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Notes d'Itinérances
2 août 2014

Sri Lanka, l'ïle dont on rêve (20/37). Le sanctuaire de Nalanda Gedige.

Qu'est ce qu'il y a à voir ? Et voir quoi ? C'est bien là la question posée à tout voyageur

 

 

Sur la route de Kandy, le petit temple de Nalanda Gedige est un sanctuaire d’architecture indienne du Xe siècle. Menacé par la montée des eaux du réservoir de Bawatenne il a été entièrement démonté et remonté sur la digue du barrage, comme l’ont été les temples égyptiens d’Abou Simbel menacés par la montée des eaux du Nil.

 

C’est une construction modeste composée d’une minuscule pièce servant à abriter l’image du dieu. La superstructure du temple est composée de pierres irrégulières, assemblées par frottement, et d’une couverture de dalles de pierres en encorbellement. Le sanctuaire est entouré d’un promenoir délimité par une enceinte de pierre, ce promenoir s’élargissant dans la partie avant du sanctuaire pour délimiter une petite cour.

 

Malgré sa petite taille, le plan d’ensemble du sanctuaire respecte celui des temples indiens. Au centre, le bâtiment principal, couvert, enfermant une petite pièce, la cella. L’accès en est strictement réservé à l’officiant chargé d’accomplir les rites devant l’image sacrée ; les fidèles n’y ont pas accès. Par sa construction en hauteur, il est l’image symbolique de la montagne sacrée, pivot du monde, sur laquelle résident les dieux, le mont Meru. Autour du bâtiment, un promenoir entouré d’une enceinte de pierres délimite une cour carrée représentant la terre. Le mur d’enceinte symbolise les montagnes qui entourent la terre. Les douves situées sous le mur d’enceinte figurent l’océan primordial. Les temples hindouistes khmers d’Angkor reprennent strictement le même schéma de base même s’ils l’enrichissent à loisir d’enceintes successives.

 

L’ensemble est situé dans un endroit charmant, le lac vient baigner le pied du tertre boisé sur lequel est édifié le temple. Malheureusement, il pleut et cela n’incite guère à profiter du cadre champêtre ! Il n’y a d’ailleurs quasiment personne, sauf un couple de touristes français ! Lesquels manifestent une certaine mauvaise humeur. Ils semblent dépités par la petite taille du temple et ils expriment bruyamment leur mécontentement en regrettant à haute voix l’achat des tickets d’entrée sur le site : « C’est tout ce qu’il y a à voir ? ».

 

Il est vrai que le guide touristique « Nelles » avait frappé un peu fort en comparant ce charmant petit temple à celui d’Abou Simbel ! Restons modestes. Si le temple de Nalanda Gedige a entièrement été démonté, pierre à pierre, et reconstruit à l’identique comme pour Abou-Simbel pour éviter d’être submergé, la ressemblance s’arrête là car les dimensions sont sans commune mesure ! Rien à voir non plus avec la dimension des temples d’Angkor reconstruits par anastylose. L’opération aura néanmoins permis de sauver un monument qui était en fort mauvais état si l’on en juge par les photographies de l’édifice avant son transfert.

 

Mais il faut aussi s’entendre sur « ce qu’il y a à voir ».

 

Si l’on s’exprime en termes de volume et de quantité, il est exact que le temple de Nalanda Gedige n’est pas bien gros et pas très majestueux. Mais il n’existe pas non plus de règle internationale qui impliquerait que le prix du billet soit fonction du volume de pierres du bâtiment à visiter. Visiter les pyramides deviendrait alors un luxe réservé à un tout petit nombre de privilégiés.

 

Par contre, si l’on s’intéresse aux références architecturales, le temple de Nalanda Gedige devient alors tout à fait intéressant car il est le produit d’une culture différente, la culture indienne, que nous connaissons mal et dont relativement peu d’exemplaires sont représentés au Sri Lanka. Son architecture en est tout à fait représentative : massifs blocs de pierre superposés, voutes en encorbellement, dispositions des enceintes et du massif central. Il manifeste, à sa manière, des échanges entre pays, entre cultures, et souligne ainsi la différence entre Inde et Ceylan.

 

A défaut de visiter les grands temples indiens ou khmers, acceptons que Nalanda Gedige en soit en quelque sorte une « maquette » représentative de cette architecture.

 

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