours du travail sur ce dernier film, il parlait souvent de son voyage à Cuba à Wim Wenders.

Au printemps 1998, Ry Cooder retourne à Cuba pour y enregistrer un disque avec Ibrahim Ferrer et tous les musiciens qui avaient participé au premier album, accompagné de Wim Wenders et d’une petite équipe de tournage. Parti pour deux semaines, Wim Wenders va y rester pendant un an ! Le film est coproduit avec l'Instituto Cubano del Arte e Industria Cinematográficos (ICAIC).

Ce succès international a permis de remettre au-devant de la scène la musique cubaine. Qui ne connaît aujourd’hui « Yo vengo aquí », « Sabroso », « Chicharrones » ou « Chan chan » et avec eux le « son » [2] cubain ? La contrepartie de ce succès, c’est évidemment qu’ont été passées sous silence l’évolution de la musique cubaine depuis les années 60 et l’apparition de nouveaux talents.

Bien évidemment, dans les rues, les cafés, les restaurants, les placettes, et même dans les musées, les musiciens de Santiago jouent aussi pour les touristes ; ils sont certainement une source de revenus non négligeable. Mais s’arrêter à cela serait ne pas remarquer l’intérêt et la ferveur des habitants eux-mêmes : lycéennes scotchées devant un groupe de musiciens, ou personnel du musée venant esquisser quelques pas de danse pour leur seul plaisir !

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[1] Tres (prononcer tresse) : Le tres est une petite guitare à trois (tres) paires de cordes à l’origine.

[2] Son (prononcer « sonne ») : Le son est un genre musical cubain apparu entre la fin du XIX^e et le début du XX^e siècle à Santiago de Cuba, joué à ses débuts par un trio de musiciens : un tres, un bongo et un instrument de basse. Le son cubain est basé sur un rythme à quatre temps.

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