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Notes d'Itinérances
30 janvier 2021

Regola - Le quartier du palais Farnese (2/13). A tout seigneur, tout honneur, le Palais Farnèse.

Un palais grandiose – Pour accueillir une non moins importante collection d’œuvres d’art

 

 

Voyant d’étincelantes lumières au travers des ruelles qui bordent le Campo dei Fiori, nous rejoignons la Piazza Farnèse occupée par la plus prestigieuse de nos ambassades à l’étranger, le Palais Farnèse. Commencé en 1514 par Antonio da Sangallo (1483 / 1546), poursuivi par Michel-Ange, et enfin terminé par Vignola (1507 / 1573) et Giacomo della Porta (1541 / 1602), tous les grands noms de la première Renaissance italienne s’y seront mis.

 

« (…) d’abord le palais Farnèse, le plus beau de tous, bâti par Sangallo et Michel-Ange, avec des pierres arrachées au Colisée et au théâtre de Marcellus. On arrive à ce palais isolé par une fort jolie petite place ; il a la forme d’un carré parfait. C’est encore une forteresse, comme les palais de Florence » [1].

 

Au fond de la place, entouré de rues, le palais possède quatre façades (voir gravure). Sa forme, comme ses proportions l’ont fait surnommer par ces terribles romains qui tournent décidément tout en dérision, « Il dado Farnese » (le Dé Farnèse !). 

 

Dès 1493, le jeune cardinal Alexandre Farnèse commence à acheter des terrains dans le quartier pour se faire construire un palais. Si les travaux commencent en 1514, ils seront arrêtés en 1527 par le sac de Rome et la période instable qui suivra. Alexandre Farnèse deviendra pape sous le nom de Paul III (1534 / 1549) et suivra une politique d’alliances (traité de paix de Nice conclu en 1538 entre François Ier et Charles Quint) et de rénovation de l’église catholique (convocation du Concile de Trente). Homme de culture, Alexandre Farnèse collectionne les antiques découverts dans les thermes de Caracalla, au Palatin ou à Tivoli. Il fait appel aux plus grands artistes de son temps pour décorer le palais, achète livres, manuscrits anciens, pièces de monnaies anciennes et camées. À sa mort, l'inventaire du palais Farnèse ne compte pas moins de 300 œuvres d'art. 

 

Ses deux petits-fils, Alexandre et Ranuccio, tous deux cardinaux à 14 ans, enrichissent l'héritage, terminent la construction du palais, complètent les collections et font réaliser la décoration de la salle des Fastes farnésiens à la gloire de leur famille. Ensuite, c’est au tour de son arrière-petit-fils, le cardinal Odoardo, de poursuivre l’action notamment avec la réalisation de la galerie qui porte le nom des frères Carrache sur laquelle ils travaillèrent dix ans permettant ainsi de la comparer à la chapelle Sixtine. La collection Farnèse, la plus importante de son temps, est alors à son apogée. Mais, en 1714, Élisabeth, la dernière héritière de la famille, épouse Philippe V d'Espagne et transmet donc ses possessions et ses œuvres d’art à son fils, Charles III, fondateur de la maison royale des Deux-Siciles, lequel vide le palais Farnèse et envoie les antiques à Naples.

 

Après les Farnèse, le palais fut successivement la résidence des ambassadeurs du roi de France auprès des papes, la propriété de descendants de Louis XIV, puis il fut occupé par Murat sous l'Empire, et enfin, depuis 1874, il est le siège de l'ambassade de France en Italie mais aussi, un an plus tard, de l'École française d'histoire et d'archéologie. L'ambassadeur de France en Italie est certainement le fonctionnaire français ayant le bureau le plus magnifique, la « salle des fastes Farnésiens » ! Si le palais Farnèse avait été acheté par la France en 1911, il fut ensuite loué à l’Italie à partir de 1936, pour 1 lire, quand celle-ci fit jouer son droit de préemption. Je suppose que le loyer est passé maintenant à 1 euro… ce qui, compte tenu de la valeur de la lire et de l’euro, a constitué une augmentation pharamineuse du loyer lequel a été multiplié 1 936,27 fois ! Mais trois fois rien, ne font pas grand-chose. N’oublions pas toutefois que l’entretien du logement revient à son locataire, ce qui, dans le cas présent, n’est pas une mince affaire.

 

Bien que le premier étage soit brillamment éclairé, l’ambassadeur ne semble pas nous attendre et la porte est soigneusement close. Ou peut-être sommes-nous devenus « persona non grata » auprès du représentant de la France après nos échanges peu amènes de l’après-midi avec son collègue ambassadeur près de la FAO ? [2] Nous en sommes donc quittes pour admirer, mais de très loin, de la place, le plafond du salon d’Hercule et les murs de la salle des Fastes Farnésiens. 

 


[1] Stendhal. « Promenades dans Rome ». 1829.

[2] Note d’Itinérances – Trastevere - Entre prisons et ONG internationales

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