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Notes d'Itinérances
3 février 2021

Regola - Le quartier du palais Farnese (4/13). Palais Farnèse - Exposition « De la Renaissance à l’Ambassade de France ».

Faire revivre les grandes heures de la collection Farnèse – Un pari un peu fou mais remarquable d’intelligence politique

 

 

Du 16 décembre 2010 au 10 avril 2011, le Palais Farnèse s’est ouvert au public de façon tout à fait exceptionnelle pour une exposition qui visait à recréer les fastes du palais sous les Farnèse : « Palais Farnèse – De la Renaissance à l’Ambassade de France ». C’était une initiative de l’ambassadeur de France à Rome lequel, devant « l'Hercule Farnèse » exposé au Musée archéologique de Naples, avait imaginé remettre dans les murs du palais romain la plus grande collection d’art de la Renaissance d’Alexandre Farnèse et de ses descendants.

 

Les musées napolitains, principaux détenteurs de la collection Farnèse, mais aussi le Louvre, le Prado, Chambord, le musée de la Renaissance d'Ecouen, le Chrysler Museum, les Offices de Florence, les galeries de Parme et de Bologne, le musée des Beaux-arts de Budapest, le Quirinal, le Vatican ou la Royal Library, ont tous joué le jeu et accepté de prêter des œuvres dont ils sont désormais dépositaires. Peu d’œuvres manquent finalement à l'appel ; exceptions : « l'Hercule Farnèse », « l'Hercule latin » et les deux « Flore Farnèse », quatre œuvres monumentales qui sont désormais trop fragiles pour faire le voyage. Un jeu de lumières en 3D fera néanmoins revivre leur présence dans la cour du palais. 

 

Ce sont en tout 150 œuvres qui sont retournées au palais Farnèse, en lieu et place où elles étaient exposées sous les Farnèse autant que faire se pouvait et, cerise sur le gâteau, la galerie des Carrache a été rouverte au public.

 

On imagine la montagne de difficultés qu’il fallut résoudre ! D’une part, les conservateurs des musées apprécient généralement assez peu de prêter « leurs » œuvres, sauf s’ils arrivent à organiser des réciprocités. Ce n’est évidemment pas le cas ici, le palais Farnèse n’ayant rien à offrir en retour ; ses œuvres d’art sont peintes sur ses murs et ses plafonds ! D’autre part, le palais Farnèse n’est pas un musée, mais un bâtiment administratif où rien n’est prévu pour l’exposition et la conservation d’œuvres d’art (circulation, climatisation, sécurité). Et comme bâtiment administratif, il convenait aussi que ses activités puissent se poursuivre, pas question de tout arrêter dans la gestion des affaires franco-italiennes sous prétexte que les bureaux étaient envahis par des visiteurs. Enfin, il y avait une dernière difficulté : qui de la France ou de l’Italie devait offrir sa garantie aux assurances ? Le palais Farnèse est certes propriété de l’État italien, mais il est loué à la France pour y établir son ambassade et bénéficie donc, comme tel, du privilège de l’extraterritorialité.

 

Cette initiative de l’ambassade de France est remarquable à plus d’un titre. 

 

D’une part elle permet aux Romains, en particulier, et aux Italiens, en général, de visiter une des perles de leur trésor artistique national. Certes, il en est aussi à Paris que nous prêtons à des États étrangers ; par exemple, l’ambassade d’Italie à Paris occupe l'hôtel de La Rochefoucauld-Doudeauville construit en 1732 et comporte quelques œuvres d’art. Mais cet échange de bons procédés entre la France et l’Italie est sans commune mesure avec le palais Farnèse dans lequel sont intervenus les plus grands artistes italiens. Imaginez une partie du Louvre ou le petit Trianon occupés par les services d’un État étranger ! 

 

Mais d’autre part, elle signe une vision large et intelligente de la coopération internationale qui ne saurait être qu’économique. S’il est essentiel que la France conserve une activité économique dynamique, dans des domaines de pointe, pour assurer son propre développement économique et social, la structuration mondiale est désormais multipolaire, avec l’émergence de nouvelles puissances. Ce n’est pas avec l’économie stricto-sensu que la France pourra conserver une position internationale de premier plan, encore moins avec sa puissance militaire de second ordre depuis au moins un demi-siècle. La richesse de la France, c’est sa culture passée et actuelle, ses artistes célèbres comme émergents. C’est cette richesse que nous avons à offrir dans le respect des particularités et différences des autres cultures du monde.

 

Le succès fut au rendez-vous, l’exposition accueillit 200 000 visiteurs en quatre mois. Visiteurs dont nous ne fûmes finalement pas malgré la réservation des places, mon épouse s’étant cassé la cheville quelques jours avant notre départ.

 

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