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Notes d'Itinérances
24 mai 2014

Cuba, oriente (20/34). De l’insuffisance alimentaire à la souveraineté alimentaire ?

Une situation alimentaire fragile, dépendante des importations - Vers une nouvelle politique agricole ?

 

Cuba Camagüey Récolte de la canne à sucre

La production agricole cubaine diminue régulièrement de 2004 à 2008 : la production de légumes baisse de 4 millions de tonnes à 2,5, celle de tubercules de 3 millions à 2,5. L’année 2009 semble marquer une stabilisation.

En conséquence, l’amélioration de la ration alimentaire des Cubains pendant les années 2000 est essentiellement due aux importations de produits agricoles et alimentaires. Celles-ci représenteraient au moins la moitié des disponibilités énergétiques alimentaires [1], dont une grande partie proviendrait des Etats-Unis (445 millions de $ de janvier à octobre 2009). En 2005, 58 % des calories de la consommation alimentaire quotidienne cubaine étaient importées (62 % des protéines, 43 % pour les protéines d’origine animale et 71 % pour les protéines d’origine végétale). En 2007, les importations alimentaires représentaient 1,6 milliard de CUC soit 15,6 % du total des importations.

Très loin de son autosuffisance alimentaire, la situation de la sécurité alimentaire à Cuba est donc extrêmement fragile, sous la menace constante soit de la bonne volonté des exportateurs étrangers, des disponibilités et des prix des produits agricoles sur le marché international, soit des disponibilités suffisantes en devises étrangères pour acquérir les produits agricoles et alimentaires indispensables. Un durcissement de l’embargo américain toutefois peu probable, mais surtout une élévation du prix des produits agricoles sur le marché international aujourd’hui devenu très instable ou la chute des rentrées de devises à Cuba peuvent entraîner de brusques variations dans la disponibilité de produits alimentaires même si, contrairement à la majorité des pays en développement, y compris les pays émergents, personne ne meurt de faim actuellement à Cuba et que les Cubains ne souffrent plus de sous-alimentation.

La crise financière et économique mondiale affecte l’économie cubaine à trois niveaux [2] :

  1. le prix de la tonne de nickel exportée par Cuba sur le marché mondial a été divisé par 3 entre 2007 et 2009 ;
  2. si le nombre de touristes est globalement constant, ils ont réduit leurs dépenses à Cuba d’environ 10% ;
  3. la chute du prix du pétrole aurait retardé les paiements du Venezuela à Cuba pour le paiement des services vendus par Cuba, notamment dans le domaine de la santé.

A quoi il faut ajouter le coût des reconstructions suite aux dégâts des ouragans qui ont ravagé une partie de l’île en 2008. Enfin, le maintien de l’essentiel des mesures de l’embargo américain par l’administration de Barack Obama ne permet pas le développement du tourisme étasunien.

Cuba n’est pas membre du FMI, de la Banque mondiale pas plus que du Club de Paris et elle échappe ainsi à leurs injonctions antisociales en matière de politiques économique et sociale. Ses encours de prêts auprès d’organisations internationales baissent, par contre des emprunts sont réalisés auprès d’Etats (Chine, Venezuela). La contrepartie de l’indépendance politique, c’est la difficulté d’accéder à des prêts pour assurer l’investissement dans des secteurs économiques clefs, l’agriculture entre autres.

Après avoir vécu confortablement de l’aide soviétique, Cuba cherche aujourd’hui à affirmer sa souveraineté alimentaire par la définition d’une politique agricole nationale, centrée sur la petite paysannerie, permettant d’assurer, sinon l’autosuffisance, du moins sa sécurité alimentaire.


[1] Statistiques de la FAO.

[2] Éric Toussaint. « Des défis à relever à Cuba ». 15 mars 2010. 

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