Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Notes d'Itinérances
11 janvier 2015

Entre Toscane du Sud et Ombrie (1/22). Montepulciano, une petite Florence au Sud de Sienne.

Montepulciano hésite entre Florence et Sienne - Avant de rejoindre Florence !

 

 

 « Toutes les petites villes d’Italie, entre la Marine de Pise et l’Apennin, sont d’abord à peu près pareilles. L’instinct de la défense les a perchées sur la colline : de là-haut, elles ont l’œil ouvert sur la vallée ; et les tours portent le regard des villes. Mille et deux mille ans veillent avec elles ; leurs murailles, parfois, sont plus vieilles que l’histoire : la citadelle, au point d’eau ; et les créneaux courent en grecque sur le mur d’enceinte. A la cime du pays, en fer de lance, le Dôme avec son campanile » [1].

 

Montepulciano ne faillit pas à cette règle. Elle a planté ses remparts sur le Monte Politianus qui culmine bravement à 600 mètres et domine la vallée de la Chiana, ce grand axe de communication Nord / Sud de l’Italie où passait la Via Tiburtina, suivie depuis par les voies de chemin de fer et l’autoroute. La ville est entourée du doux vallonnement des collines sur lesquelles alternent des cultures d’oliviers sagement alignées, de vignes en rangs serrés et de blé, gardées de-ci de-là par les sentinelles de cyprès sombres rangées comme pour la parade.

 

 « Véritable bijou de guerre d'une joliesse féroce, serti dans ses remparts d'un dessin net comme un relief de géométrie » [2].

 

Objet de convoitise de la part de ses puissantes voisines, Sienne et Florence, les Poliziani choisirent l’alliance avec Florence en 1202, ce qui leur valut quelques déboires : destruction et occupation par les Siennois en 1252, puis Florence en 1254, et Sienne en 1260. Montepulciano sera annexée à la République de Florence en 1511.

 

Tout, ici, rappelle la Renaissance toscane même si c’est avec moins de luxe et d’ostentation qu’à Florence, mais avec tellement plus d’humanité et de douceur.

 

L’église San Agostino date du début du XVe. La façade, surmontée d’un fronton triangulaire, est découpée en trois étages par des corniches. Ces étages sont inégaux de taille, du plus grand en bas, au plus petit en haut, pour accentuer l’effet de perspective. L’étage inférieur est décoré de pilastres à cannelures surmontés de chapiteaux corinthiens. Ce motif est repris à l’étage supérieur, entourant un oculus. L’ensemble répondrait totalement aux canons de la Renaissance si l’étage médian ne comportait des décorations d’influence gothique : quatre grandes niches surmontées d’arcs brisés, des pilastres terminés en pinacles aigus et une moulure de forme brisée, enrichie de motifs floraux, entourant l’arc en plein cintre du portail. Dans la lunette de l’arc, une œuvre en terre cuite représentant la Vierge à l’enfant entre Saint-Jean et Saint-Augustin. L’église San Agostino est une œuvre de Michelozzo di Bartollomeo Michelozzi (1396 / 1472) qui deviendra l’architecte de Cosme Ier, de Médicis.

 

C’est à ce titre qu’il aurait également participé à l’édification du Palazzo Comunale de Montepulciano, une réplique (en plus petit toutefois !) du Palazzo Vecchio de Florence. Il construira le palais Médicis de Florence (1444 / 1459), de forme cubique, à la façade percée d’ouvertures symétriques, agrémentée de bossages en rez-de-chaussée, surmontée d’une corniche fortement saillante et avec une cour intérieure entourée d’arcades, ce qui deviendra le modèle des palais de la Renaissance florentine.

 


[1] André Suarès. « Voyage du Condottiere ». 1932.

Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 989 201