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Notes d'Itinérances
26 mai 2014

Cuba, oriente (22/34). Les défis à relever dans les secteurs connexes.

Produire, mais aussi transporter, stocker, transformer, distribuer...

 

 

Enfin, il ne suffit pas de produire, il faut encore pouvoir commercialiser, transporter, transformer, stocker, distribuer les produits agricoles et alimentaires. Sur le premier point, celui de la commercialisation, une libéralisation est en cours permettant aux petits producteurs de vendre librement leurs productions. C’est ainsi qu’au mirador de Alto de Cotilla, entre Guantanamo et Baracoa, les vendeurs entourent autobus et voitures particulières pour proposer des fruits tropicaux (clémentines, bananes, chocolat) ou des cucuruchos. Des kiosques permanents au bord des routes assurent des ventes directes.

 

Concernant les intrants agricoles (outils, herbicides et autres équipements), l’Etat cubain vient de créer un circuit de distribution, en devises, accessible aux producteurs privés. Pour assurer un approvisionnement des centres urbains, il faut aussi pouvoir assurer la collecte des produits, les centraliser dans des lieux de stockage, assurer leur transformation et leur conditionnement puis leur distribution. Des pertes nombreuses demeurent dans la chaîne de récolte, transport, stockage et distribution. Durant l’été 2009, la presse cubaine a souligné les problèmes d’approvisionnement des marchés dans les villes et a rapporté des cas de récoltes pourrissant sur place (tomate, mangues). Or les camions manquent car ils semblent être utilisés préférentiellement pour le transport des personnes et non pour celui des marchandises.

 

Pour faire face aux problèmes de transport, les autorités ont favorisé les potagers en milieu urbain ou semi-urbain. L’objectif est de développer la culture de fruits et légumes et l'élevage dans une couronne autour des villes et villages afin d’améliorer la disponibilité de produits, à bon marché, en réduisant notamment les coûts de transport. Il n’est donc pas rare de voir, en périphérie des villes, y compris des plus petites, ces centres de production, très bien tenus et qui ont manifestement atteint un niveau de production élevé. A Camagüey, 1.400 petites exploitations couvrant 52 000 hectares, devraient produire à terme 75 pour cent de la nourriture pour les 320 000 personnes de la ville… ce qui apparaît peut-être bien ambitieux. Faute de mécanisation et d’intrants, il est toutefois peu probable que ce soit une solution au problème d’une alimentation de masse.

 

La Direction du Développement et de la Coopération (DDC) de la Confédération suisse cofinance depuis 2000 le Projet d’Innovation de l’Agriculture Locale (PIAL) conduit par l'Institut National des Sciences de l'Agriculture à Cuba. Le projet PIAL a été lancé à la fin des années 90 avec 25 paysans pour rechercher des solutions à la crise de l'agriculture cubaine. L'idée de départ était de diversifier les semences à partir de l'expérience des paysans et de partager les bonnes pratiques entre eux. Actuellement, 50 000 paysans et paysannes participent au projet PIAL, soit presque 23 % du monde paysan cubain. Avec cinq lignes d'action, allant de l'innovation locale à la recherche, en passant par la diffusion et la communication, ce projet permettrait à l'agriculture cubaine de rechercher des solutions de production qui enrichissent la biodiversité, qui utilisent peu d'intrants chimiques et soient durables.

 

En 2009, le secteur agricole aurait enregistré une stabilisation de sa production, voire une très légère amélioration par rapport à l’année précédente, mais il se pourrait bien que la mesure déterminante pour obtenir ce résultat ait été celle de l’augmentation du prix des produits agricoles ! Celle-ci reste vraisemblablement le stimulant le plus fort et le plus direct sur l’augmentation de la production agricole. En effet, en mars 2008, l’Etat a augmenté les prix d’achat aux producteurs en monnaie nationale (notamment tabac, certains tubercules, légumes, café et noix de coco), allant parfois jusqu’à les tripler, et a introduit une stimulation supplémentaire avec le règlement d’une partie de l’achat en pesos convertibles (notamment deux centimes par litre de lait).

 

Cette politique de prix a toutefois une limite : celle de la répercussion sur le niveau de vie des Cubains. Avec des niveaux de revenus relativement faibles, il est socialement difficile d’augmenter le prix des produits alimentaires et de laisser libre le marché aujourd’hui régulé grâce à la « libreta » qui couvre en moyenne le tiers des besoins de consommation alimentaire des Cubains.

 

Liste des articles sur Cuba Oriente.

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