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Notes d'Itinérances
5 mars 2017

Grèce antique (3/18). Rencontre avec Thésée sur l’Acropole.

Thésée et le Minotaure – Le désespoir du vieil Egée

 

 

Bien qu’elle fut régulière au lycée, ma fréquentation de l’Acropole est aujourd’hui un peu ancienne et mes souvenirs me réservent donc quelques surprises : je ne me souvenais pas que l’Acropole était si élevé au-dessus de la plaine d’Athènes et en suis surpris. Je croyais aussi les caryatides situées plus près du Parthénon et ne me souvenais pas qu’elles constituaient un élément d’un ensemble complexe de plusieurs temples.

 

Enfin, en relisant le guide touristique, force est d’admettre que Pépito, comme les vignettes collées dans nos cahiers, nous avaient soigneusement caché un élément-clef : les Grecs peinturluraient leurs statues et leurs monuments ! Ainsi donc, il faudrait imaginer les frontons des Propylées et du Parthénon sur fond bleu d’azur, des métopes rouges, et peut-être même, suprême ignominie, les colonnes étaient-elles peintes ! Est-ce possible ?

 

« Comme je ne savais pas que les anciens Grecs avaient la déplorable habitude de peindre leurs statues, j’avais associé leur art à la lumière, tandis que la peinture byzantine me paraissait issue de l’ombre » [1].

 

En accédant à l’Acropole, à droite, un bastion soutient le petit temple d’Athéna Nike, c’est à dire Athéna représentant la victoire. C’est de là qu’Egée, roi d’Athènes, s’est jeté dans le vide en voyant le navire à voile noire de son fils, Thésée. Thésée, était un adolescent intrépide dont les réseaux sociaux avaient déjà à maintes reprises vanté les exploits dans sa lutte contre coupe-jarrets, détrousseurs, apôtres de l’ultraviolence et asociaux divers, l’un qui assommait de sa massue les voyageurs, l’autre qui les catapultait dans les airs, un sadique qui découpait ou rallongeait les corps de ses victimes quand un autre les précipitait dans la mer ! Bref, c’est grâce à lui que désormais la maréchaussée n’avait plus à traiter que des affaires mineures entre Athènes et Corinthe, accidents de la circulation, petites incivilités et chiens écrasés.

 

A la suite de ces prouesses, plus quelques autres réalisées localement, à Athènes et dans sa banlieue, Thésée s’était porté volontaire pour faire partie du groupe de sept jeunes gens et sept jeunes filles qui était envoyé en Crète, tous les neuf ans, auprès du Roi Minos lequel les livrait au Minotaure, un monstre que l’on disait anthropophage, à corps humain et à tête de taureau [2] ! Il n’est pas impossible que le héros, et ses laudateurs, n’en aient pas un peu rajouté à ce sujet et qu’ils aient matérialisés ainsi des combats plus intérieurs que physiques, celui de l’individu placé dans une situation exceptionnelle qui doit dépasser ses peurs et ses pulsions, vaincre sa nature animale pour effectuer sa tâche d’homme. On ne le saura jamais, le rapport de la commission d’enquête nommée après le décès dudit Minotaure étant resté très flou à ce sujet.

 

Bref, après avoir « tué le Minotaure », ou sa représentation, Thésée devait signaler son retour triomphal à Athènes en arborant des voiles blanches sur sa goélette. Las, dans la joie de la victoire et du retour, il oublia le changement de voile et le vieil Egée, désespéré par ce signal lui annonçant la mort de son fils, se jeta sur les rochers de l’Acropole. Pour éviter toute nouvelle méprise, s’approcher du bastion du temple d’Athéna Niké est aujourd’hui défendu par une barrière qui en interdit l’accès à tous visiteurs, même royaux.

 

Après cette tragédie familiale, Thésée succédera néanmoins à son père Egée et fondera la nouvelle communauté urbaine d’Athènes en réunissant les douze communes d’Attique. Dans ses nouvelles fonctions de Président de l’établissement public de coopération intercommunale, il eut le courage d’accueillir Œdipe chassé de Thèbes comme un paria après la réalisation de la terrible prédiction selon laquelle il tuerait son père et se marierait avec sa mère. Encore une tragédie familiale ! On imagine Œdipe, âgé et aveugle, montant péniblement sur l’Acropole par la voie sacrée, la main sur l’épaule d’un jeune garçon qui le guide, pour venir se chauffer au soleil sur les remparts cyclopéens, le visage aux yeux morts tourné vers la mer.

 


[1] Vassilis Alexakis. « La langue maternelle ». 1995.

[2] Je passe sur les détails pour le moins scabreux concernant la conception du Minotaure, fruit des amours de Pasiphaé, femme du roi de Crête Minos, et d’un taureau au pelage blanc envoyé par le dieu de la Mer, Poséidon.

 

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