Cuba, oriente (11/34). Une Princesse russe accueillant les Barbudos.

De Saint-Pétersbourg à Cuba en passant par la Turquie - Puis au soutient de la révolution cubaine

Autre célébrité de la ville : « La Rusa », la Russe !

Il est encore possible d’écouter son histoire racontée par son fils adoptif, René Frometa Jimenez, « pintor primitivo », un très vieil homme qui s’est découvert tardivement une vocation d’artiste peintre. Il suffit d’aller chez lui, au carrefour des rues Marti et Crombet, où il a transformé une des pièces de sa maison en musée et atelier d’artiste.

Pour écouter le récit de la vie pleine d’aventures de « La Rusa », il vous en coûtera de lui acheter, pour quelques pesos, une ou deux de ses aquarelles. Plus naïves, comme celles d’un enfant, que faussement naïves, comme celles du Douanier Rousseau, il les reproduit aujourd’hui quasiment à la chaîne. Cette production standardisée leur fait malheureusement perdre leur fraîcheur et l’inventivité que devaient manifester ses premiers essais.

Il faudra ensuite lui prêter une oreille attentive pendant une demi-heure. Au cours de son exposé, aussi rôdé et formaté que ses peintures, il ne manquera pas, selon les évènements relatés, de vous désigner de sa baguette quelques souvenirs de « La Rusa » : chaussures, vêtements, chapeaux, photographies, articles de journaux.

Magdalena Rowenskaia était une princesse russe, fille d’un Général et, dit-on, membre de la famille de Nicolas II. Fuyant le bolchevisme, elle s’établit d’abord en Turquie, puis à Cuba. Avec son mari, elle développe le commerce de la banane dans l’Oriente et vient s’établir à Baracoa dans les années 30. La ville ne pouvait alors être atteinte que par la mer, aucune route ne la reliant à Cojobabo au Sud, ni à Mayaki au Nord. Ce qui n’empêcha pas la Rusa de posséder une automobile !

En 1953, elle construit un petit hôtel de douze chambres, en bord de mer, hôtel dans lequel seront hébergés Che Guevara, Fidel et Raùl Castro et d’autres Barbudos pendant la révolution contre les armées de Batista. Elle fit même un don de 25 000 $ au nouvel Etat cubain en 1959. Curieux retournement de situation à 40 ans d’intervalle !

En remerciements, les nouveaux responsables de Cuba maintiendront la propriété privée de l’hôtel, s’engageant même à l’entretenir face aux assauts de la mer et des ouragans.

Et la parole continue à être tenue ! Très endommagé lors de l’ouragan de 2008, l’hôtel a immédiatement été restauré et protégé par une digue.

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