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Notes d'Itinérances
3 juillet 2014

Turquie, Côte égéenne et Pamphylie (15/25). Bodrum et le développement du tourisme en Turquie.

Le 7e pays par le nombre de touristes étrangers – Un tourisme autochtone en développement

 

Turquie Bodrum

Le temps où Bodrum était un petit village de pêcheurs, notamment d’éponges, à l’ombre d’un château plusieurs fois centenaire des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem est bien loin. Dans les années 70, la baie de Bodrum a vu se multiplier les résidences de vacances, évitant toutefois les excès qui défigurèrent d’autres sites, comme Kusadasi, grâce à une meilleure maîtrise de son développement. C’est que Bodrum avait l’ambition d’être une station balnéaire un peu chic. Elle s’est depuis démocratisée, la bourgeoisie turque ayant investi d’autres lieux, et semble désormais destinée à un public de cadres supérieurs ou de riches commerçants turcs.

Le tourisme est devenu, en quelques années, un secteur majeur de l’économie turque. La Turquie accueille 27 millions de touristes internationaux (2009) dont la moitié vient d’Europe de l’Ouest. Toutefois, si la première nationalité représentée est la nationalité allemande, Bulgares, Roumains et Russes sont également très nombreux. Hors l’Europe, il faut compter aussi avec les Iraniens, les Japonais et, si j’en crois les contacts pris dans l’interminable queue au guichet de police de l’aéroport d’Antalya, les Palestiniens. Par le nombre de touristes étrangers, la Turquie est désormais située au 7e rang mondial (derrière la Grande Bretagne mais devant l’Allemagne). Les touristes étrangers génèrent des ressources qui placent la Turquie au 10e rang mondial (21 milliards de $). L’objectif du gouvernement turc, dans le cadre du « Plan stratégique pour le tourisme, objectif 2023 », étant de hisser le pays parmi les cinq premiers en nombre de touristes étrangers comme de revenus générés.

Globalement, le tourisme étranger en Turquie est plutôt un tourisme de masse, l’essentiel des visiteurs venant dans le cadre d’un « paquet » (« all inclusive » comme l’on dit maintenant pour faire « moderne » et « branché ») comprenant vols + hôtels + visites organisées.

Mais le touriste en Turquie n’est pas qu’étranger ! Il se développe également un tourisme de masse dans les classes moyennes ou supérieures turques, lesquelles dépensent 30 à 40% de plus par personne que les touristes étrangers. Il n’est qu’à suivre la côte de Kusadasi à Antalya en passant par Bodrum pour en observer les manifestations : développement de lotissements de résidences secondaires, constructions d’hôtels et d’immeubles, voire de tours en bord de mer, avec bétonnage des côtes. Cette expansion, « à l’espagnole », risque à terme d’aboutir aux mêmes effets : une dégradation de ce magnifique littoral et une chute de l’expansion touristique elle-même par suite des dégâts irréversibles occasionnés à l’environnement. Mais, tant que les promoteurs immobiliers espèrent engranger des profits, que les élus n’appréhendent pas les dangers de cet urbanisme anarchique et dévastateur, et tant que les touristes eux-mêmes acceptent un environnement dégradé, le bétonnage du littoral turc à encore de beaux jours devant lui.

Le tourisme est désormais devenu le second secteur économique du pays (après l’automobile), générant 5% du produit national brut, 20 % des revenus d’exportations et fournissant 15% des emplois. Pour l’avenir, la Turquie met l’accent sur une diversification de son offre avec un tourisme sportif, religieux, thermal, d’affaire ou culturel. Il s’agit aussi de prolonger la durée d’occupation des équipements, laquelle est aujourd’hui majoritairement concentrée sur la période estivale.

Bien évidemment, le développement du tourisme étranger n’est pas sans effets sur la société turque et participe la mondialisation des comportements. Les touristes turcs à Kusadasi, Bodrum ou Antalya se comportent, s’habillent, mangent, se baignent, bronzent, jouent ou dansent de façon très semblable aux touristes d’Europe. Les femmes portant un foulard sont rares. Seule différence peut-être, on n’y voit quasiment aucun nombril ! Ce n’est d’ailleurs pas la moindre des contradictions de la politique du gouvernement turc : prôner le développement d’un tourisme international qui modifie les comportements et relations sociales tout en défendant une vision archaïque de ces mêmes comportements et relations sociales !

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Commentaires
F
Je connais bien la Turquie qui est un pays ou il fait bon vivre avec des endroits uniques. Ce sont les principales raisons pour lesquelles beaucoup d'étrangers souhaitent s'installer et vivre dans ce pays.
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