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Notes d'Itinérances
27 juillet 2023

Pinciano - Le parc Borghese (7/12). Les statues du Bernin de la Galerie Borghese.

Le « Rapt de Proserpine » - « Apollon et Daphné » - « David »

 

 

Mais impossible de voir les Caravage de la Villa Borghese sans admirer les autres richesses accumulées ici. Par exemple la magnifique « Vénus Victrix » d’Antonio Canova (1757 / 1822), bien qu’un peu froide, et pas seulement parce qu’elle est en marbre ! Canova maîtrisait parfaitement le travail du marbre mais sa Pauline Borghese, même très dénudée, est moins troublante que les saintes Thérèse d’Avila (église Santa Maria della Vittoria) ou Ludovica (église San Franceso a Ripa) du Bernin pourtant fort décemment vêtues.

 

La Villa Borghese possède aussi son lot d’extraordinaires sculptures du Bernin (1598 / 1680), le « Rapt de Proserpine », « Apollon et Daphné », son « David », le « Buste du cardinal Scipion Borghese », ainsi que la maquette de la statue équestre de Louis XIV. 

 

Le « Rapt de Proserpine » est un sujet tiré des Métamorphoses d'Ovide dans laquelle Pluton (l’Hadès des Grecs, Dieu des enfers) enlève sa nièce Proserpine (Perséphone pour les Grecs). Les Dieux grecs n’étaient pas très regardants sur les questions d’inceste. La composition, en spirale, accentue le mouvement et montre la violence de l’action, l’empreinte des mains du Dieu dans la chair de Proserpine, sur la taille et la cuisse, souligne la lutte et le drame qui se joue. Il ne représente pas une scène symbolique mais bien un acte de violence.

 

« Chez Bernin, le ravisseur creuse de sa poigne avide la chair de sa victime : c’est un viol capté dans le marbre. (…) Le Vulcain de Bernini (…) est tout entier pulsion et désordre érotique » [1]

 

Le sujet d’« Apollon et Daphné » est également extrait des Métamorphoses d’Ovide. La nymphe Daphné, fille du Dieu Fleuve Pénée, est poursuivie par les assiduités du jeune Apollon. Elle s’enfuit, mais est rattrapée par le Dieu (photo). Elle supplie alors son père de l’aider et celui-ci la transforme en arbre, en laurier. C’est pourquoi Apollon est associé au laurier et les généraux vainqueurs ceignaient sur leur front une couronne de laurier. Le Bernin capte le moment où Apollon enlace Daphné, mais progressivement, celle-ci devient arbre : déjà ses jambes s’entourent d’une écorce, ses cheveux et ses mains se transforment en feuilles. La main d’Apollon, au lieu de se poser sur la hanche de la jeune fille, ne rencontre plus qu’une écorce d’arbre. La maîtrise de la matière par Le Bernin est remarquable par la finesse de son exécution, mais plus encore sa maîtrise du mouvement.

 

« Les contours des corps, la beauté des airs de tête, et surtout les expressions, sont pareillement merveilleuses, dans l’une la crainte ; dans l’autre la surprise. Cet ouvrage, l’un des meilleurs du Bernin, est de la première classe parmi les modernes »

 

A quoi le Président De Brosse, comte de Tournay (1709 / 1777), nourrit du clacissisme français et peu sensible aux subtilités du style baroque, ajoute : 

 

« Avec tout cela, je m’en tiens toujours à ce j’ai dit plus haut de cet artiste ». A savoir, « Le Bernin excelle dans les ouvrages où il faut de la mollesse et de la délicatesse. Mais son goût maniéré est bien loin de la fierté, du grand goût et de la noble simplicité de l’antique » [2].

 

Il est intéressant de mettre en relation le David du Bernin (1624) avec celui de Michel-Ange (1504). Le David de Michel-Ange apparaît comme un homme jeune, sûr de sa force, presque serein avant le combat ; celui du Bernin, semble plus jeune, un adolescent, déjà dans l’action en préparant sa fondre, concentré et tendu. Si la statue de Michel-Ange n’est pas statique par le déhanchement et la torsion du corps vers la gauche, celle du Bernin est toute en mouvement avec une torsion totale du corps autour de l’axe de la jambe droite, les membres étant positionnés dans une spirale ascendante. 

 

Les deux statues, le « Rapt de Proserpine » et « Apollon et Daphné » sont également réalisées selon ce principe où les corps en mouvement des différents personnages se positionnent selon une spirale ascendante.

 


[1] Dominique Fernandez. « La perle et le croissant ». 1995.

[2] Charles De Brosses. « Lettres d’Italie ». 1740.

 

Liste des promenades dans Rome et Liste des promenades dans le quartiere de Pinciano 

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