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Notes d'Itinérances
18 septembre 2017

Le rione Colonna, au coeur de Rome (2/13). Le Panthéon conserve de beaux restes malgré les outrages subis.

Un monument soigneusement pillé de ses attributs prestigieux - Honneur aux gloires nationales !

 

Rome Colonna Panthéon et fontaine 4

C'est le monument le mieux conservé de la Rome antique [1] car il a été utilisé comme lieu de culte chrétien dès le VIIe siècle, ce qui lui a évité quelques désagréments sans les éviter tous. 

« Le plus beau reste de l’antiquité romaine, c’est sans doute le Panthéon ; ce temple a si peu souffert, qu’il nous apparaît comme aux Romains. En 608, l’empereur Phocas (…) donna le Panthéon au pape Boniface IV, qui en fit une église. Quel dommage qu’en 608 la religion ne se soit pas emparée de tous les temples païens ! Rome antique serait presque debout toute entière »[2].

La richesse de sa décoration a quand même pâti de la convoitise des papes qui utilisèrent les marbres de ses façades pour leurs palais et églises, ainsi que les ornements de bronze du fronton, vraisemblablement un grand aigle aux ailes déployées et les étoiles qui décoraient le dôme. Les bronzes furent fondus pour réaliser le baldaquin de Saint-Pierre. Suite à la commande du pape Urbain VIII Barberini (1623 / 1648) au Bernin, le Panthéon fut affublé de deux « mauvais clochers » [3], placés à chacune des extrémités du fronton. Ces ajouts ne contribuèrent pas à la gloire du Chevalier puisque les Romains les surnommèrent « les oreilles d’âne du Bernin ». Les deux clochetons furent détruits en 1882, mais on peut facilement en trouver des illustrations. Le Panthéon est la plus grande coupole de l’antiquité : 43m. Elle resta la plus grande au monde jusqu’à la construction de la coupole de Brunelleschi pour la cathédrale de Florence, en 1436, soit pendant un millénaire et demi, ce qui n’est pas rien. Si Sainte-Sophie de Constantinople est un plus vaste que le Panthéon, sa coupole centrale ne mesure « que » 31m. Sa réalisation est une véritable prouesse technique : elle a été coulée en béton, un mélange de chaux et de sable, auquel était ajouté un granulat composé, à la base de la coupole, de briques concassées, puis dans une seconde couronne de tuf et de brique concassée, enfin en pierre ponce et tuf au centre. L’ouverture centrale, de 9m, permet l’éclairage de la salle, allège et renforce le dôme.

Notre coutume de placer les « Grands Hommes » dans des monuments prestigieux est issue de l’utilisation du Panthéon comme tombeau à la Renaissance : Raphaël (1487 / 1520) en premier et selon ses dernières volontés. Son corps a été placé dans un sarcophage antique sur lequel est inscrit : « Ci-gît Raphaël, à sa vue la nature craignit d’être vaincue ; aujourd’hui qu’il est mort elle craint de mourir. ». Puis y ont été inhumés, près du maître, ses élèves Baldassare Peruzzi (1481 / 1536) et Perin del Vega (1501 / 1547), les peintres Giovanni da Udine (1487 / 1564), Taddeo Zuccari (1529 / 1566) et Annibale Carracci (1560 / 1609). Ce matin-là, pas moyen d’approcher du sarcophage, non pas que la foule soit si dense, mais parce qu’une équipe de techniciens entretien et répare, centimètre carré par centimètre carré, le dallage antique. Les rois Vittorio Emanuele II (1878), Umberto 1er (1900) et son épouse, Marguerite de Savoie, y sont enterrés. Les relations des Italiens avec leurs Rois sont ambivalentes, comme les nôtres avec Louis XIV ou Napoléon. Vittorio Emanuele II reste honoré comme père de la Nation et Umberto Ier pour avoir continué son action constitutionnelle. Une garde d’honneur est souvent présente au Panthéon, en uniforme, avec cape sur laquelle sont brodées les armes de la Maison de Savoie : une croix blanche sur fond rouge. Si quelques voix se sont élevées pour transférer les corps de Vittorio Emanuele III et Umberto II au Panthéon, le gouvernement italien n’y a pas donné suite compte-tenu de la compromission de la royauté avec le fascisme et la promulgation des lois raciales [4].

La fontaine de la place a été conçue en 1575 par Giacomo Della Porta à la demande de Grégoire XIII Boncompagni (1502 / 1585) : une vasque de marbre avec un jet d’eau vertical avec quatre masques sur les côtés. En 1711, l'architecte Filippo Barigioni utilisa, sur la commande du pape Clément XI Albani (1649 / 1721), un obélisque trouvé près l'église de San Macuto et qui avait été érigé à Héliopolis par Ramsès II. Il le plaça sur un piédestal avec différentes figures sculptées.


[1] Ouvert tous les jours de 9h à 19h. Désormais payant ! Réservation obligatoire les week-end.

[2] Stendhal. « Promenades dans Rome ». 1829.

[3] L’appréciation est de Stendhal.

[4] Romain Designolle. « Les lois raciales du régime fasciste de Mussolini ». Le petit journal de Rome. 27/01/2014.

Par contre, l’l’Istituto Nazional per la Guardia d’Onore alle Reali Tombe organise des gardes d’honneur pour tous les membres de la Maison de Savoie… y compris Vittorio-Emanuele III et Umberto II !

Liste des promenades dans Rome et liste de la promenade du rionne Colonna

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