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Notes d'Itinérances
21 mai 2016

Luanda, la perle de l'Afrique (12/26). Luanda, une ville à l’architecture remarquable.

Un ensemble architectural et urbanistique homogène et très moderne – L’exemple du marché de Kinaxixi

 

 

Aller de la place Kinaxixi au largo de Ambiante en passant par les églises Notre-Dame des Carmes et Notre-Dame des Remèdes ne permet pas seulement d’admirer quelques monuments anciens, il permet également au visiteur de prendre connaissance d’un ensemble unique d’architecture et d’urbanisme modernes.

 

Après la seconde guerre mondiale, l’Angola est devenu pour le Portugal une colonie de peuplement. D’une part, la mère-patrie était alors  un pays pauvre où les jeunes générations ne trouvaient pas d’emploi et, d’autre part, l’Angola était alors riche de ses promesses d’exploitation de son sous-sol et de son agriculture.

 

Même après le début de la guerre d’Indépendance, en 1961, et alors que la vague de décolonisation permettait aux anciennes possessions anglaises, belges ou françaises de devenir des Etats indépendants, le gouvernement Salazariste a tout tenté pour conserver sa colonie notamment par l’extension de l’exploitation des richesses du pays par des compagnies étrangères et l’arrivée massive de nouveaux colons ainsi que par une politique ambitieuse de construction.

 

De ce point de vue, le centre de Luanda est assez remarquable car il offre un espace vaste, homogène, d’architecture et d’urbanisme des années 50 à 70. Il semble que les architectes chargés de l’extension et l’urbanisation de la ville aient été fortement imprégnés à la fois par les idées du Bauhaus (formes rationnelles, standardisation, modularité) comme de celles de Le Corbusier (construction en hauteur et sur pilotis pour libérer de l’espace au sol, toits terrasse, adaptation des bâtiments aux conditions climatiques). Ils étaient également placés dans un contexte très particulier, susceptible d’expliquer la particularité de cette aventure architecturale et urbanistique : un vaste espace disponible dans lequel il n’y avait pas la nécessité de composer avec des bâtiments plus anciens et une organisation de l’espace figée, mais aussi une volonté de rompre avec les mentalités du passé et l’affirmation que l’architecture et l’urbanisme peuvent contribuer à l’émergence d’une société plus ouverte et plus démocratique, en réaction avec le salazarisme finissant.

 

Les immeubles de Luanda utilisent tout le vocabulaire du style architectural dit « international » : zonage du territoire par fonctions, adaptation des bâtiments à leur fonction (travail, habitation, loisir), construction en hauteur, immeubles cubiques sur pilotis, toits-terrasses, espaces verts entre les édifices, avenues avec terre-plein central ou contre-allées, complété par la recherche de l’adaptation aux conditions climatiques, arcades le long des boulevards, galeries extérieures et balcons couverts, coursives, fenêtres horizontales, brise-soleils en façade, claustras, coloration des façades [1].

 

Un des immeubles les plus représentatifs de cette nouvelle architecture est le marché de Kinaxixi (1952, architecte : Vasco Viera da Costa). C’est un long bâtiment, bas, quadrangulaire, dont les fonctions sont le commerce et le loisir. Il comprend six étages dont trois souterrains notamment pour le parking de véhicules, et trois hors sols, totalement climatisés, comprenant un marché de produits frais, des magasins, des salles de cinéma et un espace d’activités pour enfants. La modernité et la révolution architecturale que représente le marché Kinaxixi s’apprécient d’autant mieux quand on le compare à l’immeuble de la Banque Nationale de l’Angola inaugurée en 1956 ! Ce dernier apparaît totalement archaïque avec sa décoration de colonnes, de fronton, d’acrotères et de colonnettes !

 

Les autres œuvres marquantes de cette période sont notamment les tours de la BPC (1950) et de la Sonangol (1950), le ministère de l’urbanisme (1950), l’église de la Sagrada Familia (1964) ou l’hôtel Présidente-Méridien (1971). Non seulement ces différentes œuvres sont chacune intéressantes pour elles-mêmes dans le mouvement historique de l’architecture, mais l’ensemble des constructions réalisées constitue une composition importante, cohérente et, en conséquence, un exemple d’urbanisme contemporain d’une grande ville qui est assez unique.

 


[1] A lire le blog de Cuca Freches et la thèse de Maria Alice Vaz de Almeida Mendez Correia. « O patrimônio de movimento moderna – Luanda 1950 / 1975 ». Universidade de São Paulo. 2012. Depuis les années 2000, les Luandais prennent conscience de l’intérêt du patrimoine architectural de leur ville désormais gravement menacé par les promoteurs immobiliers. Trop tard pour le marché de Kinaxixi ! (note de 2015).

 

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Commentaires
L
Bonjour, <br /> <br /> Pouriez vous m´aider a trouver cette image du centre de Luanda en qualité superieure (1500 pixels minimum) et acceder aux droits de reproduction pour publier dans un livre d´urbanisme avec une université au Royaume Uni? <br /> <br /> Merci!<br /> <br /> Laura Miani
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