Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Notes d'Itinérances
7 mai 2016

Luanda, la perle de l'Afrique (4/26). Luanda, une ville aux visages multiples.

De la petite cité coloniale à la grande ville moderne

 

 

 « C’était bien la baie de Luanda, inversée par la réfraction de la distance, avec la forteresse Saint-Paul tout en haut, des chalutiers, une corvette de la flotte, des dames qui prenaient le thé sous les palmiers et des planteurs qui se faisaient cirer les chaussures tandis qu’ils lisaient leurs journaux aux terrasses des cafés, sous les arcades » [1].

 

Luanda est située face au soleil couchant. La ville s’est  construite à partir de 1575 au fond d’une rade naturelle protégée par un long cordon littoral qui remonte vers le Nord formé par le courant marin de Benguela, un courant froid océanique qui remonte d’Afrique du Sud.

 

Elle est dominée par un rocher sur lequel est construit un fort avec redoutes et échauguettes (fortaleza). Au pied du fort, des maisonnettes colorées s’entassent dans de petites rues étroites. C’est sur ce site que les Portugais ont constitué leur base principale de colonisation, lançant à partir de là des expéditions militaires contre le Royaume kimbundu de Ndongo dans la partie centrale de l’Angola actuel. Ayant finalement ruiné ce royaume, les Portugais ont pu poursuivre leurs conquêtes vers le Nord, au Royaume du Kongo. Le roi du Kongo, Antonio Ier, est tué lors de la bataille d'Ambuíla (Mbwila) en 1665, ses troupes défaites.

 

Puis la ville s’est étendue vers le Nord, dans une série de rues parallèles déterminant ensuite un large boulevard de front de mer, avenida 4 de Fevereiro, ou la « Marginal », aujourd’hui parsemé de palmiers mités. Au long de ces rues se sont établis les grands bâtiments officiels : la poste, jaune, le poste de police, bleu, la banque centrale de style colonial portugais, rose et blanche, le ministère des Affaires étrangères… La fin de la Marginal est marquée par une petite place rectangulaire et son square, le « largo de 4 Fevereiro » où survivent également quelques arbustes et palmiers. Après, c’est le port dont l’entrée est fermée par un grand bâtiment administratif auquel est accolée la tour de la Capitainerie. Le port comporte de vastes docks entourés par des murailles protectrices constituées de containers métalliques empilés sur deux niveaux !

 

Derrière la « Marginal », la ville basse (« Baixa ») où, dans de petites rues, on peut encore admirer quelques exemples de l’architecture coloniale : de petites maisons décorées d’azulejos, ainsi que le « Palais de fer », un bâtiment en fonte du XIXe siècle, sur deux niveaux, avec de fines colonnettes supportant un balcon entourant le premier étage et agrémenté de grilles finement ajourées qui lui donnent une allure de palais arabo-andalou.

 

Enfin, la ville est montée à l’assaut de la falaise qui domine la baie pour s’implanter sur le plateau en direction du Nord-est. Là se sont développées, avant la seconde guerre mondiale mais surtout après, dans les années 50 et 60, des quartiers modernes avec de larges avenues, rua da Missao, avenida Commandante Volodia, rua Ho-Chi-Minh, de grandes places, largo Kinaxixi, largo Lenine, largo 1er de Maio, et de très hauts immeubles de huit, douze étages ou plus.

 

Evidemment, depuis 1975, la ville a beaucoup souffert de la guerre civile, des vagues de réfugiés venus se mettre à l’abri à Luanda et enfin de son occupation par une population souvent d’origine rurale. Les espaces verts ont été occupés par des baraquements divers quand ils ne sont pas devenus des dépôts d’ordures où trainent des carcasses de voitures. Les fenêtres et volets des immeubles sont cassés, les balcons occupés par des constructions parasites, des trous sont percés dans les murs pour y placer des climatiseurs aujourd’hui disparus ou inutilisables, des immondices s’accumulent sur les auvents. Il y a longtemps que les ascenseurs ne fonctionnent plus, l’eau n’est plus distribuée dans les étages et l’électricité est dispensée quelques heures par jour.

 

« D’autres bidonvilles ont fait tâche d’huile autour de la capitale, on les appelle des musseques, terrain sablonneux, un mot d’origine kimbundu qui dit assez la précarité de la construction. On en trouve aussi dans le centre-ville, et même dans le beau quartier d’Alvalade, établis sur d’anciens terrains vagues – partout ou par oubli ou manque d’imagination, on avait laissé des sortes de trous dans le tissu urbain » [2].

 


[1] Antonio Lobo Antunes. « Le retour des caravelles ». 1988.

[2] Complément 2015. Sébastien et Thomas Roy. « Fragments d’Angola ». 2006.

 

Liste des articles sur Luanda, perle de l'Afrique

Télécharger le document intégral

Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 988 537