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Notes d'Itinérances
6 juin 2014

Cuba, oriente (33/34). Quel avenir ?

Une situation difficile mais pas sans espoirs - L'avenir est-il prévisible pour autant ?

 

 

 

« Ça doit être faire vachement bizarre d’être étranger ; vous vous baladez dans la vie, comme ça, en faisant des photos comme dans un film, vous vous moquez de savoir s’il y a eu une livraison d’œufs ou si on va manquer de lait parce qu’il a tourné à cause de la chaleur. Moi, quand j’étais gamine et qu’on me demandait ce que je voulais faire quand je serais grande, je répondais sans hésiter ‘touriste’ » [1]

 

Oublions les œillères de la majorité de nos informateurs sur Cuba et leurs partis pris caricaturaux issus de grilles de lecture simplistes. Ce second voyage ne modifie pas fondamentalement mon opinion sur Cuba et sa situation économique et sociale même s’il est très difficile de l’apprécier quand on est touriste et que l’on reste si peu de temps, en n’ayant nécessairement qu’une vue superficielle des choses.

 

Globalement, la situation économique et sociale de Cuba m'apparait meilleure que celle du Maroc ou de la Tunisie, deux pays pour lesquels nos journalistes « critiques » aiment pourtant à souligner le développement économique et le dynamisme. Ils en oublient généralement de souligner le régime policier, autocratique et l’absence de liberté qui y règnent. Certes, Cuba ne possède pas une très riche bourgeoisie comme celle de ces deux pays, mais la pauvreté n’y paraît pas aussi dramatique et les conditions d’accès aux équipements sociaux, notamment à l’éducation et à la santé, y sont certainement plus faciles et plus larges.

 

La situation est-elle durable pour autant ? Rien n’est moins sûr, tant le système capitaliste, par ses excès et ses inégalités, peut continuer à faire rêver en faisant croire que toutes les richesses et les produits de consommation qu’il étale à plaisir, peuvent être accessibles à tous. Les plus pauvres, chez nous, ne rêvent-ils pas aussi d’accéder à la fortune et à la prospérité alors qu’ils connaissent pourtant les arrière-cours peu engageantes du système ? Par ailleurs, si l’on peut demander des efforts importants à une population pour construire un avenir radieux, dans le cadre d’orientations politiques et sociales claires et répondant à des objectifs de justice et d’égalité, il est vraisemblablement vain de penser que cela puisse être durable indéfiniment. Il arrive nécessairement un moment où la population souhaitera pouvoir bénéficier des retombées des efforts immenses qu’il aura consenti. Le système cubain apparait susceptible d’autocritique et montre des signes d’adaptation. 

 

 « Bien des déficiences analysées ne sont pas nouvelles, elles ont accompagné l’organisation depuis bien longtemps et les congrès précédents ont adopté à cet égard les accords correspondants. Or, elles se reproduisent dans une plus ou moins grande mesure, ce qui prouve que leur application n’est pas soumise à un contrôle systématique et rigoureux. Nous ne devons pas permettre que les documents adoptés se convertissent de nouveau en lettre morte et soient enfermés dans des placards en guise de mémoires. Ils doivent constituer le guide de l’action quotidienne du Bureau national et de chaque militant. Ce qui est fondamental, vous l’avez déjà adopté. Il ne reste plus qu’à travailler » [2].

 

Mais cela suffira-t-il ? Cela ira-t-il assez vite ? Et avec suffisamment de justice sociale ? N’est-ce pas justement au moment où le régime soviétique s’engageait dans une révision fondamentale de son mode de fonctionnement qu’il a disparu, emporté par l’impatience et les illusions populaires doublées d’ambitions individuelles ? 

 

La Havane – Montpellier, février / juin 2010

 


[1] Zoé Valdes. « Portrait d’une enfance havanaise ». 1998.

 

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