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Notes d'Itinérances
14 juillet 2014

Sri Lanka, l'ïle dont on rêve (1/37). Un voyage par procuration !

Un voyage rêvé par mon aïeule

 

 

 « Ceylan, la plus belle des grandes îles du monde » [1]

 

Ma grand-mère maternelle rêvait de visiter l’Inde et Ceylan. Pourquoi ces deux pays ? Je ne sais pas ou, peut-être, je ne sais plus. Me l’avait-elle dit et l’ai-je oublié ? Il me reste seulement cette certitude qu’elle souhaitait visiter ces deux pays ce qui, dans la période entre les deux Guerres Mondiales, sauf à être l’épouse d’un fonctionnaire colonial anglais, était un rêve quasi inaccessible pour une femme. Elle avait néanmoins eu l’occasion de faire un voyage assez extraordinaire à cette époque. Petit détour par l’histoire familiale…

 

Allemande, elle s’était mariée, à la fin de la Grande guerre, avec un sous-officier français alors que l’armée française réoccupait la Lorraine. Ils furent l’un des premiers couples mixtes franco-allemand après la grande boucherie de la Première Guerre Mondiale. Après avoir été démobilisé, mon grand-père avait été versé dans la gendarmerie à cheval avec pour première affectation la zone d’occupation en Allemagne. Mariés, ils partirent au début des années 1920 pour un nouveau poste : la Martinique ! C’était alors très « exotique ». Est-ce cela qui lui avait donné le goût des grands voyages ?

 

Il est vrai aussi que, dans sa famille, les grands séjours internationaux n’étaient pas choses si extraordinaires. Dans l’entre-deux-guerres, un de ses frères travailla en Indochine, un autre devenu militaire français bourlingua au Maroc, sa sœur mariée à un pilote militaire français vécut en Syrie [2]. Plus tard, son fils, fut soldat en Indochine et au Maroc. A défaut d’être un fonctionnaire colonial anglais, être un militaire français offrait aussi quelques opportunités de séjours lointains ! Depuis, l’un et l’autre Empire doit se contenter de confettis dispersés sur le globe et les séjours professionnels dans les colonies ne font plus partie que des souvenirs nostalgiques.

 

Son rêve, c’était donc les Indes et Ceylan. J’avais peut-être une douzaine d’années quand nous allâmes assister ensemble à une des conférences du programme « Connaissance du monde », conférences au cours desquelles de « grands explorateurs » venaient commenter les films qu'ils avaient tournés aux cours de leurs expéditions permettant de découvrir « les terres lointaines que vous rêvez de visiter et la vie des hommes de l'autre bout du monde ». C’était une conférence d’André Petit qui venait de réaliser  un film sur Ceylan. A l’issue de la soirée, ma grand-mère m’offrit le livre du conférencier : « Ceylan, l’île dont on rêve ». L’île qu’elle-même rêvait de visiter !

 

Ces souvenirs se gravent durablement dans l’esprit d’un adolescent car nous savions bien, l’un comme l’autre, qu’elle n’aurait jamais l’occasion de faire ce voyage. A la fin des années 50, les transports aériens étaient encore assez rares et très coûteux et elle-même était déjà âgée. Avec cette soirée et le cadeau de ce livre, elle me passait le relais de son rêve. Ce serait donc à moi, un jour, d’effectuer ce voyage qu’elle faisait ainsi par procuration.

 

L’idée m’en est restée jusqu’au moment fatidique du passage au nouveau millénaire. Le battage mercanti fait autour de cette date prenant une ampleur assez insupportable, nous avons alors pensé fuir le plus loin possible, dans un pays de tradition non chrétienne, ayant d’autres références culturelles et temporelles, afin d’avoir un peu de calme et de sérénité… d’une sérénité toute bouddhique bien sûr !

 


[1] Pablo Neruda. « J’avoue que j’ai vécu ». 1974.

[2] Aussi curieux que cela puisse paraître, les sept enfants de ce père prussien devinrent tous Français !

 

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