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Notes d'Itinérances
19 juillet 2014

Sri Lanka, l'ïle dont on rêve (6/37). Anuradhapura, capitale du royaume cinghalais.

D'anciennes cités englouties dans les forêts - Temples et dâgobas

 

 

Les anciennes cités royales, abandonnées puis englouties par la forêt avant d’être redécouvertes au XIXe siècle par des archéologues anglais, sont une des richesses culturelles de l’île. En premier lieu, Anuradhapura, à une soixantaine de kilomètres de Dambulla, soit près de deux heures de routes avec tous les dangers qu’elles recèlent : camions fous, autocars bondés, cyclistes zigzagants, vaches pensives, piétons indisciplinés. Tout au long du trajet nous pouvons observer de vastes rizières découpées en toutes petites parcelles privées, des plantations de tecks, des jardins potagers, des bananeraies et partout de petites maisons de briques aux baies sans fenêtres pour les plus anciennes, ou de briques blanchies avec des fenêtres à petits carreaux. Parfois, rarement, une maisonnette de murs faits d’argile et de bouse de vache mélangées, mais cette bicoque est quand même surmontée d’une antenne de télévision accrochée à un long bambou souple et penché !

 

 « Les fouilles avaient exhumé deux magnifiques villes anciennes englouties jusqu’alors par la forêt : Anuradhapura et Polonnaruwa. Colonnes et galeries brillaient à nouveau sous l’éclatant soleil cingalais. Naturellement, tout ce qui était transportable partait bien emballé pour le British Museum de Londres » [1].

 

Anuradhapura comprenait de nombreux temples construits pour recevoir les reliques de Bouddha, l’un pour abriter la clavicule droite de Bouddha, l’autre une dent de Bouddha laquelle dent de Bouddha est toujours vénérée à Kandy car elle garantit la protection du pays et symbolisait les droits du souverain. Mais de ces temples, il ne reste aujourd’hui, au mieux, qu’une forêt de fines colonnes monolithes. Anuradhapura accueillait aussi le premier temple bouddhiste pour femmes. Si celui-ci n’existe plus, des femmes ermites vivent toujours dans l’enceinte du temple de l’arbre Bo, ou du Ruranveli dâgoba. Respectant scrupuleusement la règle bouddhiste, elles ne possèdent que leur robe d’une couleur marron, plus terne que celle des moines, vivent dans le dénuement le plus total et prient toute la journée dans les différents temples.

 

Ce qui frappe le visiteur ce sont les énormes stupas, appelés ici « dagobas », qui parsèment le site. Le dagoba se compose d’un hémisphère de brique ou de pierre, un peu évasé à la base (en forme de cloche) et posé sur un socle carré. Il est surmonté d’une sorte de petit belvédère supportant une hampe effilée dont les moulures figurent la hampe d’un parasol, symbole de majesté. Le stupa est construit sur un soubassement auquel on accède par deux ou quatre escaliers placés selon les axes géographiques. A l’origine, le stupa était vraisemblablement un tumulus funéraire. A Ceylan, il est resté une construction pleine, au centre de laquelle des reliques ont été déposées, au moment de sa construction, dans une pierre comportant plusieurs alvéoles.

 

Par la superposition des différentes formes, le stupa symbolise l’union de la terre (la base carrée), la montagne sacrée (la pyramide), le pivot central du monde (la hampe). Ces édifices, souvent soigneusement peints en blanc, peuvent être de très grande taille. Le Ruvanveli dagoba, posé sur une plate-forme à base carrée dont le pourtour est décoré de l’avant train de 344 éléphants, s’élève à 90 mètres. L’Abhayagiri dagoba lui fait plus de 110 mètres de haut. En partie ruiné, il montre ses entrailles de briques dans lesquelles poussent des arbustes.

 

Anuradhapura fut la capitale du royaume cinghalais pendant plus de 1 000 ans. Après sa conversion au bouddhisme, le roi Devanampiya Tissa (250 / 210 avant J.C) y fit notamment construire un temple pour abriter une bouture du ficus sous lequel Bouddha avait atteint l’illumination.

 

« En bas, c’est le monde confus des débris et des ruines, dans la terre rouge, parmi les monstrueuses racines qui se tordent comme des serpents. Par centaines, gisent les divinités brisées, les éléphants de granit, les autels, les chimères, attestant l’effroyable hécatombe de symboles fait, il y aura bientôt deux mille ans, par les envahisseurs malabars » [2].

 


[1] Pablo Neruda. « J’avoue que j’ai vécu ». 1974.

[2] Pierre Loti. « L’Inde (sans les Anglais) ». 1903.

 

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