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Notes d'Itinérances
4 juin 2016

Luanda, la perle de l'Afrique (19/26). Vivre à Luanda.

Une circulation démentielle - La ville la plus chère du monde

 

 

Pour un pays ruiné par la guerre et pour une ville dont il est quasiment impossible de sortir car la sécurité n’est plus alors assurée, des bandes armées rôdant aux alentours, le trafic automobile est complètement fou, avec des embouteillages quasi permanents. D’où viennent toutes ces voitures ? Il se raconte que les pilotes de l’armée gouvernementale, démobilisés après les accords de paix, ont exigé une voiture comme dédommagement quand les autorités leur ont demandé de réintégrer l’armée lors de la reprise du conflit. Mais cela n’explique pas tout, car les experts étrangers estiment que les forces gouvernementales comptaient quatre-vingt appareils de combat dont la moitié seulement était en état de voler ! Mais il se dit aussi que les cadres du MPLA possèderaient deux ou trois voitures de fonction qu’ils revendraient au marché noir.

 

« Tu sais, j’ai bien réfléchi. Tous ceux qui sont ou ont été responsables sont en train de faire leur beurre. Un peu par-ci, un peu par-là. Par exemple, Samuel, tu connais, a fait mettre au rancart toutes les voitures du ministère. Il s’en est attribué cinq tout de suite, puis en a donné une à chaque directeur, façon de leur fermer le clapet. Bisnaga, lui, a mis la main sur toute une série de camions miliaires et a monté une entreprise privée formidable » [1].

 

L’état de la chaussée pleine de trous ne facilite évidemment pas la fluidité du trafic mais les conducteurs luandais sont particulièrement indisciplinés. Aux carrefours, c’est à celui qui jouera au plus malin, sans respecter les priorités ni même essayer de chercher des solutions plus efficaces quitte à laisser passer d’autres véhicules.

 

Enfin, pendant la période de troubles liée à la reprise des affrontements armés dans Luanda après la défaite de l’UNITA aux élections de 1992, tous les panneaux de signalisation ont disparu, utilisés à d’autres fins ou revendus au poids et transformés. Mais la disparition des panneaux de sens interdit, d’interdiction de tourner à droite, ou à gauche, d’interdiction de stationner, n’ont pas pour autant fait disparaître l’interdiction ! Simplement, chaque conducteur doit connaître toutes les interdictions, autorisations et priorités de la voierie sous peine d’être menacé d’une contravention… autre manière d’obtenir un bakchich pour les policiers.

 

La ville de Luanda est souvent citée comme étant une des plus chères du monde, sinon la plus chère. Par exemple, les prix des appartements et des loyers sont très semblables à ceux des grandes métropoles européennes pour des conditions de confort évidemment très inférieures. Dans les petites annonces de location on ne précise pas « Endroit très calme » ou « Vue imprenable », mais « Eau » ou « Générateur électrique » qui sont les services les plus précieux car la ville ne les assure plus régulièrement. Il est donc préférable de louer un logement qui dispose d’un réservoir d’eau afin de la stocker, mais aussi de son propre générateur électrique dont les trottoirs sont parfois encombrés de monstres de la taille d’un camion.

 

Une petite vie culturelle est maintenue, coûte que coûte, par l’intelligentsia luandaise, expositions de peintres locaux, signatures d’ouvrages dont l’écrivain angolais le plus connu, Pepetela, conférences et spectacles organisés notamment au théâtre Elinga, une ancienne école portugaise, toute rose, située non loin de la poste centrale, toute jaune, et du commissariat central, tout bleu. Ce soir, nous participons à une soirée musicale « sixties », l’information se transmettant de bouche à oreille. Elle se déroule dans un bar de la Baixa occupant la cour d’un immeuble qui longe la baie. Le prix d’entrée est de 20 dollars, soit plusieurs millions de kwanzas, ce qui n’est pas à la portée de toutes les bourses. Le public est issu de la bourgeoisie luandaise, des cadres du parti et de l’Etat, ainsi que des expatriés qui travaillent dans les entreprises étrangères et les services des ambassades. Des orchestres se succèdent sur l’estrade reprenant des chansons de Claude François, Ray Charles et des rengaines populaires portugaises. L’assistance, chantonne et reprend les refrains en chœur.

 

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